La diplomatie américaine a ordonné mercredi à son personnel diplomatique non-essentiel de quitter l'ambassade de Bagdad et le consulat d'Erbil (nord). Cette décision est motivée par «une menace imminente» en «lien direct avec l'Iran», selon de hauts responsables.
Cette menace «est réelle», a dit l'un de ces responsables du département d'Etat américain. Il a évoqué notamment la responsabilité de «milices irakiennes sous commandement et contrôle des Gardiens de la Révolution iraniens», l'armée idéologique de la République islamique.
«Il s'agit d'une menace imminente contre notre personnel», a-t-il insisté devant quelques journalistes à Washington. Prié de dire si Téhéran était impliqué dans ces menaces, un autre responsable a répondu: «C'est directement lié à l'Iran, de multiples flux de menaces en lien direct avec l'Iran».
Les responsables américains ont assuré que leur décision n'était en revanche pas motivée par une action militaire imminente des Etats-Unis contre l'Iran ou ses groupes alliés dans la région. Selon le premier d'entre eux, «chaque contact» qu'il a eu avec des membres du gouvernement «indique qu'il n'y a absolument aucune volonté ou intérêt pour un conflit militaire avec quiconque».
«Flux de menaces accrus»
Dans une alerte de sécurité, le département d'Etat a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi avoir donné l'ordre de partir au personnel américain gouvernemental non essentiel de l'ambassade à Bagdad ainsi que du consulat à Erbil, au Kurdistan irakien. Il a dans un premier temps invoqué le «flux de menaces accru», sans plus de précisions.
Washington a fait monter la pression sur Téhéran ces derniers jours, accusant la République islamique de préparer des «attaques» contre les intérêts américains au Moyen-Orient et renforçant la présence militaire américaine dans le Golfe.
«Les services habituels de visa dans les deux postes sont temporairement suspendus», ajoute l'avis. «Le gouvernement américain a une capacité limitée pour fournir des services d'urgence aux citoyens américains en Irak», précise-t-il.
Le département d'Etat prévient aussi, dans un avis déconseillant aux voyageurs de se rendre en Irak, que «de nombreux groupes terroristes et rebelles sont actifs en Irak et attaquent régulièrement les forces de sécurité irakienne comme les civils». «Des milices confessionnelles anti-américaines peuvent également menacer les citoyens américains et les compagnies occidentales dans tout l'Irak».
Washington avait fermé fin septembre son consulat à Bassorah en invoquant des «menaces» émanant de l'Iran après des manifestations meurtrières dans la grande ville du sud de l'Irak. Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait évoqué «des incidents répétés de tirs indirects» et incriminé des milices contrôlées par l'Iran.
Présence militaire renforcée
La semaine dernière, le Pentagone a annoncé l'envoi dans la région d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement du porte-avions USS Abraham Lincoln et de bombardiers B-52.
Selon le New York Times, le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a présenté à des conseillers de M. Trump un plan selon lequel jusqu'à 120'000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines.
Mardi, M. Pompeo a réfuté toute volonté de guerre avec l'Iran de la part des Etats-Unis. Lui faisant écho, le guide suprême iranien Ali Khamenei a affirmé qu'«il n'y aurait pas de guerre» avec Washington. Il a expliqué l'épreuve de force actuelle par une manière de tester la détermination de chacun: «ni nous, ni eux, ne cherchons la guerre, ils savent qu'elle ne serait pas dans leur intérêt».
Par ailleurs, les armées allemande et néerlandaise ont annoncé mercredi avoir suspendu jusqu'à nouvel ordre leurs opérations de formation militaire en Irak en raison des risques dans le pays liés aux tensions avec l'Iran. Cela concerne 160 instructeurs pour l'Allemagne et 50 instructeurs pour les Pays-Bas.
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