Iran L'ultraconservateur Ebrahim Raïssi intronisé président

ATS

3.8.2021 - 09:36

L'ultraconservateur Ebrahim Raïssi a été intronisé mardi président de l'Iran. Il devra s'atteler à redresser une économie minée par les sanctions américaines et la crise sanitaire, et relancer les pourparlers pour sauver l'accord international sur le nucléaire.

Keystone-SDA

Ebrahim Raïssi a déclaré que son gouvernement allait tenter de lever les sanctions américaines imposées à son pays, sans néanmoins attendre des étrangers qu'ils l'aident à améliorer sa situation.
Ebrahim Raïssi a déclaré que son gouvernement allait tenter de lever les sanctions américaines imposées à son pays, sans néanmoins attendre des étrangers qu'ils l'aident à améliorer sa situation.
ATS

Ebrahim Raïssi a déclaré que son gouvernement allait tenter de lever les sanctions américaines imposées à son pays, sans néanmoins attendre des étrangers qu'ils l'aident à améliorer sa situation.

«Nous chercherons certainement à lever les sanctions oppressives, mais nous ne lierons pas les conditions de vie de la nation à la volonté des étrangers», a déclaré M. Raïssi après son intronisation dans un discours retransmis par la télévision d'Etat.

Vainqueur de la présidentielle de juin marquée par une abstention record, l'ultraconservateur succède au modéré Hassan Rohani, qui avait conclu en 2015 un accord sur le nucléaire iranien avec les grandes puissances, après des années de tensions.

Approuvé par Khamenei

Ancien chef de l'Autorité judiciaire, M. Raïssi, 60 ans, entame officiellement son mandat de quatre ans après l'approbation de son élection par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

«Conformément au choix du peuple, j'intronise l'homme sage, infatigable, expérimenté et populaire Ebrahim Raïssi comme président de la République islamique d'Iran», a écrit le guide suprême dans un décret lu par son chef de cabinet.

M. Raïssi prêtera serment jeudi devant le Parlement, auquel il devra présenter ses candidats pour les postes ministériels. Sa présidence devrait consacrer la mainmise des conservateurs sur le pouvoir, après leur victoire aux élections législatives en 2020.

Liens avec la Chine et la Russie

Pour Clément Therme, chercheur à l'Institut universitaire européen basé à Florence (Italie), l'objectif «principal» de M. Raïssi «sera l'amélioration de la situation économique en renforçant les relations économiques entre la République islamique d'Iran et les pays voisins», mais aussi avec la Russie et la Chine.

En 2018, l'ex-président Donald Trump avait retiré les Etats-Unis, pays ennemi de la République islamique d'Iran, de l'accord de 2015 et rétabli les sanctions américaines contre Téhéran. En riposte, l'Iran avait renoncé à la plupart de ses engagements clés qui limitaient ses activités nucléaires controversées.

Les sanctions rétablies par Washington ont étouffé l'économie iranienne, mettant notamment un coup d'arrêt à ses exportations pétrolières. La crise économique a été aggravée par la pandémie de Covid-19: le pays est le plus durement touché du Proche et Moyen-Orient.

Fini l'idéalisme

Lors d'un discours devant le conseil des ministres dimanche, Hassan Rohani a défendu son bilan. «Ce que nous avons fait l'a été dans une situation difficile, conséquence de la guerre économique et du coronavirus, et cette année, la sécheresse s'y est ajoutée», a-t-il indiqué.

M. Rohani «a cru qu'il serait capable de résoudre rapidement tous les problèmes du pays», note auprès de l'AFP l'économiste réformiste iranien Saïd Laylaz, conseiller auprès de plusieurs présidents iraniens.

Le président sortant a fait preuve d'"idéalisme» dans sa politique d'ouverture à l'Occident: M. Raïssi choisira une voie différente, estime-t-il.

Négociations indirectes

D'ailleurs, l'ayatollah Khamenei, ultime décideur sur les dossiers sensibles comme celui du nucléaire, a averti encore la semaine dernière que «faire confiance à l'Occident ne fonctionnait pas».

Le successeur de M. Trump, Joe Biden, a lui affirmé être prêt à revenir à l'accord de 2015, s'engageant dans des négociations indirectes avec l'Iran parallèlement à des pourparlers à Vienne avec les autres parties à l'accord – Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni.

Alors que les négociations semblent bloquées jusqu'à l'entrée en fonctions de M. Raïssi, ce dernier a d'emblée souligné qu'il défendrait les «intérêts nationaux».

Pétrolier israélien attaqué

Et, dans un nouvel épisode de tensions avec l'Occident, Washington et Londres ont rejoint Israël en accusant l'Iran d'être derrière une attaque contre un pétrolier géré par un milliardaire israélien en mer d'Oman, qui a fait deux morts le 29 juillet.

Les Etats-Unis ont menacé d'"une réplique appropriée». L'Iran a de son côté nié toute implication, avertissant qu'il répondrait à tout «aventurisme» s'il était pris pour cible.