Cessez-le-feu encore en discussionIsraël bombarde la bande de Gaza du nord au sud
ATS
4.6.2024 - 20:17
Des bombardements aériens et des tirs d'artillerie israéliens ont visé mardi la bande de Gaza du nord au sud, des puissances occidentales et arabes exhortant Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à accepter le dernier plan de cessez-le-feu.
04.06.2024, 20:17
ATS
Les exigences contradictoires des deux camps semblent cependant vouer à l'échec ce plan présenté vendredi par le président américain, Joe Biden, après bientôt huit mois de guerre.
Israël a promis d'éliminer le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et auteur le 7 octobre d'une attaque d'une ampleur inédite sur son sol, tandis que le mouvement palestinien exige un cessez-le-feu total.
Près d'un mois après le début d'une offensive terrestre sur Rafah, une ville frontalière avec l'Egypte dans le sud du territoire palestinien assiégé, présentée par Israël comme l'étape finale de sa guerre contre le Hamas, les combats se poursuivent à travers la bande de Gaza.
Mardi, des frappes aériennes ont visé l'est et le centre de Rafah, selon des témoins et un responsable local.
Des bombardements meurtriers ont frappé la ville de Gaza, dans le nord, et le camp palestinien de Bureij, dans le centre du territoire. A Deir el-Balah, toujours dans le centre, huit policiers ont été tués, selon le service de presse du Hamas.
L'armée a annoncé que son aviation avait frappé la veille «65 cibles terroristes».
«Plus que catastrophique»
Le plan présenté par Joe Biden, proposé selon lui par Israël, prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Ce plan vise à établir un cessez-le-feu «permanent» dans une phase ultérieure, à condition que le Hamas «respecte ses engagements», selon M. Biden.
Mais le Qatar, un des pays médiateurs, a dit mardi attendre «une position claire» d'Israël, qui a semblé prendre ses distances avec ce plan. Il a aussi souligné que le Hamas n'y avait pas répondu.
Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi le mouvement palestinien à accepter cette proposition, selon l'Elysée.
Dénonçant une situation à Gaza «plus que catastrophique», le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Volker Türk a dit soutenir ce plan de cessez-le-feu, comme la veille les pays du G7.
Ce plan «conduirait à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à une augmentation importante et sur la durée de l'aide humanitaire distribuée à Gaza (...) en assurant les intérêts sécuritaires d'Israël et la sécurité des civils gazaouis», selon un communiqué du G7.
Sous une très forte pression de son opinion publique et de ses alliés d'extrême droite, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé, après l'annonce du plan, son intention de «détruire» le Hamas et d'obtenir la libération de «tous les otages» enlevés le 7 octobre, avant un cessez-le-feu.
Israël, encore traumatisé par cette attaque, a appris lundi la mort de quatre otages, probablement tués pendant les combats dans le secteur de Khan Younès et dont les corps sont toujours aux mains du Hamas, selon l'armée.
Lundi, des centaines de manifestants rassemblés à Tel-Aviv ont accusé le gouvernement d'avoir «abandonné» les otages. «Le sang est sur chacun d'entre eux, ce sont des personnes qui auraient pu rentrer chez elles vivantes, et non dans des cercueils», a lancé Yifat Kalderon, une cousine de l'otage Ofer Kalderon.
Un cessez-le-feu «immédiatement»
«J'exhorte toutes les parties à aboutir immédiatement à un accord pour parvenir à un cessez-le-feu et libérer les otages (...) tout retard coûte chaque jour des vies», a déclaré mardi l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland.
Les forces israéliennes sont entrées le 7 mai à Rafah, poussant un million de personnes à fuir, et ont pris depuis le contrôle de secteurs stratégiques, comme le passage frontalier de Rafah avec l'Egypte et le couloir de Philadelphie, une route qui borde la frontière du côté palestinien.
Mais au fil des semaines, des combats ont repris dans plusieurs secteurs du nord et du centre de la bande de Gaza, que l'armée avait pourtant assuré contrôler, témoignant d'un «échec» de la stratégie israélienne, souligne Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes à l'Université de Tel-Aviv.
«Pris au piège»
Aggravant la crise humanitaire dans le territoire assiégé, l'offensive sur Rafah a entraîné la fermeture du passage avec l'Egypte, crucial pour l'entrée de l'aide internationale.
L'ONG Oxfam a dénoncé mardi les conditions sanitaires «épouvantables» dans la zone d'Al-Mawasi, près de Khan Younès, où sont réfugiés des centaines de milliers de Palestiniens qui ne disposent en moyenne que d'un WC pour 4000 personnes.
«Il n'y a pas d'eau propre, les gens sont forcés d'utiliser l'eau de mer», décrit Meera, une employée d'Oxfam réfugiée à Al-Mawasi.
Alors que «1,7 million d'habitants sont désormais concentrés sur moins d'un cinquième de la bande de Gaza», les bombardements israéliens et les blocages «délibérés» «rendent pratiquement impossible» l'accès aux civils «pris au piège et affamés», dénonce Oxfam.