«Dérapage de Macron» L'Algérie rappelle son ambassadeur en France

ATS

3.10.2021 - 08:45

L'Algérie a annoncé samedi le «rappel immédiat pour consultation» de son ambassadeur à Paris. Elle a expliqué cette décision par son «rejet catégorique» de déclarations attribuées au président français Emmanuel Macron évoquant notamment «un système politico-militaire» au pouvoir à Alger.

3.10.2021 - 08:45

La présidence algérienne a réagi à des «propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément» à M. Macron. (archives)
La présidence algérienne a réagi à des «propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément» à M. Macron. (archives)
KEYSTONE

Dans un communiqué, la présidence algérienne a dit exprimer son «rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures» en précisant réagir à des «propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément» à M. Macron. En raison d'une «situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables», Alger a décidé «le rappel immédiat pour consultation» de son ambassadeur à Paris Mohamed Antar-Daoud.

Avant-même qu'Alger diffuse un deuxième communiqué expliquant sa courte annonce initiale via la télévision publique, les médias algériens avaient diffusé largement des déclarations prêtées à M. Macron publiées par le journal Le Monde samedi matin, en les qualifiant d'«acerbes» et de «dérapage».

Relations déjà tendues

Selon un article qui relate une rencontre jeudi entre le président et de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie (1954-1962), le président français estimerait qu'après son indépendance en 1962, l'Algérie s'est construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire».

Selon Le Monde, M. Macron a évoqué aussi «une histoire officielle totalement réécrite» qui «ne s'appuie pas sur des vérités» mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France».

Les relations entre Paris et Alger étaient déjà tendues. Mercredi, l'ambassadeur de France François Gouyette avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères algérien pour se voir notifier «une protestation formelle» après la décision de Paris de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens souhaitant se rendre en France.

À ce propos, dans l'article du Monde, M. Macron souligne à l'attention de ses jeunes interlocuteurs que la réduction des visas n'aura «pas d'impact» pour les étudiants et milieux d'affaires. En revanche, ajoute-t-il, l'idée est «d'ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant» et qui «avaient l'habitude de demander des visas facilement».

Vives réactions

Le journal privé El Watan consacre sa Une de dimanche au «dérapage de Macron», avec une ligne où il estime que «le président français a émis des critiques acerbes vis-à-vis des dirigeants algériens».

Pour les médias locaux, un autre passage des déclarations de M. Macron est une pomme de discorde. «Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question», se serait interrogé le président français, en rappelant qu'il y a eu «de précédentes colonisations». Avant de se dire, selon Le Monde, «fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée», en allusion à l'Empire ottoman.

Les déclarations attribuées au président français ont provoqué une tempête aussi sur les réseaux sociaux, beaucoup reliant les déclarations de M. Macron à la campagne présidentielle en France «pour couper l'herbe sous le pied de (Eric) Zemmour», un journaliste polémiste qui marche sur les plate-bandes de l'extrême droite et se dit décidé à être candidat.

ATS