Pas de coup d'Etat L'armée birmane assure qu'elle respectera la Constitution

ATS

30.1.2021 - 12:02

L'armée birmane a assuré samedi respecter la Constitution. Elle prend ainsi le contre-pied des déclarations de son commandant en chef qui avait fait craindre un coup d'Etat.

Le général Min Aung Hlaing avait déclaré que l'abolition de la constitution de 2008 pourrait être "nécessaire" dans certaines circonstances (archives).
Le général Min Aung Hlaing avait déclaré que l'abolition de la constitution de 2008 pourrait être "nécessaire" dans certaines circonstances (archives).
ATS

L'armée «respecte la constitution actuelle (...) et respectera la loi en la défendant», a-t-elle affirmé dans une déclaration. Selon elle, des «organisations et médias ont mal interprété le discours du commandant en chef et l'ont formulé de leur point de vue».

Depuis plusieurs semaines, la puissante armée birmane a dénoncé de nombreuses irrégularités lors des législatives de novembre, massivement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi.

La tension est montée d'un cran mardi lorsqu'un porte-parole de l'armée n'a pas exclu la possibilité d'un coup d'Etat. Le lendemain, le chef de l'armée Min Aung Hlaing – sans doute la personne la plus puissante du pays – a déclaré que l'abolition de la Constitution de 2008 pourrait être «nécessaire» dans certaines circonstances.

Onde de choc

Ses commentaires – traduits en anglais et publiés dans le journal Myawady, géré par l'armée – ont provoqué une onde de choc dans la démocratie naissante. La dernière dissolution de la Constitution birmane remonte à 1988, lorsque l'armée avait rétabli une junte au pouvoir après un soulèvement populaire.

Les déclarations du général sur la Constitution, même s'ils n'évoquaient pas directement la possibilité d'un coup d'Etat, ont alarmé plus d'une douzaine de représentations diplomatiques étrangères ainsi que l'ONU, tandis que les petits partis politiques ont appelé à un dialogue entre Aung San Suu Kyi et les militaires.

Listes électorales en cause

L'armée estime que dix millions de cas de fraude ont eu lieu dans les bureaux de vote en novembre. Elle demande à la commission électorale de publier les listes électorales aux fins de vérification. La commission réfute pour sa part toute fraude, en admettant toutefois qu'il y a eu des «failles» dans les listes.

La LND a remporté une victoire écrasante en novembre. Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte qui a régné pendant un demi-siècle sur le pays. L'armée conserve toutefois un pouvoir très important, ayant la main sur trois ministères clés (Intérieur, Défense et Frontières).

L'historien et auteur Thant Myint-U a déclaré que «la priorité est maintenant de protéger le chemin incroyablement étroit du Myanmar vers la démocratie». «Mais il est tout aussi important de trouver une solution à la crise actuelle qui ne nuise pas aux perspectives de paix future», a-t-il déclaré à l'AFP.

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