Civils piégés L'armée israélienne étend son offensive dans le sud de Gaza

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5.12.2023 - 23:06

L'armée israélienne a dit mardi être aux prises avec le Hamas dans Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza assiégée. L'ONU redoute un «scénario infernal» pour les civils, confinés dans un périmètre de plus en plus réduit.

Des Palestiniens se frayent un chemin à travers les décombres après les frappes aériennes israéliennes sur Deir Al Balah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 décembre 2023.
Des Palestiniens se frayent un chemin à travers les décombres après les frappes aériennes israéliennes sur Deir Al Balah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 décembre 2023.
KEYSTONE

5.12.2023 - 23:06

Depuis la reprise des combats le 1er décembre après l'expiration d'une trêve de sept jours, l'armée a resserré l'étau sur le sud de Gaza, où des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d'échapper aux bombes et aux combats.

«Nous sommes (...) au coeur de Khan Younès», a affirmé mardi le général israélien Yaron Finkelman, chef du Commandement Sud, estimant qu'il s'agit du «jour le plus intense depuis le début de l'offensive terrestre» israélienne. «La terre a tremblé à Khan Younès et Jabaliya», a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Aujourd'hui, nous avons agi avec une puissance immense», s'est-il félicité.

Plus tôt, le responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn, s'inquiétait lui que «la situation empire d'heure en heure» à Gaza. «Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité», a-t-il affirmé.

«Scénario infernal»

À pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur le toit de leur voiture, de nombreux civils ont continué de fuir mardi Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre, vers la ville voisine de Rafah, encore plus au sud, près de la frontière fermée avec l'Egypte. La nuit précédente, des frappes ont fait des dizaines de morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas, notamment 25 morts dans une école de Khan Younès abritant des déplacés.

L'armée israélienne largue chaque jour sur la ville des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l'ONU a jugé «impossible» de mettre en oeuvre des zones sécurisées telles que désignées par Israël.

Mardi, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol. Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), l'hôpital, à court de personnel et de fournitures, abrite plus de 1000 patients et 17'000 déplacés.

«Un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre», a averti la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens, la Canadienne Lynn Hastings.

Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a lui affirmé que «l'anéantissement de Gaza figure désormais parmi les pires attaques de notre époque à l'encontre de populations civiles».

«Retour de tout le monde»

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16'248 personnes, à plus 70% des femmes et enfants et adolescents, ont été tuées depuis le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza le 7 octobre.

En Israël, l'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. 82 soldats israéliens ont été tués dans l'enclave palestinienne depuis le début des opérations israéliennes, a annoncé l'armée mardi soir.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Des familles d'otages ont de nouveau réclamé mardi une mobilisation internationale pour obtenir leur libération au 60e jour de leur captivité, marqué par une nouvelle rencontre avec Benjamin Netanyahu, qui a répété oeuvrer «pour le retour de tout le monde».

Les bombardements et les combats faisaient aussi rage dans le nord de Gaza, où l'armée a annoncé avoir «pris le contrôle de positions importantes» du Hamas, dont la branche armée continue de tirer des roquettes vers Israël, en grande majorité interceptées. L'armée israélienne, qui y contrôle désormais plusieurs secteurs, a mené des opérations «dans la région de Jabaliya» (nord), le plus grand camp de réfugiés palestiniens du territoire, actuellement encerclé.

Deux morts au Liban

Selon l'ONU, 1,8 million de personnes, soit les trois quarts environ de la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où les frappes ont détruit ou endommagé plus de la moitié des habitations.

Les besoins sont immenses dans le territoire soumis à un siège total par Israël depuis le 9 octobre, qui a provoqué de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments, d'électricité et de carburant. L'aide humanitaire, à l'exception des sept jours de trêve, n'y entre qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte, soumise au feu vert d'Israël.

La guerre à Gaza a aussi ravivé la tension à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, allié du Hamas. Mardi, deux personnes, dont un soldat, ont été tuées dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, selon l'armée et l'agence de presse officielle.

En Cisjordanie occupée, en proie également à une intensification des violences, un Palestinien a été tué mardi lors d'une opération de l'armée israélienne, selon les autorités palestiniennes et une ONG. Depuis le 7 octobre, au moins 255 Palestiniens y ont été tués par l'armée ou des colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.

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