Etats-Unis L'angoisse de l'expulsion aux Etats-Unis

ATS

14.7.2019 - 17:17

Des milliers d'immigrés clandestins attendaient dans l'angoisse aux Etats-Unis la vague de descentes de police annoncée pour dimanche par le président Donald Trump. Il s'agit d'un préalable à une opération d'expulsions qu'il considère comme une «obligation».

Des agents de la police de l'immigration (ICE) étaient attendus dans les rues d'au moins dix grandes villes américaines pour arrêter quelque 2000 personnes en situation irrégulière. Mais peu avant le milieu de la matinée, aucune descente d'ampleur ne semblait avoir été constatée.

Interrogé sur la chaîne CNN, le responsable des services d'immigration Ken Cuccinelli a refusé de donner des précisions sur les opérations programmées dimanche.

L'incertitude

Le spectre de cette vague d'interpellations s'annonce beaucoup plus réduit que les «millions» prédits par Donald Trump en juin à l'aube d'une opération finalement repoussée. Mais l'inquiétude, elle, est la même chez tous ceux susceptibles d'être visés.

D'autant que, selon plusieurs médias, les autorités de l'immigration comptent également expulser des clandestins arrêtés pendant une descente mais ne figurant pas initialement sur la liste des personnes recherchées.

«Cette incertitude, cette peur, font des ravages, c'est incontestable», a déclaré Lori Lightfoot, maire démocrate de Chicago, sur CNN. «Cela traumatise les gens.»

«Beaucoup de maires les réclament», avait au contraire assuré vendredi Donald Trump au sujet de ces coups de filet. «La plupart, parce qu'ils ne veulent pas de crimes dans leurs villes et leurs Etats».

«Coup politique»

Certains édiles, au relais d'associations de défense des droits humains, ont publiquement rappelé leurs droits aux personnes en situation irrégulière et les ont invitées à les exercer, le cas échéant.

«Si vous craignez d'être expulsé, restez chez vous dimanche, ou déplacez-vous en groupes», a prévenu samedi Keisha Bottoms, maire d'Atlanta, sur CNN. «Si quelqu'un frappe à votre porte, n'ouvrez pas, s'il-vous-plaît, à moins qu'il n'ait un mandat.»

«C'est un coup politique pour convaincre beaucoup de gens qu'aux Etats-Unis, les problèmes viennent des immigrés», a estimé Bill de Blasio, maire de New York, sur la chaîne MNSBC.

Pas des sans-papiers

De nombreux conservateurs ont rappelé que l'administration démocrate de Barack Obama avait expulsé 409'849 personnes en 2012, contre 256'085 sous celle de Donald Trump en 2018.

«Ce ne sont pas des sans-papiers», a fait valoir Ken Cuccinelli au sujet des personnes qui pourraient être interpellées dimanche. «Elles ont reçu une décision de justice, qui leur indique que leur dossier a été examiné et qu'elles doivent quitter le territoire. Ce sont ces gens-là qui sont concernés.»

«Le gouvernement Trump n'est plus crédible sur ces sujets», a rétorqué Bill de Blasio sur CNN dimanche. «Ils s'en sont pris (par le passé) à des gens qui n'avaient commis aucun délit, qui n'étaient pas l'objet d'une procédure» d'expulsion.

Nouvel afflux

Beaucoup s'inquiètent d'un nouvel afflux de clandestins arrêtés par les autorités alors que les centres de rétention sont déjà surpeuplés. Les Etats-Unis sont, en effet, confrontés depuis plus d'un an à une crise migratoire à leur frontière avec le Mexique, franchie chaque mois par des milliers de personnes originaires d'Amérique centrale fuyant violence et misère dans leur pays.

Des dizaines de manifestations ont été organisées vendredi et samedi dans tout le pays pour réclamer la fermeture des centres de rétention situés à la frontière. Plusieurs médias américains ont fait état de centres où étaient détenus des enfants de moins de douze ans, sans leurs parents, dans des conditions d'hygiène inquiétantes.

Donald Trump a martelé dimanche sur Twitter que les centres de détention hébergeant des enfants étaient «bien tenus et propres», prenant en exemple la visite, ouverte aux médias, du vice-président Mike Pence vendredi dans deux établissements au Texas.

Mais plusieurs journalistes présents ont indiqué que des enfants avaient notamment dit à Mike Pence qu'ils n'avaient pas de possibilité de se laver. Quant aux adultes, plusieurs centaines d'hommes étaient parqués dans une cage aux dimensions insuffisantes, dormant à même le sol.

La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique:

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