Revers cinglant Kiev salue une «victoire importante» après le retrait russe

ATS

11.11.2022 - 14:43

La diplomatie ukrainienne a salué vendredi «une victoire importante» après l'annonce du retrait russe du nord de la région ukrainienne de Kherson (sud). Un nouveau revers cinglant après près de neuf mois de campagne militaire en Ukraine.

Des secouristes transportent le corps sans vie d'une victime trouvée sous les ruines après un bombardement nocturne à Mykolaïv.
Des secouristes transportent le corps sans vie d'une victime trouvée sous les ruines après un bombardement nocturne à Mykolaïv.
ATS

11.11.2022 - 14:43

Ce repli est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant renoncé au printemps à prendre Kiev, avant d'être défaite dans le nord-est en septembre, abandonnant la quasi-totalité de la région de Kharkiv.

«L'Ukraine est en train de remporter une autre victoire importante en ce moment et prouve que, quoi que dise ou fasse la Russie, l'Ukraine gagnera», a affirmé sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba.

Poster arraché

Il a diffusé sur son compte une vidéo montrant, selon lui, des résidents de la localité de Bilozerka, à quelques kilomètres de la ville de Kherson, en train d'arracher un gigantesque poster proclamant «la Russie est là pour toujours».

Le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, a publié lui des photos de civils brandissant des drapeaux ukrainiens à Kherson. L'armée ukrainienne n'a pas annoncé dans l'immédiat être entrée dans la capitale régionale.

«Redéploiement» achevé

En début d'après-midi vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé à 05h00 de Moscou"le redéploiement» de ses unités de la rive droite du fleuve Dniepr, où se trouve Kherson, vers celle de gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire.

Ce repli a tout du camouflet, Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre, lors d'une cérémonie en grande pompe au Kremlin puis d'une fête sur la Place Rouge, l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.

Le président russe avait aussi prévenu qu'il défendrait «par tous les moyens» ce qu'il considère comme des territoires russes, brandissant ainsi à demi-mot la menace d'un recours à l'arme nucléaire.

«Toujours dans la Fédération de Russie»

Mais confrontée à une contre-offensive ukrainienne lancée à la fin de l'été, l'armée russe avait annoncé mercredi qu'elle abandonnait la partie nord de la région de Kherson, dont sa capitale éponyme, située sur rive droite du Dniepr, pour consolider des positions de l'autre côté de ce fleuve, une barrière naturelle.

En dépit de cette retraite, la zone reste «un sujet de la Fédération de Russie», a estimé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Il ne peut y avoir aucun changement», a-t-il ajouté dans le premier commentaire de la présidence russe sur ce repli.

M. Peskov a ajouté que le Kremlin «ne regrette pas» sa cérémonie d'annexion de septembre, se refusant à tout autre commentaire sur cette retraite, la deuxième d'ampleur après le repli en septembre de la région de Kharkiv (nord-est).

Malgré la mobilisation de réservistes

La décision de se retirer dans le sud ukrainien est d'autant plus remarquable que Vladimir Poutine avait ordonné le 21 septembre la mobilisation de quelque 300'000 réservistes pour consolider justement les lignes russes en difficulté.

L'agence de presse d'Etat Ria Novosti a diffusé des images filmées de nuit de véhicules militaires russes quittant Kherson, indiquant qu'ils empruntaient le pont Antonovski enjambant le fleuve Dniepr.

Viaduc détruit

Plusieurs correspondants russes ont indiqué que le viaduc a ensuite été détruit, sans dire si l'armée russe l'avait dynamité où s'il s'agissait du résultat de frappes ukrainiennes. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent cette infrastructure routière détruite.

L'Ukraine a pilonné des semaines durant ce pont, le seul de la cité de Kherson, sans pour autant le détruire, pour le rendre difficile à emprunter par les forces russes, coupant ainsi les lignes d'approvisionnements russes et forçant Moscou à décider du repli.

Une douzaine de localités reprises

Une douzaine de localités du nord de la région de Kherson, sur la rive droite du Dniepr, ont déjà été reprises par l'armée ukrainienne, a annoncé Kiev jeudi.

L'état-major ukrainien s'est borné à dire vendredi matin que son offensive dans la journée «continuait» et que ses résultats seront communiqués «ultérieurement».

L'Ukraine s'est montrée ces deux derniers jours très prudente quant au repli russe de Kherson, craignant une feinte, où que l'armée russe ne mine toute la zone pour rendre le plus difficile possible le retour des forces ukrainiennes.

Infrastructure énergétique visée

La Russie a en outre continué de mener des frappes à travers l'Ukraine, dont une partie de l'infrastructure énergétique a été détruite ces dernières semaines, entraînant des coupures d'électricité dans une large partie du pays, notamment à Kiev, la capitale.

Une frappe a encore visé, dans la nuit de jeudi à vendredi, Mykolaïv, cité du sud ukrainien à une centaine de kilomètres de Kherson.

Un immeuble d'habitation de cinq étages y a été entièrement détruit, faisant au moins sept morts, selon le chef de l'administration régionale, Vitaliï Kim, qui a dénoncé sur Telegram «une réponse cynique de l'Etat terroriste à nos succès sur le front».

Les combats font rage à l'est

Sur le front de l'est, les combats continuent aussi de faire rage, en particulier à Bakhmout, une ville que Moscou tente de conquérir depuis l'été et principal champ de bataille où l'armée russe, appuyée par les hommes du groupe paramilitaire Wagner, reste à l'offensive.

Selon la présidence ukrainienne, quatorze civils ont été tués jeudi, huit dans la région de Donetsk (est) et six dans celle de Mykolaïv.

ATS