Carnet noirLa Chine pleure une figure politique populaire
clsi
27.10.2023 - 13:32
L'ancien Premier ministre chinois Li Keqiang, en poste de 2013 à 2023 mais éclipsé durant son mandat par la toute puissance du président Xi Jinping, est mort subitement vendredi d'une crise cardiaque. Il avait 68 ans.
clsi
27.10.2023, 13:32
ATS
Un temps pressenti pour devenir chef de l'Etat, il avait finalement vu Xi Jinping lui ravir le poste. Les deux hommes ont toutefois formé un duo à la tête du pays durant une décennie.
«Le camarade Li Keqiang prenait dernièrement du repos à Shanghai. Le 26 octobre, il a eu une crise cardiaque soudaine et est décédé à 00h10 le 27 octobre après que toutes les mesures médicales ont échoué», a rapporté l'agence de presse Chine nouvelle.
Figure populaire en Chine, s'exprimant régulièrement sur les sujets de préoccupation des Chinois les plus modestes, Li Keqiang avait été remplacé à son poste de Premier ministre en mars par Li Qiang – un proche de Xi Jinping. Une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé les «profondes condoléances» de la Chine.
Economie ouverte
Économiste de formation, parlant couramment l'anglais, Li Keqiang était partisan d'une politique économique pragmatique, très ouverte aux investissements étrangers et très focalisée sur le soutien à l'emploi.
Mais l'autorité grandissante du président sur les questions économiques, un domaine devenu très politique, ne lui a pas permis d'avoir les coudées franches durant son mandat.
«Son plus grand héritage politique sera d'avoir travaillé sans relâche à l'amélioration de l'environnement d'affaires» dans le pays asiatique, déclare Wang Jiangyu, directeur du Centre de droit chinois et comparé à l'Université municipale de Hong Kong.
«Il a, à lui seul, fait de la Chine une destination d'investissement relativement attrayante», affirme-t-il. «Il voulait aussi que la Chine soit véritablement connectée avec le reste du monde. Tout cela fera, je pense, qu'il sera encore plus admiré au fil du temps.»
Le remplacement en mars de Li Keqiang par Li Qiang, ex-chef du Parti communiste chinois (PCC) à Shanghai et homme de confiance de Xi Jinping, avait été perçu comme un signe que son programme économique était tombé en désuétude au moment où le gouvernement resserre son emprise sur une économie chinoise en perte de vitesse.
Dès 1976 au parti communiste
Envoyé comme de nombreux autres jeunes à la campagne durant la tumultueuse Révolution culturelle (1966-1976), Li Keqiang a fait son entrée jeune en politique. En 1976, à 21 ans, il rejoint le PCC et devient chef du Parti communiste d'une brigade de production dans sa province natale de l'Anhui.
Durant les premières années des réformes économiques libérales de l'ex-numéro un chinois Deng Xiaoping au début des années 1980, il suit des études de droit à la prestigieuse Université de Pékin, complétées plus tard par un doctorat en économie rurale.
Puis, jusque dans les années 1990, sous la houlette du futur président Hu Jintao, il grimpe les échelons de la Ligue de la jeunesse communiste, pépinière de cadres du parti. Il prend ensuite la tête des provinces du Henan, l'une des plus peuplées du pays, puis du Liaoning, un bastion industriel.
Critique des statistiques
Lorsqu'il dirigeait le Henan au début des années 2000, les autorités provinciales avaient systématiquement entravé le travail des ONG et des journalistes chinois pour faire la lumière sur un énorme scandale de sang contaminé par le virus du sida.
Li Keqiang s'était toutefois fait connaître pour son sens critique, un câble diplomatique publié en 2010 par Wikileaks révélant notamment qu'il doutait de la fiabilité des statistiques économiques chinoises.
Perçu en Chine comme un homme politique compétent, notamment en matière économique, Li Keqiang était devenu numéro deux du PCC en 2012. Sous le mandat de Li Keqiang, la croissance chinoise, toujours solide, a toutefois commencé à ralentir, après avoir atteint des sommets dans les années 1990 et 2000.
Lorsque l'ex-Premier ministre a quitté ses fonctions en mars, l'économie nationale se remettait du ralentissement induit par le Covid et affrontait une crise du marché immobilier qui se poursuit toujours aujourd'hui.