Guerre Israël-Hamas Israël promet une «puissante» opération à Rafah après le départ des civils

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14.2.2024 - 23:39

Israël a promis mercredi de mener une «puissante» opération à Rafah. Ce malgré les pressions internationales qui se multiplient pour tenter d'éviter une offensive potentiellement dévastatrice dans cette ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza.

Des habitants évacuent Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 février 2024.
Des habitants évacuent Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 février 2024.
KEYSTONE

Keystone-SDA, st

«Nous combattrons jusqu'à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat», a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur son compte Telegram.

Les négociations en vue d'une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien se sont poursuivies parallèlement au Caire, pendant que des frappes israéliennes meurtrières visaient aussi le sud du Liban, ravivant les craintes d'une escalade entre les deux pays frontaliers.

Dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée après plus de quatre mois de guerre, les bombardements ont fait 103 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, visant notamment les deux villes voisines de Khan Younès et de Rafah.

A Rafah, des centaines de milliers de civils, massés contre la frontière fermée avec l'Egypte, vivent dans l'angoisse d'une offensive terrestre, annoncée depuis plusieurs jours par Benjamin Netanyahu qui veut chasser le mouvement islamiste de son «dernier bastion».

«Eviter une attaque»

Au Caire, les médiateurs tentent malgré tout de négocier un accord sur une nouvelle trêve qui permettrait la libération d'otages détenus à Gaza. Une délégation du Hamas, selon une source du mouvement, était attendue mercredi pour rencontrer des représentants d'Egypte et du Qatar, les deux pays médiateurs aux côtés des Etats-Unis.

Mardi, le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, avait participé à ces discussions avec le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui n'exerce aucune autorité sur la bande de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a appelé mercredi le mouvement islamiste à conclure «rapidement» un accord de trêve, notamment pour «éviter une attaque» sur Rafah qui ferait «des milliers de victimes».

La guerre a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Israël a juré en représailles de «détruire» le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et a lancé une offensive qui a fait 28'576 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Frappes au Liban

La guerre à Gaza a aussi ravivé les tensions à la frontière nord d'Israël avec le Liban. L'armée israélienne a mené mercredi des raids aériens sur le Liban qui ont fait quatre morts selon un média libanais, en riposte à un tir de roquette depuis ce pays qui a visé une base militaire du nord d'Israël, tuant une soldate de 20 ans et faisant plusieurs blessés.

Dans la soirée, une nouvelle frappe israélienne a tué trois civils dans le sud du Liban, selon une source des services de sécurité. L'ONU a dénoncé une «escalade dangereuse» qui «doit s'arrêter». Les Etats-Unis, se disant «préoccupés par l'escalade au Liban», ont appelé à privilégier la «voie diplomatique» pour réduire les tensions.

Le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, en visite dans le nord du pays, a menacé d'une «campagne très offensive» au Liban, après quatre mois d'échanges de tirs entre l'armée et le Hezbollah libanais, allié du Hamas et soutenu par l'Iran.

Des hôpitaux «submergés»

Benjamin Netanyahu se dit de son côté déterminé à poursuivre son offensive contre le Hamas à Gaza et libérer tous les otages. Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une semaine fin novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

Le Premier ministre a aussi assuré qu'Israël ouvrirait à la population «un passage sécurisé» pour quitter Rafah, sans préciser vers où. Mais de nombreux pays s'inquiètent des risques d'un assaut terrestre sur la ville, en raison de l'extrême densité de population.

Rafah est en outre le principal point d'entrée de l'aide humanitaire depuis l'Egypte, insuffisante pour répondre aux besoins d'une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies. Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont réclamé des «garanties» pour la sécurité des civils. Le président français Emmanuel Macron a lui haussé le ton, affirmant que les opérations militaires à Gaza devaient «cesser».

Environ 1,4 million de personnes, selon l'ONU, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises par la guerre, s'entassent à Rafah, une ville transformée en un gigantesque campement, seul grand centre urbain du territoire où l'armée n'a pas encore lancé d'assaut. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en garde contre l'impact «désastreux» que pourrait avoir l'offensive et réclamé le respect du «principe fondamental d'humanité».

A quelques kilomètres au nord, des milliers de déplacés ont cherché refuge dans l'hôpital Nasser de Khan Younès, une ville détruite par les bombardements et les combats. Mohammed al-Astal, un infirmier urgentiste de 39 ans, a raconté à l'AFP une nuit dans l'hôpital assiégé.

«C'était une nuit noire, avec un flot de frappes et d'explosions», a-t-il dit. «Des chars ont ouvert le feu sur l'hôpital et des tireurs embusqués sur les toits des bâtiments voisins ont aussi tiré, tuant trois déplacés».

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a une nouvelle fois dénoncé mercredi la situation des hôpitaux de Gaza, «complètement submergés, débordés et insuffisamment approvisionnés». Le personnel doit procéder à des amputations, faute de moyens pour soigner les patients, a témoigné le représentant local de l'OMS, Rik Peeperkorn, depuis Gaza.