Vieilles de 7 ansIrak: cinq bombes de l'EI retrouvées dans une emblématique mosquée
AFP
29.6.2024
Dissimulées il y a sept ans par le groupe Etat islamique (EI), cinq bombes ont été découvertes dans un mur de la mosquée al-Nouri, joyau du patrimoine de l'Irak en cours de restauration dans la métropole de Mossoul, a indiqué l'Unesco à l'AFP.
AFP
29.06.2024, 10:50
29.06.2024, 10:51
Megane Bochatay
«C'est vraiment un dispositif massif, conçu pour faire tomber intégralement la mosquée», a précisé vendredi soir l'agence onusienne, interrogée par l'AFP.
Mais «la situation est totalement sous contrôle, il n'y a pas de risque pour la population aux abords, et les engins explosifs devraient être démantelés dans les prochains jours.»
La mosquée et son minaret du XIIe siècle --surnommé par les habitants «la bossue» (Al-Hadba) car légèrement penché-- avaient été détruits en juin 2017: l'armée irakienne, en passe de reprendre tout Mossoul, avait accusé l'EI d'avoir placé des explosifs dans ce joyau de la vieille ville.
La découverte des «cinq engins non explosés» est intervenue mardi, «à l'intérieur du mur Sud de la salle de prière», a précisé l'Unesco, chacun contenant une charge explosive de 1,5 kg.
«Un a été désamorcé, mais les quatre autres sont reliés entre eux et n'ont pas encore été désamorcés à ce stade», souligne l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.
Interrogé par l'AFP, le général Tahseen Al Khafaji, porte-parole du Commandement des opérations conjointes des forces de sécurité irakiennes, a confirmé la découverte «de plusieurs engins explosifs de l'EI dans la mosquée al-Nouri.»
«Les démineurs de la province de Ninive (à laquelle appartient Mossoul) ont fait appel à leurs confrères du ministère de la Défense, en raison de la fabrication complexe» des bombes, a-t-il souligné.
Par mesure de sécurité, le chantier a été suspendu jusqu'à ce que les bombes soient neutralisées.
Les explosifs ont été retrouvés au moment où les équipes sondaient le mur en prévision de travaux de démantèlement et de reconstruction du Mihrab, la niche indiquant la direction de la Mecque.
«Le mur avait été démonté. L'EI a placé les explosifs et a remonté le mur, jusqu'à faire les finitions», selon l'Unesco.
«Dernière ligne droite»
C'est depuis la mosquée d'Al-Nouri qu'Abou Bakr Al-Bagdadi, alors chef de l'EI, avait proclamé son «califat» lors de sa seule apparition publique, en juillet 2014. Les jihadistes enchaînaient alors les conquêtes territoriales, en Irak et en Syrie voisine.
Au prix de batailles meurtrières et dévastatrices, l'EI sera finalement mis en déroute en Irak en 2017, les forces de sécurité bénéficiant de l'appui militaire d'une coalition internationale emmenée par Washington.
La mosquée Al-Nouri tient son nom de Noureddine al-Zinki, l'unificateur de la Syrie qui régna également un temps sur Mossoul et ordonna sa construction en 1172. Elle a été détruite et reconstruite en 1942 dans le cadre d'un projet de rénovation.
Al-Hadba, qui a conservé sa structure pendant 850 ans, était un des seuls vestiges du bâtiment d'origine.
Les travaux de restauration, financés par des fonds émiratis, doivent en principe être achevés en décembre 2024.
«On est vraiment dans la dernière ligne droite (...) et les stigmates de Daech devraient enfin être totalement effacés du site Al-Nouri», selon l'Unesco.
Le minaret antique --qui restera penché à la demande de la population-- doit être reconstruit avec notamment 45.000 briques en terre cuite sauvées des décombres --soit un tiers seulement de la structure originelle.
Les équipes du chantier d'Al-Nouri n'en sont pas à leur première surprise --même si en janvier 2022 c'est une heureuse découverte qu'il leur avait été donné d'effectuer: des fouilles ont permis de retrouver sous terre une ancienne salle de prière, datant du XIIe.