Etats-Unis L'ex-avocat de Stormy Daniels relâché

ATS

26.3.2019 - 05:03

S'il est reconnu coupable, Michael Avenatti encourt une peine cumulée de plusieurs dizaines d'années de prison (archives).
S'il est reconnu coupable, Michael Avenatti encourt une peine cumulée de plusieurs dizaines d'années de prison (archives).
Source: KEYSTONE/AP Chicago Sun-Times/ASHLEE REZIN/SUN-TIMES

La police fédérale (FBI) a arrêté lundi Michael Avenatti pour tentative d'extorsion contre Nike et d'autres malversations financières. De quoi mettre un coup d'arrêt aux ambitions de l'avocat star qui défendait l'actrice porno Stormy Daniels contre Donald Trump.

Présenté à un juge new-yorkais dans l'après-midi, l'avocat a été remis en liberté en échange d'une caution de 300'000 dollars. Selon des médias américains, il a également dû rendre ses passeports américain et italien, et ses déplacements aux Etats-Unis resteront soumis à autorisation.

La plainte fédérale déposée à New York accuse M. Avenatti d'avoir fait pression sur l'équipementier sportif Nike pour obtenir au moins 22,5 millions de dollars en échange de son silence sur des informations pouvant, selon lui, nuire à la multinationale.

L'avocat de 48 ans fait l'objet d'une plainte distincte en Californie, où il réside et exerce, pour des malversations financières. S'il est reconnu coupable, M. Avenatti encourt une peine cumulée de plusieurs dizaines d'années de prison.

Selon la plainte déposée à New York, dont l'AFP a pu lire une copie, M. Avenatti et un complice laissé dans l'anonymat par le FBI ont rencontré des avocats de Nike le 19 mars. Ils ont menacé de divulguer de supposées «fautes» commises par des employés de la firme «à la veille de l'annonce des résultats trimestriels de Nike et du début du tournoi» universitaire de basketball.

Des criminels

Le jour suivant, au cours d'une conversation téléphonique avec ces mêmes avocats, M. Avenatti avait assuré que si ses demandes n'étaient pas satisfaites, il «réduirait de 10 milliards de dollars la capitalisation boursière de votre client... je ne plaisante pas».

Après avoir marchandé avec ses confrères, Michael Avenatti avait fini par promettre qu'il «disparaîtrait du paysage» s'il recevait 22,5 millions de dollars. «Qualifier ces demandes d'argent d'avance sur honoraires ou de transaction financière ne change rien à l'affaire: il s'agissait de racket», a tranché Geoffrey Berman, procureur de New York où Michael Avenatti a été arrêté lundi matin.

«Lorsque des avocats utilisent leur licence comme une arme, comme un moyen d'extorquer de l'argent, ils ne se comportent plus comme des avocats mais comme des criminels, et ils devront répondre de leur conduite», a-t-il lancé devant des journalistes.

Nike coopère

Moins d'une heure avant l'annonce de son arrestation lundi, Michael Avenatti avait affirmé sur Twitter qu'il allait tenir une conférence de presse mardi matin pour «dévoiler un scandale de grande ampleur, concernant le basket au lycée et à l'université, perpétré par Nike, que nous avons mis au jour».

«Ce comportement criminel touche Nike au plus haut niveau et implique parmi les plus grands noms du championnat de basketball universitaire», avait-il ajouté. Selon le procureur Berman, c'est Nike qui a prévenu les autorités et a déclenché l'enquête.

«Nike ne se laissera pas extorquer (de l'argent) et ne cachera aucune information relative à une enquête gouvernementale», a déclaré la société dans un communiqué, assurant coopérer depuis plus d'un an avec une enquête officielle sur le championnat de basket universitaire. «Nike croit fermement à l'éthique et au fair-play, à la fois dans les affaires et dans le sport, et continuera à aider les services du procureur», a ajouté le communiqué.

«Mépris de la loi et cupidité»

Avec cette arrestation, les autorités fédérales ont également choisi de rendre publiques des accusations de malversations financières pesant sur Michael Avenatti, «résultat de deux ans d'enquête des services fiscaux», selon Nicola Hanna, procureur fédéral en Californie.

L'avocat est notamment accusé d'avoir détourné une grosse somme d'argent versée à l'un de ses clients pour payer ses dépenses et dettes personnelles, ainsi que celles de son cabinet et d'une chaîne de cafés qu'il possède. Il est également soupçonné d'avoir obtenu indûment plusieurs millions de dollars de prêts bancaires en utilisant des documents fiscaux falsifiés.

Pour le procureur Hanna, ce dossier brosse tout simplement «un portrait peu flatteur mêlant mépris de la loi et cupidité», celui d'un «avocat corrompu qui se bat pour ses propres intérêts».

«Etant donné ce que je sais de Michael Avenatti, je suis attristée mais pas choquée», a tweeté son ex-cliente Stormy Daniels. «J'ai pris la décision depuis plus d'un mois de remercier Michael après avoir découvert qu'il s'était comporté avec moi de manière extrêmement malhonnête», a-t-elle ajouté.

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