Egypte L'Egypte vote pour prolonger Sissi

ATS

20.4.2019 - 14:42

Abdel Fattah al-Sissi a été élu président en 2014, avec 96,9% des voix, un an après avoir renversé avec l'armée et sur fond de mécontentement populaire, le président islamiste élu Mohamed Morsi. Il a été réélu en 2018, avec 97,08% des voix, sans qu'aucun rival sérieux ne puisse le défier (archives).
Abdel Fattah al-Sissi a été élu président en 2014, avec 96,9% des voix, un an après avoir renversé avec l'armée et sur fond de mécontentement populaire, le président islamiste élu Mohamed Morsi. Il a été réélu en 2018, avec 97,08% des voix, sans qu'aucun rival sérieux ne puisse le défier (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/LEGNAN KOULA

Les Egyptiens votent samedi lors d'un référendum sans suspense sur une révision constitutionnelle. Elle devrait permettre à Abdel Fattah al-Sissi, président depuis 2014, de prolonger son mandat et de consolider son pouvoir.

M. Sissi a déposé son bulletin dans l'urne au Caire dès l'ouverture des bureaux de vote à 09h00, selon des images de la télévision d'Etat. Les 62 millions d'Egyptiens convoqués aux urnes ont de samedi à lundi, entre 09h00 à 21h00, pour dire «oui» ou «non» aux changements de la Constitution.

Samedi matin, des chants patriotiques étaient diffusés à l'extérieur des bureaux de vote décorés aux couleurs nationales et placés sous haute protection de la police et de l'armée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Un président qui remplit son rôle

Mohamed Abdel Salam, un électeur cairote de 45 ans a voté «oui». «Peu m'importe le mandat présidentiel, tant qu'il (le président) est fonctionnel et remplit son rôle... et Sissi a déjà fait beaucoup», a-t-il dit à l'AFP.

Un peu plus loin, un électeur trentenaire se rendant aux urnes avec ses collègues a préféré garder l'anonymat. «Nous sommes les employés d'une entreprise, on nous a demandé d'aller voter», a-t-il lâché.

Les résultats du scrutin, qui devraient sans surprise être favorable à M. Sissi, seront proclamés le 27 avril.

Six ans

Depuis des semaines, les rues du Caire et d'autres villes ont vu fleurir des banderoles appelant à voter «oui» à la révision de la Constitution de 2014, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le Parlement a approuvé mardi à une écrasante majorité les amendements constitutionnels, et les dates du référendum qui doit entériner ces modifications ont été annoncées le lendemain.

Les nouvelles dispositions permettent de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant son terme à 2024. Le chef de l'Etat pourrait ensuite se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui le reconduirait jusqu'en 2030.

«Peu d'opposition publique»

Cette série d'amendements «est sans précédent dans l'histoire (moderne) de l'Egypte», estime Mustapha El-Sayyid, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire. Pour M. Sayyid, ces amendements renforceraient le pouvoir «d'un individu sur tous les autres». «Un retour en arrière sera très difficile, car qui abandonnerait tant de pouvoir?«, s'interroge-t-il.

Outre la durée du mandat présidentiel, la révision doit accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, pilier du régime. Il prévoit aussi un quota de 25% de femmes au Parlement.

Dans une lettre publiée jeudi, le cabinet d'analyse sécuritaire Soufan Center avance qu'«il n'y a que peu d'opposition publique aux changements constitutionnels, résultat probable de la nature oppressive du gouvernement».

Samedi, l'ONG Human Rights Watch a appelé le pouvoir égyptien a cesser le processus d'amendement de la Constitution en estimant que les changements ne feraient que «consolider le pouvoir autoritaire» en Egypte.

M. Sissi a été élu président en 2014, avec 96,9% des voix, un an après avoir renversé avec l'armée et sur fond de mécontentement populaire, le président islamiste élu Mohamed Morsi. Il a été réélu en 2018, avec 97,08% des voix, sans qu'aucun rival sérieux ne puisse le défier.

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