Législatives françaisesL'extrême droite largement en tête au premier tour
mabe, ats
30.6.2024 - 20:08
Le Rassemblement national (RN) et ses alliés arrivent largement en tête du premier tour des élections législatives anticipées en France, avec plus de 34% des voix, selon de premières estimations. Ils pourraient obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Keystone-SDA, mabe, ats
30.06.2024, 20:08
30.06.2024, 20:56
ATS
Avec 34,2 à 34,5% des suffrages, le Rassemblement national (RN) et ses alliés devancent la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), qui obtient 28,5-29,1%, loin devant le camp d'Emmanuel Macron à 20,5-21,5%, lors de ce vote marqué par une participation en forte hausse. Les Républicains (droite) qui n'ont pas fait alliance avec le RN s'établissent à 10%.
Les premières projections en sièges pour la future Assemblée nationale, à prendre avec beaucoup de précautions, créditent le RN et ses alliés d'une forte majorité relative, voire une majorité absolue, à l'issue du deuxième tour qui aura lieu dimanche prochain.
Après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale, annoncée par le président français au soir de la déroute de ses candidats aux élections européennes du 9 juin, le paysage politique devrait être profondément bouleversé.
Mais il s'agit en réalité de 577 scrutins pour choisir autant de députés, et la reconfiguration dépendra des dynamiques d'ici le second tour et des éventuels désistements et consignes de vote dans chaque circonscription. D'autant que le second tour pourrait être marqué par un nombre record de triangulaires.
«Large rassemblement»
«Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour», a affirmé Emmanuel Macron dans une déclaration écrite transmis aux médias dès 20h00.
Il a salué la «participation élevée» qui «témoigne de l'importance de ce vote pour tous nos compatriotes et de la volonté de clarifier la situation politique». «Leur choix démocratique nous oblige», a-t-il ajouté, après avoir réuni les chefs des partis du centre-droit avec lesquels il gouverne depuis 2017.
Le «bloc macroniste» est «pratiquement effacé» après le premier tour, a de son côté estimé la figure de proue de l'extrême droite Marine Le Pen, qui a annoncé sa réélection dès le premier tour dans sa circonscription du Pas-de-Calais (nord).
Alors que le «front républicain» contre l'extrême droite n'a cessé de se fissurer au fil des ans, le président de la République n'a pas totalement clarifié l'attitude à suivre en cas de duels entre le RN et le NFP ou de triangulaires.
Des ténors de son camp semblaient jusqu'ici plutôt pencher pour un «ni RN, ni La France insoumise», le parti de gauche radicale membre du NFP, une position critiquée en interne.
Cohabitation inédite
A gauche, écologistes, socialistes et communistes ont annoncé qu'ils se retireraient si un autre candidat était mieux placé pour faire barrage au RN. Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon est allé dans le même sens en annonçant le retrait des candidats de gauche arrivés en troisième position dimanche.
Avec le meilleur score de son histoire au premier tour d'un scrutin, améliorant celui déjà record des européennes, le RN entrevoit la perspective inédite d'obtenir une majorité relative ou absolue le 7 juillet. Incarné par son jeune président Jordan Bardella, 28 ans, le parti d'extrême droite espère transformer l'essai dans une semaine.
Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'un gouvernement issu de l'extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu'il n'accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.
Il s'agirait aussi d'une cohabitation inédite entre Emmanuel Macron, président pro-européen, et un gouvernement beaucoup plus hostile à l'Union européenne, qui pourrait faire des étincelles sur les prérogatives des deux têtes de l'exécutif, notamment en matière de diplomatie et défense.
Assemblée bloquée?
Un autre scénario possible est celui d'une Assemblée bloquée, sans alliance envisageable entre des camps très polarisés, au risque de plonger la France dans l'inconnu.
Au terme de cette journée qui a vu un fort afflux dans les bureaux de vote, la participation devrait s'établir au moins à 65% des inscrits, selon les instituts de sondage. Soit bien au-delà des 47,51% de 2022, mais en-deçà des 67,9% des dernières législatives organisées après une dissolution, en 1997.