Pas la «réalité»Israël nie toute «crise humanitaire» dans la bande de Gaza
sn, ats
21.3.2024 - 18:04
«Il n'y a pas de crise humanitaire» dans la bande de Gaza. Après l'évaluation de l'ONU sur une famine imminente, l'Etat hébreu estime que celle-ci ne reflète pas toute la «réalité de la situation» sur le terrain.
sn, ats
21.03.2024, 18:04
ATS
«Nous ne pensons pas qu'il y ait une crise humanitaire», a affirmé jeudi à des journalistes à Genève une responsable de l'organe du ministère israélien de la Défense qui coordonne les activités civiles de l'armée dans les territoires palestiniens (Cogat). «Il y a des défis» et «c'est difficile», admet la major Lior Salama. «Nous voyons les besoins et nous tentons d'y répondre dès que possible», dit-elle.
Il y a quelques jours, l'ONU avait estimé que plus de 1,1 million d'habitants sont confrontés à «une situation de faim catastrophique», proche de la famine. Elle s'appuyait sur le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié lundi. «Cela ne représente pas ce qui est observé dans les faits», selon la major Salama.
Selon elle, l'ONU mène son évaluation sur une moyenne de camions depuis octobre. Celle-ci a largement augmenté ces derniers mois, dit-elle.
Israël et l'ONU s'accusent mutuellement depuis des mois d'être responsable du manque d'assistance dans le territoire. L'Etat hébreu demande aux organisations internationales et aux Palestiniens d'augmenter la capacité de distribution une fois les convois entrés.
Environ 300 camions vers le nord
Selon la major Salama, il peut contrôler plus de 40 camions par heure. Et il souhaite étendre «dès que possible» ce nombre si les acteurs présents dans la bande de Gaza peuvent le prendre en charge, ce qui n'est pas le cas selon Israël. L'Etat hébreu se demande combien de véhicules devraient passer chaque jour pour répondre aux besoins. «Personne n'a su nous répondre», déplore l'ambassadrice israélienne à l'ONU à Genève, Meirav Eilon Shahar.
De leur côté, les institutions onusiennes accusent presque chaque jour les autorités israéliennes de ne pas laisser entrer suffisamment de chargements. Israël rétorque que depuis que les organisations locales palestiniennes sont associées aux distributions, «une grande différence» est déjà observée.
«Les livraisons sont plus régulières», insiste Mme Salama qui ajoute que les efforts avec les organisations internationales et les ONG se poursuivent. «C'est une composante très importante», selon elle, qui aboutit à une diminution du niveau de violence, tout comme les pillages.
Depuis un peu plus d'un mois, environ 300 camions ont acheminé de l'aide depuis le sud de la bande de Gaza vers le nord, selon elle. Mais l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est plainte depuis deux mois du nombre énorme de missions qui ont été annulées pour réapprovisionner les centres de santé dans cette partie du territoire.
Il y a quelques jours, le coordinateur humanitaire de l'ONU pour les territoires palestiniens Jamie McGoldrick affirmait que les denrées stockées dans les entrepôts se vidaient en deux ou trois jours tant les besoins sont grands. Une déclaration que réfute Israël. Et Mme Salama d'ajouter que 180 camions de nourriture entrent chaque jour, davantage qu'avant le début des affrontements d'octobre dernier. «Nous n'avons aucune limite sur l'assistance alimentaire», insiste-t-elle.
«Politisation» exclue par l'Etat hébreu
M. McGoldrick demandait moins d'énergie dépensée pour établir des couloirs humanitaires et davantage d'accès par des routes militaires vers le territoire. L'organisation répète régulièrement que les bateaux ne peuvent remplacer l'acheminement terrestre de l'assistance.
Israël se défend de vouloir cette substitution mais revendique vouloir élargir les accès par la mer et les largages aériens. Et des routes sont régulièrement réparées, mais il faut éviter de faire passer les camions dans des parties exposées aux violences, selon la responsable du Cogat.
Plus largement, l'ambassadrice dément toute «politisation» de l'aide qu'Israël laisse entrer. Face aux accusations, «nous répondons ici au Conseil des droits de l'homme», dit-elle. Elle demande à l'ONU de faire en sorte que le Hamas ne détourne pas l'assistance.
Mais une chose est certaine pour l'ambassadrice, un dialogue avec l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), indispensable selon les entités onusiennes pour piloter l'aide, n'est plus possible. Dans l'attente du rapport final sur les accusations israéliennes d'infiltration du Hamas dans cette institution, elle affirme qu'au moins un employé de celle-ci d'avoir retenu certains des otages. «Je ne vois pas comment Israël pourrait continuer à collaborer avec l'Unrwa à Gaza», dit l'ambassadrice.