Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l'organisation au Kenya du nouveau scrutin présidentiel.
Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l'organisation au Kenya du nouveau scrutin présidentiel.
Kenya: une victoire attendue mais fragilisée par une faible participation
Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l'organisation au Kenya du nouveau scrutin présidentiel.
Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l'organisation au Kenya du nouveau scrutin présidentiel.
Le Kenya paraissait toujours plus divisé après une présidentielle boycottée par l'opposition et endeuillée par la mort de plusieurs de ses partisans jeudi et vendredi. La faible participation questionne en outre déjà la légitimité du président Uhuru Kenyatta.
Le président sortant était en tête des résultats provisoires qui lui accordaient vendredi 96% des suffrages exprimés, d'après un décompte de la commission électorale par circonscription. Les chiffres de 200 circonscriptions sur 292, compilés par le groupe de presse Daily Nation, montrent que 5,58 millions de personnes ont voté pour M. Kenyatta.
Vendredi matin, le président de la Commission électorale, Wafula Chebukati, avait déclaré que le taux de participation à la présidentielle kényane de jeudi s'était établi à seulement 34,5% des électeurs inscrits. Cela correspond à un total de 6,55 millions de votants. "Restons patients et calmes" dans l'attente des résultats, a-t-il exhorté lors d'un point de presse, se disant "conscient" que les Kényans "veulent maintenant reprendre une vie normale".
Le résultat ne fait donc aucun doute: M. Kenyatta - de l'ethnie majoritaire kikuyu - est assuré de l'emporter, son rival historique, l'opposant Raila Odinga (un Luo), ayant décidé de ne pas participer à ce qu'il a qualifié de "mascarade" électorale.
Ras-le-bol et lassitude
Au vu du chiffre de la participation - à l'opposé du plébiscite souhaité par Uhuru Kenyatta - de nombreux observateurs questionnent déjà sa légitimité. Si confirmé, ce taux serait de loin le plus bas depuis les premières élections multipartites dans le pays en 1992.
Outre le boycott de l'opposition et les menaces contre les électeurs de M. Kenyatta dans les bastions de M. Odinga, nombre de partisans traditionnels du président sortant ne se sont apparemment pas déplacés. Un manque d'engouement qu'expliquent sans doute une lassitude de plus en plus prégnante face aux turpitudes de l'élite politique et un ras-le-bol de la gestion de la crise électorale qui affecte durement l'économie.
"A l'issue de cette élection, le pays est plus fracturé et instable que jamais", a dénoncé le quotidien The Nation dans son éditorial. MM. Kenyatta et Odinga "doivent comprendre (...) que leurs positions antagonistes ne sont plus tenables", juge-t-il.
Nouveaux heurts
Malgré les appels à la retenue des deux camps, des affrontements violents avec la police ont eu lieu jeudi dans de nombreux bastions de l'opposition, où les frustrations et le sentiment de marginalisation ont été exacerbés depuis des années. Le Kenya a connu depuis l'indépendance (1963) trois présidents sur quatre issus de l'ethnie kikuyu, qui domine également l'économie du pays.
Depuis deux jours, au moins six personnes ont été tuées par balle et des dizaines blessées dans des bidonvilles de Nairobi et l'ouest du pays. A Bungoma (ouest), un homme a été tué vendredi lors de nouvelles manifestations de l'opposition et confrontation avec la police, et un autre a succombé aux blessures reçues jeudi à Homa Bay en marge du scrutin, portant de quatre à six le nombre de tués, a-t-on appris de sources policière et hospitalière.
Au moins 46 personnes ont été tuées depuis le 8 août, la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police. Ces heurts ravivent les terribles souvenirs de la présidentielle de fin 2007 qui avait débouché sur les pires violences politico-ethniques depuis l'indépendance et fait au moins 1100 morts.
Dans quatre des 47 comtés du pays (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya), majoritairement peuplés par l'ethnie luo, la présidentielle a été reportée à samedi par la Commission électorale, le vote n'ayant pas pu avoir lieu dans des conditions acceptables. Mais en raison des menaces pesant sur le personnel électoral, la commission électorale a décidé de "reporter l'élection qui devait avoir lieu samedi à une date qui sera annoncée dans les jours prochains".
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