Etats-UnisInterdiction de TikTok : feu vert de la Chambre des représentants
ATS
13.3.2024 - 15:50
La Chambre américaine des représentants a adopté mercredi une proposition de loi qui prévoit l'interdiction de TikTok aux Etats-Unis si le réseau social ne coupe pas les liens avec sa maison mère ByteDance et plus largement avec la Chine.
13.03.2024, 15:50
13.03.2024, 17:05
ATS
C'est un développement majeur pour la plateforme, qui ne semblait pas menacée il y a encore quelques jours. L'issue du vote à venir au Sénat reste toutefois incertaine, car des personnalités de premier plan s'opposent à une mesure aussi radicale à l'encontre d'une application extrêmement populaire.
TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines. De nombreux responsables estiment en effet que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d'espionner et de manipuler ses 170 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis.
La société a nié à plusieurs reprises avoir transmis des informations aux autorités chinoises et assuré qu'elle refuserait toute requête éventuelle en ce sens.
«Questions légitimes»
Le texte de loi, adopté à une large majorité de 352 voix sur 432 élus, «n'interdit pas TikTok», a fait valoir le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, qui a voté en faveur de la proposition.
«Il vise à apporter des solutions à des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec un réseau social», a-t-il expliqué dans un communiqué.
«Laisser TikTok continuer à opérer aux Etats-Unis alors qu'il est sous le contrôle du Parti communiste chinois est simplement inacceptable», a de son côté commenté l'ancien vice-président républicain Mike Pence dans un communiqué.
Avant le vote, Pékin avait fait savoir qu'une interdiction saperait «la confiance des investisseurs internationaux» et reviendrait, pour la première puissance mondiale, à «se tirer une balle dans le pied». Elle avait fustigé les «intimidations» à l'encontre de TikTok.
Obligation de vendre TikTok
Le président américain Joe Biden a déclaré qu'en cas d'adoption au Sénat, il promulguerait ce texte connu officiellement sous le nom de «Loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers».
La proposition de loi obligerait ByteDance à vendre l'application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d'applications d'Apple et de Google aux Etats-Unis. Elle donnerait aussi au président américain le pouvoir de désigner d'autres applications comme une menace pour la sécurité nationale si elles sont contrôlées par un pays jugé hostile aux Etats-Unis.
Surprise
Plusieurs Etats et le gouvernement fédéral ont interdit l'utilisation de l'application sur les appareils officiels des fonctionnaires, invoquant des risques pour la sécurité nationale.
La reprise de l'offensive de Washington contre TikTok a surpris l'entreprise, selon le Wall Street Journal. Les dirigeants de TikTok avaient pourtant été rassurés par l'arrivée le mois dernier sur la plateforme de Joe Biden dans le cadre de sa campagne pour un second mandat.
Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, se trouve à Washington, où il tente d'obtenir des soutiens pour bloquer le projet de loi. «Cette dernière législation, adoptée à une vitesse sans précédent sans même avoir bénéficié d'une audience publique, pose de sérieux problèmes constitutionnels», a écrit l'un des vice-présidents de TikTok, Michael Beckerman, dans une lettre aux défenseurs du projet de loi.
Opposition de Trump
Donald Trump a opéré un revirement en affirmant lundi qu'il était opposé à une interdiction, principalement parce qu'elle renforcerait Meta, le propriétaire d'Instagram et de Facebook, qu'il a qualifié d'"ennemi du peuple".
En 2020, l'ancien président américain avait pourtant tenté d'arracher le contrôle de TikTok à ByteDance avant d'en être empêché par les tribunaux américains. M. Trump a réfuté les accusations selon lesquelles il aurait changé de discours parce qu'un investisseur majeur de TikTok, Jeff Yass, avait menacé de ne plus contribuer au financement de campagnes électorales de républicains.
Liberté d'expression
D'autres tentatives d'interdiction de TikTok ont également échoué, un projet de loi proposé il y a un an n'ayant pas abouti, principalement en raison de préoccupations liées à la liberté d'expression.
Quant à la proposition actuelle, «c'est un texte trop général, qui ne va pas résister à l'examen du premier amendement» à la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression, a réagi l'élu démocrate à la Chambre Ro Khanna.
Une loi adoptée en mai par l'Etat du Montana (nord-ouest) pour interdire la plateforme avait été suspendue par un tribunal fédéral en novembre au motif qu'elle violait les droits constitutionnels en matière de liberté d'expression.
«L'autre problème est que beaucoup de gens gagnent leur vie avec cette plateforme» aux Etats-Unis, a ajouté Ro Khanna devant des journalistes.