Proche-Orient Israël: les colonies légales, pour les USA

ATS

18.11.2019 - 22:49

Mike Pompeo a annoncé que les Etats-Unis ne jugeaient plus contraires au droit international l'établissement de colonies israéliennes en Cisjordanie.
Mike Pompeo a annoncé que les Etats-Unis ne jugeaient plus contraires au droit international l'établissement de colonies israéliennes en Cisjordanie.
Source: KEYSTONE/EPA/ERIK S. LESSER

Les Etats-Unis ne considèrent plus contraires au droit international les colonies israéliennes en Cisjordanie, a annoncé lundi le chef de la diplomatie américaine. Ces occupations de territoires palestiniens sont au contraire jugées illégales par l'ONU.

«Après avoir examiné soigneusement tous les arguments de ce débat juridique», l'administration de Donald Trump conclut que «l'établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n'est pas en soi contraire au droit international», a dit Mike Pompeo devant la presse.

Les colonies installées sur les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967 sont jugées illégales par l'ONU. Et une grande partie de la communauté internationale voit en elles un obstacle majeur à la paix. L'Union européenne a d'ailleurs réaffirmé lundi cette position.

«Toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et compromet la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d'une paix durable», a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans un communiqué. «L'UE demande à Israël de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante».

«Pas de solution judiciaire»

La politique américaine s'appuyait jusqu'ici, au moins théoriquement, sur un avis juridique du département d'Etat remontant à 1978, selon lequel «l'établissement de colonies de population dans ces territoires» n'était «pas conforme au droit international». Mike Pompeo a donc décidé que cet avis était caduc.

«La vérité, c'est qu'il n'y aura jamais de solution judiciaire au conflit, et que les débats sur qui a raison et qui a tort au regard du droit international n'apporteront pas la paix», a-t-il estimé. Et d'assurer qu'il ne s'agissait ni d'une ingérence dans la politique israélienne, ni d'un feu vert à la colonisation.

Il a également fait valoir que cette décision ne préjugeait pas du «statut final» de la Cisjordanie, dont le sort dépendra de futures négociations entre Israéliens et Palestiniens, rendues très hypothétiques par un processus de paix au point mort. L'administration Trump tarde d'ailleurs à dévoiler son propre plan de paix, rejeté par avance par les Palestiniens.

Question ultrasensible

Cette décision est avant tout symbolique: si l'ancienne administration démocrate de Barack Obama condamnait la colonisation, le gouvernement républicain de Donald Trump s'était déjà montré depuis 2017 beaucoup plus souple sur cette question ultrasensible.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem David Friedman est allé jusqu'à estimer qu'Israël avait «le droit» d'annexer «une partie» de la Cisjordanie occupée. Et Mike Pompeo avait refusé en avril de dire si Washington s'opposerait à une éventuelle annexion des colonies de Cisjordanie par l'Etat hébreu.

L'administration Trump a déjà pris des décisions spectaculaires en rupture avec le consensus international et avec la tradition diplomatique américaine, en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël et l'annexion du Golan syrien par l'Etat hébreu.

Coup de pouce à Netanyahu?

En réalité, l'annonce de Mike Pompeo pourrait surtout être interprétée comme un coup de pouce à Benjamin Netanyahu, au moment où les partis israéliens mènent de difficiles tractations pour former un nouveau gouvernement. Le Premier ministre israélien sortant a proposé d'annexer une partie des colonies de Cisjordanie occupée.

Ce dernier a d'ailleurs salué l'annonce américaine. Cette décision «est le reflet d'une vérité historique – que les juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers en Judée-Samarie (ndlr: nom biblique utilisé en Israël pour désigner la Cisjordanie occupée). En fait, nous sommes appelés juifs, car nous sommes le peuple de Judée», a dit Benjamin Netanyahu dans un communiqué.

L'Autorité palestinienne a quant à elle dénoncé la position des Etats-Unis. Washington n'est «pas qualifié ou autorisé à annuler des dispositions de droit international et n'a pas le droit de légaliser des colonies israéliennes», a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.

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