Union européenneJuncker fait ses adieux à Strasbourg
ATS
22.10.2019 - 14:41
Jean-Claude Juncker a fait ses adieux mardi au Parlement européen. Signe de son amertume, il n'a pas parlé du Brexit, ni prononcé un mot en anglais, alternant seulement le français et l'allemand. Il a aussi brièvement évoqué ses regrets sur le dossier suisse.
Le président de la Commission européenne n'est pas encore parti puisque sa successeure Ursula von der Leyen a vu son entrée en fonctions – prévue le 1er novembre – reportée. Il devrait donc être encore présent lors de la plénière de novembre, mais seulement pour gérer les affaires courantes.
En dressant un bilan de son action à la tête de l'exécutif européen entre 2014 et 2019, le Luxembourgeois a évoqué quelques déceptions, comme celles de ne pas avoir réussi à faire avancer la réunification chypriote ou ne pas avoir réussi à parfaire l'Union bancaire.
Regrets sur l'accord cadre
La Suisse fait également partie des dossiers problématiques. «Nous n'avons pas été à même à conclure de traité avec la Suisse, en dépit de nos efforts qui furent nombreux et intenses», a-t-il regretté.
L'un des plus cuisants échecs de l'UE, la politique d'asile et des réfugiés, ne figure pas parmi ceux de sa Commission, car c'est le Conseil – à savoir les Etats membres – qui provoque le blocage des réformes attendues, a-t-il sous-entendu.
Au rang des réussites, il a placé la dimension sociale de l'Union – avec l'adoption du socle des droits sociaux ou la directive sur les travailleurs détachés -, la Grèce à laquelle a été rendue «la dignité qu'elle mérite» ou encore la relance des relations avec l'Afrique.
Jean-Claude Juncker s'est félicité des quinze nouveaux accords commerciaux conclus sous sa mandature. Il a souligné l'importance pour l'Europe de renforcer sa place sur la scène internationale, elle dont plus aucun Etat membre ne fera partie du G7 «dans quelques années».
Concentré sur l'essentiel
M. Juncker a rappelé non sans fierté l'accord qu'il a conclu à l'été 2018 en se rendant chez le président américain Donald Trump pour éviter une guerre commerciale. Le conflit a toutefois connu un nouveau soubresaut récemment à travers le dossier Airbus.
La Commission sortante a mis fin à l'inflation législative en «se concentrant sur l'essentiel», ce qui n'empêche pas le «préjugé tenace» selon lequel la Commission serait «tentaculaire», a ironisé le sexagénaire. «Tout a changé mais on fait comme si rien n'avait changé».
Et le Luxembourgeois de mettre en avant les sept années de croissance connues par l'Union, la création de quatorze millions d'emplois, un chômage au plus bas depuis 2000 et un «plan Juncker» d'investissement de l'ordre de 432 milliards d'euros. «J'ai le sentiment de m'être démené, d'avoir apporté ma petite contribution» au projet européen, a-t-il dit.
Au bord des larmes en remerciant son équipe de commissaires, il a ponctué son intervention à Strasbourg en dénonçant «les nationalismes stupides et bornés».
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