Finlande L'exécutif pour une adhésion du pays «sans délai» à l'Otan

hl

12.5.2022 - 11:09

Le président et la Première ministre de la Finlande se sont dit favorables jeudi à une adhésion «sans délai» du pays nordique à l'Otan. Cette annonce représente un immense pas vers une candidature qui doit être annoncée dimanche.

Inquiète de la réaction de la Russie à leur probable demande d'adhésion, la Finlande a cherché à obtenir des assurances de protection, à l'image d'accords signés mercredi entre le président finlandais Sauli Niinisto et le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Inquiète de la réaction de la Russie à leur probable demande d'adhésion, la Finlande a cherché à obtenir des assurances de protection, à l'image d'accords signés mercredi entre le président finlandais Sauli Niinisto et le Premier ministre britannique Boris Johnson.
ATS

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Elle aussi hors des alliances militaires depuis des décennies, la Suède voisine devrait également annoncer sa décision dans les tout prochains jours, sans doute après une réunion clé du parti social-démocrate de la Première ministre Magdalena Andersson dimanche.

«Etre membre de l'Otan renforcerait la sécurité de la Finlande. En tant que membre de l'Otan, la Finlande renforcerait l'alliance dans son ensemble. La Finlande doit être candidate à l'adhésion à l'Otan sans délai», ont affirmé le président Sauli Niinistö et la Première ministre Sanna Marin dans un communiqué commun.

Une conférence de presse du tandem exécutif sur les «décisions concernant la politique de sécurité de la Finlande» est prévue dimanche, selon la présidence.

La prise de position officielle des deux dirigeants marque la bascule de la ligne finlandaise, qui partage une frontière de 1300 kilomètres et un passé douloureux avec la Russie. En Finlande, 5,5 millions d'habitants, 76% de la population est désormais en faveur de l'adhésion, selon un sondage publié lundi, soit le triple de son niveau d'avant-guerre.

Une très large majorité des 200 députés au Parlement est acquise, avec des opposants tombés autour d'une dizaine, et la plupart des partis sont désormais favorables – le parti social-démocrate de Sanna Marin doit prendre position en dernier ce samedi.

Neutralité forcée

«Adhérer à l'Otan ne serait contre personne», avait affirmé mercredi soir le président finlandais, en réponse aux mises en garde russes contre une entrée d'Helsinki dans l'alliance. Mais pour le président finlandais, longtemps un avocat du dialogue Est-Ouest, la Russie ne peut s'en prendre qu'à elle-même de voir son voisin rejoindre l'alliance.

«Si nous adhérions (à l'Otan), ma réponse (à la Russie) serait: 'c'est vous qui avez causé cela, regardez-vous dans le miroir'», a affirmé M. Niinistö lors d'une visite du Premier ministre britannique Boris Johnson. Mardi, la commission de la défense du Parlement finlandais avait conclu que l'Otan était «la meilleure option» pour la sécurité de la Finlande après l'invasion russe de l'Ukraine.

Soumise à une forme de neutralité forcée par Moscou durant la Guerre froide, la Finlande avait adhéré à l'Union européenne et au Partenariat pour la Paix de l'Otan après la chute de l'Union soviétique, mais était restée non membre de l'alliance. Ancienne province russe (1809-1917) et envahi par l'Union soviétique en 1939, le pays partage une frontière d'environ 1300 kilomètres avec la Russie.

En quête de protection

La décision formelle sur l'adhésion doit être prise par un Conseil sur la sécurité et la politique étrangère, réunissant le chef de l'Etat, la Première ministre et plusieurs ministres. «On doit espérer que la Suède, notre proche partenaire, fera la même conclusion et que nous pourrons candidater ensemble», a affirmé le ministre finlandais de la Défense Antti Kaikkonen sur son blog.

Côté suédois, une revue stratégique préparée par le gouvernement et les partis au Parlement est rendue publique vendredi, avant une réunion sans doute décisive du parti social-démocrate au pouvoir dimanche.

Inquiètes de la réaction de la Russie à leurs probables demandes d'adhésion, les deux pays ont déjà cherché à obtenir des assurances de protection pendant les mois nécessaires à leur entrée formelle dans l'Alliance atlantique, à l'image d'accord signés mercredi avec Londres.

Flou de Moscou

Les deux pays, membres de l'Union européenne, peuvent aussi compter sur l'article 42.7 d'assistance mutuelle des traités européens, a souligné jeudi le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto devant le Parlement européen.

Cette période, qui implique notamment une ratification par les Parlements de chacun des 30 membres actuels de l'Alliance, peut prendre plusieurs mois. Le flou demeure sur la réponse de Moscou.

«Tout ce qui est lié aux actions susceptibles de modifier, d'une manière ou d'une autre, la configuration de l'Alliance près de nos frontières, nous le suivons de la manière la plus attentive», a déclaré mercredi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.