Tout peut dégénérerL'esplanade des Mosquées, à la fois lieu saint et poudrière
ATS
3.1.2023 - 11:54
L'esplanade des Mosquées, où le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale et figure de l'extrême droite, Itamar Ben Gvir, s'est rendu mardi, est un lieu ultra-sensible situé dans la Vieille ville de Jérusalem.
Keystone-SDA
03.01.2023, 11:54
ATS
Appelé Mont du Temple par les Juifs, ce troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme est une poudrière où le moindre incident peut dégénérer.
Construction au VIIe siècle
L'esplanade s'étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille ville de Jérusalem. Elle est située dans le secteur palestinien de la ville, occupé par Israël depuis 1967 puis annexé, et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Appelé Al-Haram al-Charif ("Noble sanctuaire") ou simplement Al-Aqsa par les musulmans, le site abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa ("la plus lointaine"), le sanctuaire le plus lointain où, selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet s'est rendu. Le Dôme du Rocher se dresse sur la pierre d'où il serait monté aux cieux sur sa jument ailée.
L'esplanade est le troisième lieu saint de l'islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète de Médine, en Arabie saoudite. Sa construction a débuté au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar.
Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 et dont le plus important vestige connu, le Mur des Lamentations, est situé en contrebas. Appelée par les Juifs Har HaBayit ("Mont du Temple"), l'esplanade est le site le plus sacré du judaïsme.
Interdit d'y prier
Israël assure ne pas vouloir modifier le statu quo hérité du conflit de 1967 et sa conquête de la partie orientale de la ville. Les règles autorisent les musulmans à monter à toute heure du jour et de la nuit sur l'esplanade et les non-musulmans à y pénétrer à certaines heures mais sans y prier.
Ces dernières années, le nombre de Juifs visitant l'esplanade a augmenté et des ultranationalistes juifs y prient parfois subrepticement après y être montés en simples visiteurs.
Cela crée fréquemment des tensions avec les fidèles musulmans qui craignent que l'Etat hébreu ne tente de modifier les règles qui régissent l'accès à l'esplanade des Mosquées, administrée par la Jordanie mais dont l'accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.
Affrontements sanglants
Le site est un foyer de tensions régulières. En 1996, une décision israélienne d'ouvrir une nouvelle entrée à l'ouest de l'esplanade a provoqué des heurts qui ont fait plus de 80 morts en trois jours.
Le 28 septembre 2000, la visite sur l'esplanade d'Ariel Sharon, alors leader de l'opposition de droite israélienne, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Le lendemain, des heurts sanglants ont opposé Palestiniens et policiers israéliens qui ont tué sept manifestants par balle, marquant le début de la seconde Intifada, ou soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne, après celle de 1987-1993.
En juillet 2017, deux Palestiniens sont tués dans des affrontements avec les forces de l'ordre israéliennes près de Jérusalem, après une semaine de violences provoquées par l'imposition de nouvelles mesures de sécurité à l'entrée de l'esplanade.
En août 2019, des affrontements entre policiers israéliens et fidèles sur l'esplanade des Mosquées ont fait des dizaines de blessés palestiniens lors d'importantes commémorations juive et musulmane.
En 2021, des manifestations nocturnes à Jérusalem-Est et des heurts jusque sur l'esplanade se sont mués en 11 jours de guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël. Au printemps 2022, des affrontements ont éclaté à plusieurs reprises, faisant des centaines de blessés palestiniens sur et autour de l'esplanade.