Israël a lancé de nouvelles frappes sur la bande de Gaza dimanche, au moment où les dirigeants israéliens font face à une pression croissante pour négocier et obtenir la libération d'otages enlevés par le Hamas.
Keystone-SDA, ats
17.12.2023, 07:22
17.12.2023, 08:39
ATS
Les proches des otages ont multiplié les appels au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour le pousser à conclure un accord sur la libération des captifs alors que l'armée a admis avoir tué «par erreur» trois d'entre eux dans le territoire palestinien.
Les trois otages tués faisaient partie des quelque 250 personnes capturées lors de l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien qui a fait 1.140 morts, selon les dernières données fournies par les autorités israéliennes.
Au moins 12 personnes ont été tuées dimanche dans des frappes israéliennes sur la ville de Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, a annoncé le ministère de la Santé du Hamas. Des témoins ont aussi rapporté un bombardement israélien sur la ville méridionale de Bani Suheila.
Les proches des otages se sont réunis lors d'une manifestation à Tel-Aviv samedi.
Echange
«Notre demande n'est pas une lutte (contre le gouvernement). C'est un appel que n'importe qui lancerait s'il s'agissait de son père. Prenez-nous en considération et faites maintenant un plan (de négociation)», a déclaré Noam Perry, fille de l'otage Haim Perry, à ce rassemblement.
Plus de 100 Israéliens et étrangers capturés par le Hamas ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens au cours d'une trêve d'une semaine le mois dernier, négociée par le Qatar.
Le Premier ministre israélien a affirmé samedi que «la pression militaire est nécessaire tant pour le retour des otages que pour assurer la victoire sur nos ennemis».
Mais Benjamin Netanyahu a aussi semblé confirmer des efforts diplomatiques en cours du Qatar pour obtenir la libération de nouveaux otages. «Nous avons de sérieuses critiques à l'égard du Qatar, dont je suppose que vous entendrez parler en temps voulu, mais pour l'instant, nous essayons d'achever la récupération de nos otages», a-t-il déclaré.
Le Qatar a confirmé samedi ses «efforts diplomatiques en cours pour renouveler la pause humanitaire».
Le Hamas s'est cependant déclaré «contre toute négociation sur l'échange de prisonniers jusqu'à ce que l'agression contre notre peuple cesse complètement», dans un message sur Telegram.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé samedi soir son déplacement en Israël, à Bahreïn et au Qatar pour souligner «l'engagement de Washington à renforcer la sécurité et la stabilité régionales».
Pression américaine
Ces derniers jours, l'administration américaine a poussé les autorités israéliennes à passer à une phase moins intensive de leur opération à Gaza afin de mieux protéger les civils.
Le chef des services de renseignement israéliens, David Barnea, a rencontré vendredi le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, qui avait aidé à négocier la trêve précédente, selon le site d'informations Axios.
La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna est aussi attendue dimanche en Israël et en Cisjordanie, puis au Liban lundi.
Son ministère a condamné samedi un bombardement israélien dans la bande de Gaza qui a causé la mort d'un de ses agents et a exigé que «tout la lumière soit faite».
Outre des entretiens officiels, la ministre devrait rencontrer des familles d'otages français et appeler «à une nouvelle trêve humanitaire immédiate et durable», devant conduire à un cessez-le-feu pérenne, afin d'obtenir la libération de tous les otages, et de pouvoir apporter de l'aide humanitaire à la population de Gaza, selon un communiqué du Quai d'Orsay.
Le chef de la diplomatie britannique David Cameron et son homologue allemande Annalena Baerbock ont appelé de leur côté à «un cessez-le-feu durable», aussi rapidement que possible, dans une tribune commune publiée dans le Sunday Times.
Mais ils s'opposent à un «cessez-le-feu général et immédiat» estimant que le Hamas «doit déposer les armes».
«Faim, maladie et faible immunité»
Les bombardements israéliens ont laissé une grande partie du territoire en ruines et l'Onu estime que 1,9 million de Gazaouis ont été déplacés par la guerre.
Cette semaine, les Nations Unies ont prévenu que la faim et le désespoir poussant les habitants à s'emparer de l'aide humanitaire risquaient de conduire à un «effondrement de l'ordre civil».
«Je ne serais pas surpris si des gens commençaient à mourir de faim, ou d'une combinaison de faim, de maladie et de faible immunité», a déclaré Philippe Lazzarini, directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (OCHA).
L'agence a signalé une «panne de communication prolongée» à Gaza depuis jeudi soir et qui s'est poursuivie au cours des dernières 48 heures.
Face à la pression internationale croissante, Israël a annoncé l'ouverture «temporaire» d'un nouveau point d'entrée pour l'aide humanitaire via le terminal de Kerem Shalom, mais n'a pas précisé quand.
Les combats se sont poursuivis samedi, l'armée israélienne affirmant avoir attaqué deux écoles qui, selon elle, étaient des cachettes du Hamas dans le nord de la ville de Gaza.
L'armée israélienne a annoncé dimanche la mort de deux de ses soldats, portant à 121 le nombre total de militaires israéliens tués depuis le début de l'offensive à Gaza fin octobre.
Une mère et sa fille ont été tuées samedi par un soldat israélien, et sept personnes ont été blessées, dans le complexe abritant l'unique église catholique de la ville de Gaza, s'est indigné le Patriarcat latin de Jérusalem.
Des dizaines de journalistes ont participé à Khan Younès samedi aux funérailles de Samer Abou Daqa, caméraman de la chaîne qatarie Al Jazeera, tué par une frappe israélienne
Trafic interrompu en mer Rouge
Et la guerre continue d'accroître les tensions à travers la région.
Israël échange régulièrement des tirs à travers sa frontière nord avec le Liban, principalement avec le Hezbollah soutenu par l'Iran. Samedi, l'armée israélienne a déclaré qu'un soldat avait été tué et deux autres blessés à la frontière libanaise.
Le trafic maritime en mer Rouge a aussi subi l'impact du conflit. Après des attaques par des rebelles Houthis du Yémen, présentées comme des ripostes à la guerre entre Israël et le Hamas, plusieurs géants du transport maritime mondial ont annoncé successivement interrompre le passage de leurs navires par ce passage commercial clé.
Un destroyer américain a abattu samedi dans cette région 14 drones lancés depuis des «zones du Yémen contrôlées par les Houthis», selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).