ApaisementIsraël et le Hamas approuvent un cessez-le-feu à Gaza
ATS
20.5.2021 - 22:05
20.05.2021, 22:05
20.05.2021, 23:26
Israël et le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, ont chacun annoncé jeudi soir avoir approuvé un accord de cessez-le-feu. L'objectif est de mettre fin à plus de dix jours d'affrontements meurtriers.
«Le cabinet (de sécurité) a accepté à l'unanimité la recommandation de l'ensemble des responsables sécuritaires (...) d'accepter l'initiative égyptienne de cessez-le-feu bilatéral sans conditions», ont indiqué dans un communiqué les autorités israéliennes. Dans la bande de Gaza, le Hamas a confirmé l'entrée en vigueur de cette trêve dès 02h00 locales vendredi (01h00 en Suisse).
L'Egypte va envoyer deux délégations à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour veiller au respect du cessez-le-feu, ont indiqué des sources diplomatiques égyptiennes. Cette trêve «simultanée et mutuelle» a été «négocié par l'Egypte», ont indiqué ces sources.
Dix jours d'affrontements
Cette annonce intervient après plus de 10 jours d'affrontements sanglants entre Israël et ces groupes, en premier lieu le Hamas qui avait lancé les hostilités le 10 mai en tirant des salves de roquettes vers Israël en solidarité avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, le troisième lieu saint de l'islam.
Après ces premiers tirs de roquette, Israël a lancé une opération militaire visant à «réduire» les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce micro-territoire de deux millions d'habitants sous blocus israélien. De leurs côtés, le Hamas et le Djihad ont lancé plus de 4300 roquettes vers Israël, des tirs d'une intensité inégalée contre l'Etat hébreu, qui dispose d'un bouclier antimissile ayant permis d'intercepter 90% de ces projectiles.
Les affrontements ont fait au moins 232 Palestiniens, incluant 65 enfants et des combattants du Hamas, ont péri dans les frappes israéliennes. Douze personnes ont perdu la vie en Israël -dont deux enfants-, les mouvements armés palestiniens de Gaza ayant tiré plus de 4000 roquettes vers le territoire israélien.
Tractations diplomatiques
Les tractations diplomatiques s'intensifiaient jeudi en fin de journée en vue d'un cessez-le-feu. Avant l'annonce de la trêve, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait estimé que la poursuite des tirs israéliens et palestiniens était «inacceptable». Il avait appelé à ce que les affrontements cessent «immédiatement».
Après l'appel du président américain Joe Biden en faveur d'une «désescalade» immédiate et le refus de Washington de soutenir une résolution de la France à l'ONU, l'Allemagne est à son tour entrée en scène jeudi.
Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas s'est rendu en Israël, où il a visité jeudi des sites touchés. Il a soutenu que les frappes israéliennes sur Gaza relevaient du «droit à l'autodéfense», tout en appelant à une cessation rapide des hostilités. La chancelière allemande Angela Merkel a plaidé pour un «cessez-le-feu rapide» lors d'un entretien téléphonique avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
Mais l'Autorité palestinienne qu'il dirige depuis la Cisjordanie a peu d'influence dans la bande de Gaza, micro-territoire palestinien de deux millions d'habitants sous blocus israélien et sous contrôle des islamistes du Hamas depuis 2007. Mais comme Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, ils doivent emprunter d'autres canaux pour discuter d'une possible trêve.
D'où le rôle aussi de l'Egypte, voisine de Gaza, et du Qatar, émirat proche de la mouvance des Frères musulmans dans laquelle s'inscrit le Hamas. L'émissaire onusien pour le Proche-Orient Tor Wennesland se trouvait justement au Qatar, où il s'est entretenu jeudi avec le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, ont indiqué des sources diplomatiques à l'AFP
Décimée
Depuis dix jours, l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza. Israël a «profité» de la situation, a indiqué mercredi un responsable militaire israélien, pour «réduire les capacités» militaires du Hamas.
Une famille palestinienne a été décimée à Deir al-Balah: Eyad Saleha, en fauteuil roulant, Amani, sa femme enceinte, et Nagham, leur fille de trois ans, ont péri dans un raid sur la bande de Gaza, selon les autorités locales. La Croix-Rouge a estimé que les populations à Gaza et en Israël avaient un «besoin urgent de répit», ajoutant avoir informé Israël et le Hamas qu'à partir de jeudi son personnel se déplacerait «pour apporter une réponse aux besoins urgents».
Un responsable militaire israélien avait affirmé mercredi que son pays étudiait le «moment opportun pour un cessez-le-feu», précisant que l'armée était prête à encore «plusieurs jours» de conflit.