Nouvelle politique électoraleLégislatives kazakhes sur fond de timide ouverture démocratique
ATS
19.3.2023 - 15:52
Le Kazakhstan a voté dimanche pour élire son parlement Ces législatives anticipées pourraient voir des candidats indépendants être élus députés, signe d'une timide ouverture démocratique malgré les réflexes autoritaires persistants du plus grand pays d'Asie centrale.
Keystone-SDA
19.03.2023, 15:52
19.03.2023, 16:37
ATS
La majorité des bureaux de vote, où étaient appelés quelque 12 millions d'électeurs, ont fermé à 14h00 suisses, le pays ayant deux fuseaux horaires. Les premières estimations des résultats sont attendues dans la nuit.
Parmi les nouveautés de ce scrutin, les candidats non affiliés à des partis peuvent se présenter, une première depuis 2004. Le seuil pour entrer à la Majilis (chambre basse du Parlement comptant 98 élus) a été abaissé à 5% et un quota de 30% pour les femmes, les jeunes et les personnes souffrant de handicap a été introduit.
Ces changements ont quelque peu ravivé le paysage politique ankylosé de cette ex-république soviétique frontalière de la Russie et de la Chine, encore marquée par les émeutes meurtrières de janvier 2022.
«Garder le pouvoir»
Sous la précédente législature, seuls trois partis étaient représentés. Tous soutenaient le président Kassym-Jomart Tokaïev, facilement réélu avec plus de 80% des voix en novembre lors d'un scrutin sans réelle concurrence.
«Le système électoral a changé et donne l'impression du choix. Mais en réalité, le président et son administration gardent entre leurs mains le décompte des voix», tempère pour l'AFP le politologue Dimach Aljanov. «Dans un pays autoritaire, les élections sont faites pour garder le pouvoir, pas pour le remplacer», relève M. Aljanov.
Ces élections, qui concernent aussi les Parlements locaux, surviennent à la suite de la réforme constitutionnelle de 2022 impulsée par M. Tokaïev, au pouvoir depuis 2019.
«Modernisation» en cours
Le dirigeant de 69 ans affiche sa volonté de «poursuivre la modernisation» entamée l'an dernier de ce pays riche en ressources naturelles. Car les fortes inégalités et la corruption n'ont pas disparu et l'inflation, supérieure à 20%, ronge le pouvoir d'achat.
M. Tokaïev a aussi rompu avec son mentor, Noursoultan Nazarbaïev, après les émeutes de janvier 2022. Ces manifestations contre la vie chère avaient embrasé le pays et leur répression a fait officiellement 238 morts.
Après une campagne présidentielle atone en novembre, Almaty, l'une des deux principales villes du pays, a semblé timidement s'éveiller pour ces élections qui coïncident avec l'arrivée du printemps dans cette ville nichée au pied d'imposantes montagnes.
Sur les vitres des restaurants, les barrières de chantier ou les lampadaires, les affiches ont fleuri de façon anarchique. Et les slogans souvent abscons, comme «l'ordre se trouve là où est la vérité», «avec moi, il n'y a pas de bazar» ou encore «je n'abandonne pas le peuple» accompagnent des programmes peu clairs.
Sept partis en lice
Au total, sept partis participent à ce scrutin, dont deux nouveaux enregistrés en peu de temps. Mais plusieurs formations d'opposition et des candidats indépendants restent interdits.
Mais cette abondance de candidats, avec qui plus est deux élections le même jour, peut en désorienter certains. De nombreux électeurs n'avaient pas fait leur choix en se rendant aux urnes. Et pour réchauffer les indécis, de la nourriture et des boissons étaient offertes devant les bureaux de vote pour célébrer la fête musulmane de Norouz.
L'analyste Andreï Tchebotarev estime qu'«à l'issue de ces élections, quatre ou cinq partis devraient être représentés au Parlement». «Cela est bénéfique pour le pouvoir, car des partis loyaux (envers le président) seront présents au Parlement et le parti présidentiel Amanat conservera la majorité de sièges», explique-t-il.
«D'un autre côté, la diversité des partis aura un impact sur l'acceptation du résultat des élections, tant pour la population qu'au niveau international», conclut M. Tchebotarev.
Malgré cette relative ouverture, M. Tokaïev a d'ores et déjà prévenu que «les personnes semant la discorde dans le pays seront sévèrement punies».