Le point Israël pleure 3 otages tués par son armée, 18'800 morts à Gaza

ATS

16.12.2023 - 23:16

Des proches d'otages ont exhorté samedi Tel Aviv à agir pour obtenir leur libération, après la mort de 3 captifs tués «par erreur» par l'armée. Mais Netanyahu veut «maintenir la pression». Le bilan des attaques israéliennes dans l'enclave approche les 19'000 morts.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé en soirée qu'il avait eu «le coeur brisé» à l'annonce de la mort de trois otages tués par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, mais qu'il fallait y maintenir «la pression militaire».

«Cela m'a brisé le coeur. Cela a brisé le coeur de la nation toute entière», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. «Malgré tout le profond chagrin, je veux préciser une chose: la pression militaire est nécessaire tant pour le retour des otages que pour assurer la victoire sur nos ennemis».

Pour un plan de négociation

Des familles d'otages ont auparavant exhorté le gouvernement israélien à présenter rapidement un nouveau plan de négociation en vue de leur libération, plus de deux mois après le début de la guerre avec le Hamas, dernier épisode du conflit israélo-palestinien.

«L'armée sioniste connaît très bien nos conditions pour libérer (les otages), aucun ne sera libéré si nos conditions ne sont pas acceptées», a déclaré Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du Hamas.

Drapeau blanc et appel en hébreu

Selon l'armée, les trois otages que ses soldats ont tués avaient brandi un drapeau blanc et appelé à l'aide en hébreu. Les victimes, âgées de 28, 25 et 26 ans, auraient été tuées au cours d'opérations dans un quartier de la ville de Gaza.

Tous trois faisaient partie des quelque 250 personnes prises en otage lors de l'attaque lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. A ce jour, 129 otages seraient toujours retenus à Gaza.

Femmes et enfants tués

En représailles, Israël a promis de «détruire» le Hamas et bombarde sans relâche le petit territoire palestinien surpeuplé. L'armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le mouvement islamiste dans tout le territoire, y compris au sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, 18'800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens.

«A l'encontre de nos règles»

Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte par l'armée israélienne, les trois otages étaient apparus dans un secteur où les troupes subissent de nombreuses embuscades. Ils ont agité un drapeau blanc improvisé et parlé en hébreu.

Un des soldats s'est senti malgré tout «menacé», craignant un piège, et a tiré, tuant deux otages, a relaté un responsable militaire à des journalistes. Le troisième otage, «blessé», a tenté de s'abriter dans un bâtiment, et les soldats ont ensuite «entendu un appel à l'aide en hébreu».

Malgré un ordre de cesser les tirs du commandant du bataillon, des soldats ont de nouveau tiré, tuant la troisième personne, a précisé ce responsable, qui assure que l'incident va «à l'encontre de nos règles».

Seconde trêve?

Plusieurs médias affirment qu'après ce fiasco pour l'armée, les autorités israéliennes reprennent le chemin des négociations.

Le site d'informations américain Axios affirme que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, en Europe pour discuter d'une seconde trêve en vue de la libération d'otages.

Samedi, le site du quotidien israélien Haaretz va plus loin et affirme, citant une source politique israélienne, que la rencontre a eu lieu, sans plus de détails.

Habitants de Gaza acculés

Dans la bande de Gaza, tôt samedi, le Hamas a fait état de «combats acharnés» dans le secteur de Jabaliya (nord), de frappes aériennes et de tirs d'artillerie intenses à Khan Younès, épicentre des affrontements dans le sud du territoire palestinien.

Pour les civils, dont beaucoup acculés dans un périmètre de plus en plus réduit tout au sud, autour de Rafah dans l'espoir d'échapper aux combats, les conditions de vie sont décrites comme cauchemardesques par l'ONU et les ONG.

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois, et souffrent à présent de pénuries de nourriture, eau, médicaments, sanitaires, tandis que les épidémies se propagent.

Face aux pressions internationales, notamment de son allié américain, Israël a autorisé vendredi l'ouverture «temporaire» d'un nouveau point d'entrée pour l'aide humanitaire dans la bande de Gaza via le terminal de Kerem Shalom, mais sans préciser quand.

Journaliste tué

En Cisjordanie occupée, où la violence s'est intensifiée après le déclenchement de la guerre à Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort de deux Palestiniens âgés d'une vingtaine d'années samedi après un autre âgé de 30 ans tué par balle au sud de Naplouse vendredi soir.

Les journalistes à Gaza continuent par ailleurs de payer un très lourd tribut: un journaliste d'Al Jazeera a été tué vendredi. Son enterrement a eu lieu samedi, au milieu d'une vaste foule se recueillant sur son cercueil, où étaient posés son casque et son gilet pare-balles.

Le chef de bureau d'Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, qui avait perdu son épouse et deux de ses enfants au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d'obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès.

Photographe turc roué de coups

Un journaliste de l'agence de presse turque Anadolu a lui aussi été blessé à Jérusalem-est, annexée et occupée par Israël. Dans des images récupérées par l'AFP, on voit ce photographe, Mustafa Alkharuf, d'abord frappé au visage puis roué de coups de pieds.

Un porte-parole de la police israélienne a assuré que les officiers observés dans la vidéo avaient été suspendus.

Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Les tensions croissent dans la région

La guerre à Gaza continue d'accroître les tensions dans la région. Un drone a été abattu par les forces aériennes égyptiennes samedi dans le Sinaï égyptien, frontalier d'Israël et un autre a été abattu par un navire de guerre britannique en mer Rouge, où les rebelles Houthis, proches de l'Iran, mènent des attaques quasi-quotidiennes.