AngleterreKeir Starmer tend la main aux syndicats et évite une fronde
ATS
10.9.2024 - 23:02
Le Premier ministre travailliste britannique Keir Starmer s'est engagé mardi à rétablir des liens étroits avec les syndicats. Il a appelé à «tourner la page», au moment où une loi controversée visant à mettre fin à une allocation sociale a été avalisée au Parlement.
Keystone-SDA
10.09.2024, 23:02
10.09.2024, 23:28
ATS
Pour la première fois en quinze ans, un chef de gouvernement britannique a pris la parole au cours de la réunion annuelle de la confédération syndicale britannique TUC organisée à Brighton, dans le sud-est de l'Angleterre.
«Il est temps de tourner la page, en unissant entreprises, syndicats, secteurs public et privé autour d'une cause commune: reconstruire nos services publics et faire croître notre économie», a plaidé Keir Starmer devant des centaines de délégués syndicaux.
«Décisions difficiles»
Après deux années de grèves massives pour obtenir des hausses de salaires dans de nombreux secteurs, comme ceux des transports et de la santé, le nouveau Premier ministre travailliste cherche à poser les bases d'une relation plus apaisée avec les syndicats.
Très vite après sa constitution début juillet, le gouvernement de centre-gauche a fait des propositions d'accord pour augmenter les rémunérations des conducteurs de train et des jeunes médecins et ainsi tenter de mettre fin à deux conflits latents provoqués par la forte inflation au Royaume-Uni.
«Je dois toutefois préciser que ce gouvernement ne mettra pas en danger son objectif de stabilité économique, en aucune circonstance. Et il y aura des décisions difficiles à l'horizon, qui façonneront inévitablement les salaires», a souligné Keir Starmer.
«Personne dans cette salle ne veut entendre de prévisions aussi sombres», a-t-il reconnu, sans démordre de la promesse d'une «discipline de fer». Le gouvernement la défend par le «trou noir» de 22 milliards de livres (24,4 milliards de francs) dans les finances publiques laissé selon lui par les conservateurs.
M. Starmer avait prévenu fin août que le premier budget du gouvernement, qui sera présenté fin octobre, allait être «douloureux».
Débat animé
«C'est une bonne chose d'avoir un gouvernement travailliste», a déclaré à l'AFP le secrétaire général du syndicat RMT (transports) Mick Lynch, en dépit de ces perspectives peu réjouissantes. «Il doit être ambitieux, audacieux et radical», a-t-il toutefois soutenu, estimant qu'il serait «très difficile» pour le gouvernement de tenir ses promesses avec de telles «règles budgétaires».
Les retrouvailles avec le Labour n'étaient toutefois pas dénuées de tensions. En cause notamment: la décision du gouvernement de mettre fin à un chèque énergie pour quelque dix millions de retraités.
Parmi les détracteurs de cette réforme, la secrétaire générale d'Unite, Sharon Graham, a accusé le parti travailliste d'avoir choisi de «faire les poches des retraités» plutôt que de s'attaquer aux plus riches.
Après un débat animé à la Chambre des Communes, une motion destinée à stopper la réforme a finalement été rejetée par 348 voix contre 228. Plusieurs députés ont crié «honte!» à l'annonce du résultat.
Dorénavant, seuls les retraités les plus modestes percevront cette aide, d'un montant pouvant aller jusqu'à 300 livres.
Annoncée en juillet, cette proposition a suscité la colère de plusieurs députés travaillistes, faisant craindre une fronde au sein de leur parti. Dix-sept d'entre eux avaient signé la motion visant à retarder l'application de cette réforme.