Humanitaires tués à Gaza Israël dit avoir visé «un agent du Hamas»

ATS

5.4.2024 - 14:31

L'armée israélienne a affirmé vendredi qu'elle visait un «homme armé du Hamas» tirant du toit d'un des camions d'aide lorsqu'elle a tué 7 travailleurs humanitaires à Gaza, admettant avoir commis des «erreurs graves». L'ONG exige une commission d'enquête indépendante.

Les travailleurs humanitaires ont été tués lundi soir dans la bande de Gaza par trois attaques israéliennes lancées en l'espace de quatre minutes sur leur convoi.
Les travailleurs humanitaires ont été tués lundi soir dans la bande de Gaza par trois attaques israéliennes lancées en l'espace de quatre minutes sur leur convoi.
ATS

5.4.2024 - 14:31

Les travailleurs humanitaires ont été tués lundi soir dans la bande de Gaza par trois attaques israéliennes lancées en l'espace de quatre minutes sur leur convoi.

L'équipe aux commandes des drones à l'origine des frappes a fait une «erreur d'appréciation opérationnelle de la situation» après avoir repéré un «homme armé du Hamas» tirant depuis le toit d'un des camions d'aide que les collaborateurs de l'ONG américaine World Central Kitchen (WCK) escortaient, affirme une enquête interne israélienne.

Plan de route communiqué, mais

L'armée, qui évoque des «violations des procédures opérationnelles normales», a aussi reconnu que WCK avait bien communiqué son plan de route, mais les militaires chargés des frappes ne l'avaient pas en mains.

Lors d'un point de presse au quartier général de l'armée à Tel-Aviv, de hauts gradés israéliens ont présenté aux journalistes des séquences vidéo de drone montrant l'"agent du Hamas» se joignant au convoi de WCK qui circulait à Gaza dans la nuit de lundi à mardi peu après 22H00 (heure locale).

De grands logos WCK ornaient le toit des véhicules, mais la caméra du drone ne pouvait pas les voir dans l'obscurité, a déclaré le général en retraite Yoav Har-Even, qui dirige l'enquête. «Cela a été un facteur clé dans la chaîne des événements», a-t-il dit.

La mort des humanitaires a provoqué une vague d'indignation, le président américain, Joe Biden, demandant jeudi au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, d'ordonner un «cessez-le-feu immédiat» lors d'un appel téléphonique tendu.

WCK exige une enquête indépendante

WCK a exigé vendredi «la création d'une commission indépendante chargée d'enquêter sur les meurtres de nos collègues».

«L'armée israélienne a reconnu que nos équipes avaient suivi toutes les procédures de communication appropriées. La vidéo de l'armée israélienne ne montre aucune raison de tirer sur notre convoi, qui ne transportait aucune arme et ne représentait aucune menace», souligne l'ONG.

L'armée ne peut enquêter sur elle-même

Pour elle, l'armée israélienne «ne peut pas enquêter de manière crédible sur sa propre défaillance à Gaza».

Les «excuses» de l'armée pour la mort des collaborateurs de l'ONG «ne sont qu'un piètre réconfort», a déclaré la cheffe de l'ONG, Erin Gore, soulignant dans le communiqué qu'Israël devait «prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des humanitaires».

«Il ne suffit pas d'essayer d'éviter la mort d'autres humanitaires, dont le nombre avoisine désormais les 200», a indiqué pour sa part le fondateur de WCK, José Andres, le célèbre chef cuisinier américain d'origine espagnole. «Tous les civils doivent être protégés», a-t-il dit dans le communiqué.

Varsovie veut «une enquête criminelle»

Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a pour sa part indiqué avoir réclamé à Israël «une enquête criminelle» pour «meurtre», après la mort des sept humanitaires, dont un Polonais.

«Nous voulons que le parquet régional (polonais) soit admis et impliqué dans l'explication et dans l'ensemble de la procédure criminelle et disciplinaire à l'encontre des soldats responsables de ce (...) meurtre», a déclaré à la presse Andrzej Szejna après avoir remis à l'ambassadeur d'Israël, convoqué par Varsovie, une note formelle de protestation.

Le vice-ministre a dénoncé «cet événement sans précédent dans l'histoire du monde civilisé, à savoir le bombardement d'un convoi humanitaire à destination de la bande de Gaza, frappée par la famine, avec de l'aide humanitaire».

ATS