Bande de Gaza Israël accorde plus de temps aux Palestiniens pour évacuer le nord

dv, ats

15.10.2023 - 09:32

Israël poursuit dimanche ses préparatifs en vue d'une offensive dans le nord de Gaza, une semaine après l'attaque sans précédent du Hamas sur son sol. Le pays a accordé samedi un délai supplémentaire aux habitants pour évacuer la zone.

Dans l'attente de son offensive terrestre, l'armée israélienne a appelé vendredi les civils du nord du territoire à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne «pas tarder» (archives).
Dans l'attente de son offensive terrestre, l'armée israélienne a appelé vendredi les civils du nord du territoire à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne «pas tarder» (archives).
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Keystone-SDA, dv, ats

Israël a riposté à cette attaque menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza, en bombardant massivement ce territoire, d'où des roquettes continuent d'être tirées par le Hamas vers le territoire israélien.

Dans l'attente de son offensive terrestre, l'armée israélienne a appelé vendredi les civils du nord du territoire – 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions d'habitants – à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne «pas tarder». Un porte-parole de l'armée a toutefois assuré samedi soir que l'offensive terrestre ne démarrerait pas dimanche, pour des raisons humanitaires.

Plus de 1300 personnes ont été tuées par les commandos du Hamas, surtout des civils, dont des enfants, et au moins 120 personnes ont été prises en otage, selon des responsables israéliens. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d'identification.

Habitants en fuite

La riposte israélienne a tué plus de 2200 personnes, dont plus de 700 enfants, dans la bande de Gaza, un territoire pauvre contrôlé par l'organisation islamiste. Elle a fait plus de 8700 blessés, selon le Hamas. Selon l'armée israélienne, le centre des opérations du mouvement islamiste palestinien, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, se trouve dans la ville de Gaza, au nord de l'enclave.

Plusieurs voix se sont élevées au sein de la communauté internationale pour faire part de leur préoccupation face à cette évacuation au sein d'un territoire surpeuplé et qui a été placé sous siège strict depuis les attaques du Hamas.

Samedi soir, le président américain Joe Biden a dit au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que les Etats-Unis oeuvraient avec l'ONU et des pays du Moyen-Orient «pour veiller à ce que les civils innocents aient accès à l'eau, à la nourriture et aux soins médicaux». Il a également assuré le président palestinien Mahmoud Abbas de son «soutien total» dans ses efforts pour apporter de l'aide humanitaire aux Palestiniens, «en particulier à Gaza».

Plus tôt, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait réclamé un accès humanitaire «immédiat» à cette petite bande de terre, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans. Depuis vendredi, par milliers, des habitants fuient par tous les moyens, quelques biens entassés à la hâte, sur des remorques, charrettes, à moto, en voiture, à travers les ruines.

Dans la nuit de samedi à dimanche, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu que l'évacuation forcée de plus de 2.000 patients vers les établissements débordés du sud de Gaza pourrait être «l'équivalent d'une peine de mort». «Les structures de santé sont déjà au maximum de leurs capacités et sont incapables d'absorber une hausse considérable du nombre de patients», a fait valoir l'agence onusienne.

«Ca va continuer»

L'armée israélienne a annoncé samedi soir avoir retrouvé lors d'incursions dans la bande de Gaza «des cadavres» d'otages enlevés par le Hamas, sans plus de précisions. Le Hamas avait fait état plus tôt de 22 otages tués dans les bombardements israéliens.

M. Netanyahu s'est rendu samedi auprès des troupes israéliennes près de la bande de Gaza. «Vous êtes prêts pour ce qui vient? Ca va continuer», a-t-il lancé à plusieurs soldats. Face au risque d'embrasement régional, les Etats-Unis ont annoncé samedi l'envoi d'un second porte-avions en Méditerranée orientale «pour dissuader les actions hostiles contre Israël», selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

L'attaque du Hamas et la guerre qu'elle a déclenchée ont attisé les craintes d'une extension du conflit et d'une catastrophe humanitaire pour la population de Gaza, privée d'approvisionnement en eau, électricité ou nourriture, et où des centaines de milliers de personnes ont déjà été déplacées.

«Crimes de guerre»

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé samedi Israël de «crimes de guerre» à Gaza et dit refuser le «déplacement» des Palestiniens. Le mouvement palestinien est de son côté régulièrement accusé par Israël d'utiliser les civils comme boucliers humains. Israël a annoncé la mort de deux chefs militaires du Hamas, responsables selon l'armée de l'attaque du 7 octobre.

L'Arabie saoudite a annoncé samedi suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël et appelé à un «cessez-le-feu immédiat». Dans son appel téléphonique avec M. Biden, M. Abbas, a souligné la nécessité de «l'ouverture de corridors humanitaires dans la bande de Gaza», selon l'agence de presse palestinienne Wafa.

Le président brésilien Lula et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sisi se sont eux accordés sur la nécessité d'autoriser l'entrée d'aide humanitaire d'urgence à Gaza, selon un communiqué de la présidence brésilienne.

L'Egypte contrôle la seule ouverture de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien, le point de passage de Rafah, actuellement fermé. La tension est vive aussi à la frontière nord d'Israël, où l'armée israélienne a annoncé samedi avoir tué «plusieurs terroristes» qui tentaient de s'infiltrer.

«Erreurs»

Un journaliste vidéo de l'agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l'AFP, Reuters et Al-Jazeera ont été blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban. L'armée israélienne a déploré samedi ce décès et a indiqué «enquêter», sans reconnaître explicitement une responsabilité. L'armée libanaise l'a accusée d'être responsable du tir.

Israël a indiqué en outre avoir frappé samedi soir à l'artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967. Une ONG a également annoncé qu'une «frappe israélienne» avait touché l'aéroport d'Alep (nord), faisant cins blessés. Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs depuis Gaza.

Ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948. Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été abattus ou brûlés dans leur voiture dans un festival de musique. «Nous nous en sommes sortis par miracle, mais il y a des amis que nous aimons», a déclaré la voix étranglée une jeune femme de 24 ans, Lior Gelbaum, au secrétaire d'État américain Antony Blinken allé à la rencontre des survivants samedi.

Le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien a reconnu samedi des «erreurs» des services de renseignement en amont des attaques. Des familles des otages ont lancé samedi soir un appel à l'aide, réclamant un accord entre le Hamas et la Croix-Rouge «d'ici minuit» pour acheminer en urgence les médicaments dont leurs proches ont besoin.

«Désastre»

L'inquiétude est de plus en plus vive pour les habitants de la bande de Gaza, un territoire de 362 kilomètres carrés. Près de la frontière égyptienne, des dizaines de familles de déplacés gazaouis ont investi une école des Nations unies, entassant linge, matelas et paquets dans les classes et la cour de recréation, a constaté un journaliste de l'AFP.

Plus au nord, c'est dans la cour de l'hôpital Nasser, à Khan Younès que s'entassent des milliers de déplacés. «C'est un désastre, il n'y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, nous ne savons pas quoi faire et où aller», se lamente Juma Nasser, un quadragénaire.

Plus de 423'000 Palestiniens ont déjà quitté leur foyer, et 5540 maisons ont été détruites, selon l'ONU. Des Palestiniens tentant de fuir vers le sud du territoire à travers une zone que l'armée israélienne avait présentée comme sécurisée ont été tués dans des frappes israéliennes, ont affirmé samedi des témoins et des responsables du Hamas.