Les forces israéliennes ont mis sous scellés dimanche la maison d'un Palestinien qui a tué 7 personnes pour la détruire, après l'annonce par Tel Aviv de mesures pour punir les proches des auteurs d'attentats. Les ONG dénoncent «un mépris total de l'Etat de droit»
Attentats à Jérusalem: Israël impose des mesures contre des «familles de terroristes»
Israël a mis sous scellés à Jérusalem-Est dimanche la maison familiale d'un Palestinien qui a tué sept personnes vendredi, après l'annonce par le gouvernement des mesures «fortes».
30.01.2023
Raid militaire israélien meurtrier en Cisjordanie occupée jeudi, suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et d'attaques aériennes israéliennes de représailles. Vendredi, un Palestinien tue sept personnes à Jérusalem-Est et samedi un autre blesse deux Israéliens. Dimanche, des gardes israéliens tuent un Palestinien en Cisjordanie.
Les violences font craindre un nouvel engrenage et les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l'étranger.
Blinken sur place lundi et mardi
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, après Le Caire, est attendu à Jérusalem et Ramallah lundi et mardi pour évoquer des mesures en vue d'une désescalade.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui demandé lors d'entretiens téléphoniques avec ses homologues israélien et palestinien, d'éviter «toute action susceptible de provoquer une nouvelle dégradation».
Après les attaques contre l'occupation israélienne à Jérusalem-Est, la partie de la Ville sainte annexée par Israël en violation du droit international, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis samedi une réponse «forte».
Proches pris pour cible par Israël
Son cabinet de sécurité, réuni en urgence, a dans la foulée annoncé que la maison de Khayri Alqam, 21 ans, auteur de l'attaque ayant tué vendredi six Israéliens et une Ukrainienne près d'une synagogue avant d'être lui-même tué, «serait mise sous scellés immédiatement avant sa démolition».
Dimanche, des soldats israéliens ont scellé les entrées de la maison, après que des Palestiniens en ont sorti leurs affaires. La mère de Khayri Alqam a été maintenue avec quatre autre personnes en garde à vue, selon la police, sur les 42 suspects arrêtés après la fusillade de vendredi dans le quartier de colonisation de Neve Yaacov.
«Etat de droit» bafoué
Le gouvernement a été plus loin dimanche en décidant de mettre sous scellés la maison de l'auteur de l'attaque de samedi à Jérusalem-Est, même si elle n'a pas fait de morts.
Israël jusque-là démolissait seulement les maisons de Palestiniens qui tuent des Israéliens. Et ce processus passait par un préavis aux familles et une procédure d'appel.
Mais dans le cas de Khayri Alqam, la maison a été mise rapidement sous scellés, sans préavis ni appel, une mesure «prise au mépris total de l'Etat de droit», selon Dani Shenhar, de l'organisation israélienne de défense des droits humains HaMoke.
Châtiment collectif
Pour Israël, la démolition des maisons de Palestiniens accusés d'attaques a un effet dissuasif, mais les détracteurs de cette pratique la dénoncent comme un châtiment collectif.
Le gouvernement a en outre annoncé la «révocation des droits» à la sécurité sociale des «familles de terroristes soutenant le terrorisme». Et la révocation des cartes d'identité israéliennes des proches des assaillants a été à l'ordre du jour de la réunion hebdomadaire du gouvernement dimanche.
Ces mesures s'appliquent à des Palestiniens ayant la nationalité israélienne, comme les Arabes israéliens, et aux Palestiniens ayant le statut de résidents de Jérusalem-Est.
Elles sont conformes aux propositions des partenaires politiques d'extrême droite de M. Netanyahu. Le cabinet de sécurité a par ailleurs décidé de faciliter l'obtention de permis de port d'armes pour les civils.
Dix Palestiniens tués par l'armée
Les attaques palestiniennes à Jérusalem-Est, qui n'ont pas été revendiquées, ont eu lieu après la mort jeudi de 10 Palestiniens dont des combattants et une sexagénaire, dans une attaque militaire israélienne à Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé illégalement par Israël depuis 1967, le plus sanglant des dernières années.
Et les violences n'ont pas cessé. Dimanche, des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien de 18 ans près d'une colonie israélienne en Cisjordanie, selon les autorités palestiniennes. L'armée a affirmé qu'il était armé.
Les colons attaquent
Une maison et un véhicule palestiniens dans le village de Turmus Ayya en Cisjordanie ont été incendiés. Un responsable de la sécurité israélienne a accusé des extrémistes israéliens.
Selon l'agence officielle palestinienne Wafa, 120 voitures ont été la cible de pierres lancées par des colons israéliens et 22 magasins ont été attaqués à Naplouse en Cisjordanie samedi soir.
«La spirale de la mort qui grandit jour après jour éteint les rares lueurs de confiance qui existent entre les deux peuples», a déploré le pape François.