Guerre Israël-Hamas Israël prêt à riposter à toute attaque iranienne, bombarde la bande de Gaza

Megane Bochatay

13.4.2024

Israël s'est dit prêt samedi à riposter à toute attaque de l'Iran, a lancé de nouveaux raids meurtriers sur Gaza et échangé des tirs avec le Hezbollah libanais, un contexte qui fait craindre un embrasement régional.

A près de 2.000 km à l'ouest de l'Iran, dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes, ciblant de nouveau le camp de réfugiés de Nousseirat dans le centre du territoire palestinien (archives).
A près de 2.000 km à l'ouest de l'Iran, dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes, ciblant de nouveau le camp de réfugiés de Nousseirat dans le centre du territoire palestinien (archives).
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Megane Bochatay

13.4.2024

Israël se trouve en état d'alerte après les menaces de l'Iran qui a promis de le «punir» après une frappe meurtrière le 1er avril contre son consulat à Damas qui a coûté la vie à deux généraux des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de l'Iran. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

La République islamique d'Iran est l'ennemi d'Israël et un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d'une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33.686 personnes essentiellement des civils ont péri selon les autorités du mouvement palestinien.

L'Iran «subira les conséquences de son choix d'aggraver davantage la situation», a averti le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari. «Nous avons renforcé notre préparation pour protéger Israël d'une nouvelle agression iranienne. Nous sommes également prêts à réagir.»

Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis vont déployer des «moyens supplémentaires» au Moyen-Orient afin de «soutenir les efforts de dissuasion régionale et accroître la protection des forces américaines», a déclaré un responsable américain sans préciser la nature de ces renforts.

Après avoir annoncé mercredi que l'Iran «menace de lancer une attaque importante contre Israël», le président américain Joe Biden a dit vendredi s'attendre à ce que l'attaque ait lieu «bientôt». «Nous aiderons Israël à se défendre et l'Iran échouera», a-t-il ajouté.

«Début d'une escalade»

Samedi dans les eaux du Golfe, près du détroit d'Ormuz, l'une des voies maritimes les plus empruntés par la marine marchande, les forces spéciales maritimes des Gardiens de la Révolution iraniens ont saisi un porte-conteneurs accusé d'être «lié» à Israël, avec 25 membres d'équipage à bord.

Les autorités iraniennes n'ont pas indiqué si cette opération était liée à la riposte annoncée par Téhéran.

«Les Américains avaient mis en garde contre certaines actions qui semblaient beaucoup plus importantes que celle-ci, mais il pourrait très bien s'agir du début d'une escalade (...) plus large», estime Karim Bitar, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Après cette saisie, le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a appelé l'Union européenne à classer «organisation terroriste» les Gardiens de la Révolution.

Face à cette situation volatile, les Pays-Bas ont fermé leur ambassade en Iran et leur consulat à Erbil dans le nord de l'Irak. La France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre en Iran. La compagnie allemande Lufthansa et sa filiale autrichienne Austrian Airlines ont suspendu leurs vols de et vers Téhéran jusqu'au 18 avril.

A près de 2.000 km à l'ouest de l'Iran, dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes, ciblant de nouveau le camp de réfugiés de Nousseirat dans le centre du territoire palestinien qu'elle assiège et dont la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.

Ces dernières 24 heures, 52 Palestiniens ont été tués, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est classé groupe terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

«Assez!»

A Deir al-Balah, une vidéo de l'AFP montre un paysage dévasté et des montagnes de ruines, dont les restes d'une mosquée.

«Nous étions chez nous quand l'armée (israélienne) est venue nous demander d'évacuer la zone (...) Une heure après, toute la zone a explosé», raconte Mohammad Adel Thabet, un habitant.

«Ma seule demande est que la guerre s'arrête. Cela suffit, nous en avons assez des destructions, des démolitions et des morts. Assez!», lance un autre membre de la famille Thabet.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.

Les négociations indirectes entre le Hamas et Israël via les médiateurs qatari, égyptien et américain semblent faire du sur place, les protagonistes n'ayant toujours pas répondu à leur proposition de trêve associée à une libération d'otages et l'entrée de plus importantes aides humanitaires à Gaza strictement contrôlées par Israël.

Poussée de violences en Cisjordanie

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël et séparé de Gaza par le territoire israélien, la découverte du corps d'un jeune berger israélien qui était porté disparu, a déclenché des violences de l'armée et des colons contre les Palestiniens.

«Benjamin Achimeir a été assassiné dans une attaque terroriste», selon un communiqué officiel israélien.

Plusieurs villages de Cisjordanie ont été assiégés par l'armée et attaqués par des centaines de colons, faisant plusieurs blessés, selon les autorités palestiniennes.

Enfin, sur le front nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, Le Hezbollah libanais a revendiqué «une attaque aux drones» et une autre aux roquettes contre des positions militaires à Hanita dans le nord du territoire israélien.

En riposte, l'artillerie israélienne a bombardé des cibles dans le sud du Liban.

© Agence France-Presse