BarbarieL'Equateur en état de choc après la barbarie dans trois prisons
ATS
25.2.2021 - 06:47
Des cadavres ensanglantés, certains décapités, empilés pour être brûlés: l'Equateur était mercredi horrifié par les violences survenues la veille dans plusieurs prisons en proie à une guerre des gangs. Au total, 79 détenus ont été tués en cette seule journée.
Il s'agissait «d'une extermination entre bandes criminelles», a déclaré le président Lenin Moreno, au lendemain de ce qu'il a qualifié de «barbarie».
Une série d'émeutes et d'affrontements ont éclaté de façon simultanée mardi entre des gangs se disputant le contrôle des prisons à Guayaquil, Cuenca et Latacunga. Le dernier bilan a été établi mercredi à 79 morts: 37 à Guayaquil, 34 à Cuenca et huit à Latacunga, selon le directeur du système pénitentiaire (SNAI).
D'autres détenus, ainsi que des policiers, ont été blessés, mais leur nombre total n'a pas été précisé. Le parquet a indiqué que plus de 20 détenus et policiers avaient été blessés rien qu'à Guayaquil.
C'est un «massacre sans précédent» qui a eu lieu mardi, a déploré le défenseur du peuple, entité publique chargée de la protection des droits fondamentaux. A Cuenca, «environ 18 cadavres ont été décapités et on a même tenté d'en brûler certains», a indiqué le procureur local.
Attaque coordonnée d'un gang
Le gouvernement a attribué ces violences à une attaque coordonnée d'un gang de trafiquants de drogue pour éliminer une bande rivale. «Ce n'est pas un hasard. Cela a été organisé de l'extérieur des prisons et orchestré en interne par ceux qui s'en disputent le contrôle, ainsi que le trafic de drogue sur tout le territoire national», a ajouté le président Moreno.
Les autorités ont fait état d'au moins quatre gangs opérant dans ces prisons: Los Pipos, Los Lobos, Tigrones et Chone Killers. Face à la crise, le président Moreno a ordonné un renfort de l'armée pour procéder au «contrôle d'armes, d'explosifs et de munitions aux abords des centres pénitentiaires 24 heures sur 24 et le temps que ce sera nécessaire».
Lors d'une des opérations ayant suivi les affrontements à Guayaquil, «des armes à feu, couteaux, machettes, téléphones portables et drogues ont été saisis», a déclaré le procureur local. «Les armes ont été utilisées dans les agressions entre détenus», a-t-il ajouté.
Les autorités ont assuré avoir repris le contrôle des prisons. Mais une nouvelle mutinerie a débuté mercredi soir dans l'une des prisons de Guayaquil, a annoncé le chef de la police. Il n'avait pas à ce moment d'indications sur d'éventuelles victimes, mais a évoqué sur Twitter «l'agressivité et l'irrationalité des groupes de délinquants».
L'Equateur compte environ 60 centres pénitentiaires d'une capacité de 29'000 places. Mais la surpopulation avoisine les 30%: 38'000 détenus, surveillés par 1500 gardiens, alors que, selon des experts, il en faudrait 4000 pour un contrôle efficace.