Plus de 10'000 mortsIsraël exclut tout cessez-le-feu un mois après une guerre dévastatrice
AFP
7.11.2023
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rejeté un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hamas entrée mardi dans son deuxième mois, malgré les appels répétés à une trêve humanitaire à Gaza et un bilan de plus de 10'300 morts selon le mouvement islamiste palestinien.
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07.11.2023, 14:52
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Dans la nuit, les bombardements aériens israéliens contre le territoire palestinien contrôlé par le mouvement islamiste Hamas ont continué de plus belle, tuant plus de 100 personnes selon le ministère de la Santé du Hamas.
Sous une couverture aérienne, les troupes israéliennes au sol ont continué de progresser dans la bande de Gaza après avoir encerclé la ville de Gaza et coupé le territoire en deux, selon l'armée.
«Arrêtez cette guerre injuste (...). Ils prennent pour cible des civils dans leurs maisons. Arrêtez cette machine à détruire. Sauvez-nous», a lancé Hicham Koulab, un déplacé palestinien, rattrapé par les bombardements israéliens à Rafah dans le sud du territoire.
«Pas de cessez-le-feu à Gaza sans libération de nos otages»
En Israël, une minute de silence a été observée dans plusieurs villes et institutions dont le Parlement, à la mémoire des plus de 1.400 personnes, majoritairement des civils, qui ont péri dans l'attaque lancée le 7 octobre par le Hamas à partir de la bande de Gaza qu'il contrôle.
Lors de cette attaque, la plus meurtrière de l'histoire d'Israël, les combattants du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël, limitrophe de la bande de Gaza, ont pris en otage 241 personnes emmenées à Gaza. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour «anéantir» le Hamas, pilonnant sans relâche la bande de Gaza et pénétrant en profondeur dans le territoire.
«Il n'y aura pas de cessez-le-feu à Gaza sans la libération de nos otages», a dit M. Netanyahu dans un entretien avec la chaîne américaine ABC News lundi soir.
«Concernant les petites pauses tactiques, une heure par-ci, une heure par-là, nous les avons déjà eues», a ajouté M. Netanyahu, après une annonce de la Maison Blanche évoquant la «possibilité de pauses tactiques» pour permettre aux civils de fuir les combats et la circulation des aides humanitaires.
«Cicatrice terrible»
Alors qu'Israël a retiré unilatéralement de Gaza en 2005 ses soldats et les colons après 38 ans d'occupation, M. Netanyahu a affirmé que son pays prendrait «pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité» dans le territoire palestinien après la guerre, pour empêcher selon lui un retour du Hamas, une organisation qualifiée de «terroriste» par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Un mois après le début de la guerre, sur l'esplanade de l'université hébraïque de Jérusalem, plus d'un millier de personnes, principalement des étudiants et des enseignants, ont respecté ensemble une minute de silence, puis ont prié et chanté l'hymne national.
«Les atrocités ont laissé une cicatrice terrible, des traumatismes au niveau personnel mais aussi au niveau national», a dit Asher Cohen, le président de l'université, dont plusieurs diplômés ont été tués, alors que se succèdent au micro des témoignages, interrompus par les larmes.
Un enseignant montre la photo de son fils et de sa petite amie tués par les commandos du Hamas: «Ils croyaient dans la paix.»
Alors que 10.328 personnes, en majorité des civils incluant 4.237 enfants, ont péri dans les bombardements israéliens à Gaza selon un dernier bilan mardi du ministère de la Santé du Hamas, l'ONU, des ONG, des dirigeants du monde arabe et d'autres pays ne cessent d’appeler à un cessez-le-feu.
Une idée rejetée aussi par les Etats-Unis, proche allié d'Israël, qui poussent pour des «pauses humanitaires» et insistent sur le droit d'Israël à se défendre.
Lundi, le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a encore réclamé d'urgence un «cessez-le-feu humanitaire» dans le petit territoire palestinien, transformé selon lui en «cimetière pour les enfants». Il a aussi condamné des «actes terroristes odieux» du Hamas le 7 octobre et fustigé ce mouvement qui utilise «les civils comme boucliers humains».
«Guerre différente»
Dimanche soir, l'armée israélienne a intensifié sa campagne de bombardements par air et mer. Les affrontements au sol les plus intenses se déroulent dans le nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza qui abrite selon Israël le «centre» du Hamas.
Ces dernières 24 heures, «les troupes ont sécurisé un bastion militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, saisissant missiles, lanceurs antichars, armes et divers matériels de renseignement», selon l'armée. En coordination avec les troupes au sol, des avions de combat bombardent des «cellules terroristes» et détruisent des «tunnels du Hamas».
Au moins 30 soldats israéliens, selon l'armée, ont été tués depuis le 27 octobre.
«C'est une guerre différente de toutes celles que nous avons connues», a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
«Pas d'endroit sûr»
Les bombardements israéliens éprouvent durement les quelque 2,4 millions de Palestiniens, piégés dans le territoire de 362 km2. Ils sont privés de livraisons d'eau, d'électricité et de nourriture par le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre, alors que Gaza était déjà soumise à un blocus israélien depuis plus de 16 ans.
Ils ont aussi poussé sur les routes 1,5 million de personnes, selon l'ONU.
«Nous sommes des civils. Les Juifs (Israéliens) disent d'aller en lieu sûr. Il n'y a pas d'endroit sûr dans la bande de Gaza», s'est insurgé Bilal Loubad, un déplacé palestinien à Rafah, alors que des gens se rassemblent autour des corps de leurs proches tués dans une frappe.
L'armée israélienne a maintes fois appelé les civils palestiniens dans des tracts ou des messages SMS à quitter le nord de la bande de Gaza vers le sud. Mais les bombardements israéliens continuent de toucher le sud du territoire assiégé.
A Khan Younès, également dans le sud de la bande de Gaza, des secouristes recherchaient sous les décombres des survivants après des frappes israéliennes nocturnes qui ont détruit des habitations.
Après des frappes le matin sur des quartiers de la ville de Gaza, des milliers d'habitants parmi lesquels des enfants ont pris la route vers le sud et devront parcourir des kilomètres à pied. Sur l'une des rues empruntés par les déplacés, dont certains arboraient des drapeaux blancs, des chars israéliens étaient stationnés.
«Pas d'endroit sûr»
Outre les bombardements et les combats dévastateurs, les Palestiniens en fuite se plaignent de n'avoir ni eau ni nourriture, et selon M. Guterres, les 569 camions d'aides arrivés à Gaza depuis le 21 octobre, ne sont «rien face à l'océan de besoins».
Alors que la communauté internationale craint une extension du conflit, les échanges de tirs continuent à la frontière israélo-libanaise, entre l'armée israélienne d'une part, et le Hezbollah et ses alliés incluant le Hamas, de l'autre.
Les violences se sont également multipliées en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.