France Blessure à l'oeil d'un «gilet Jaune»: l'hypothèse d'un tir de LBD relancée

ATS

31.1.2019 - 05:22

Le LBD est une arme non létale accusée d'avoir éborgné plusieurs manifestants. Son usage fait l'objet d'une polémique croissante (archives).
Le LBD est une arme non létale accusée d'avoir éborgné plusieurs manifestants. Son usage fait l'objet d'une polémique croissante (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON

Une vidéo amateur diffusée par l'émission de TMC Quotidien et le rapport d'un policier relancent l'hypothèse d'un tir de LBD juste avant la blessure à l'oeil du «gilet jaune» Jérôme Rodrigues samedi place de la Bastille à Paris.

Hospitalisé après avoir été touché à l'oeil droit lors de l'acte 11 des «gilets jaunes», cette figure du mouvement assure avoir été notamment atteinte par un tir de lanceur de balles de défense (LBD). Cette arme non létale est accusée d'avoir éborgné plusieurs manifestants et son usage fait l'objet d'une polémique croissante.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices», a été saisie et les autorités ont jusqu'à présent émis des réserves sur le scénario avancé par M. Rodrigues.

«Je n'ai aucun élément qui me permet de dire qu'il y a eu un usage d'un LBD qui aurait touché M. Rodrigues», a ainsi affirmé dimanche le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez. Il a aussi appelé à être «prudent». Dix-huit tirs de LBD ont été recensés samedi place de la Bastille.

Horaire différent

Selon Le Parisien qui a révélé l'information mercredi soir, un policier en poste dans une compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) a finalement reconnu, dans un rapport adressé mardi à sa hiérarchie, s'être servi de son LBD au moment où M. Rodrigues a été blessé. Un lien entre le tir et la blessure à l'oeil du militant n'a toutefois pas pu être formellement établi.

Comme l'impose la procédure, ce tir avait été préalablement signalé parmi les 18 utilisations de LBD. Mais l'horaire renseigné n'était pas le bon. «Nous avons eu connaissance de ce rapport aujourd'hui (mercredi). Il a été immédiatement transmis à l'IGPN. Aucun élément contenu dans cette note ne permet d'affirmer ou d'infirmer l'une ou l'autre des thèses», a affirmé auprès de l'AFP le ministère de l'Intérieur.

«C'est à l'IGPN qui mène l'enquête sous l'autorité du parquet de Paris, qu'il appartient d'établir les faits. Le ministère de l'Intérieur communiquera à l'IGPN l'ensemble des documents dont il aura connaissance», a poursuivi Beauvau.

Deux vidéos sèment le doute

Diffusée mardi soir par Quotidien, une vidéo semble également montrer qu'un projectile a bien été tiré par un des policiers présents sur la place de la Bastille à quelques mètres de M. Rodrigues et avant que celui-ci ne s'écroule au sol.

Sur ces images de qualité moyenne, on voit un policier épauler ce qui ressemble à un LBD dont le canon laisse alors échapper une petite fumée. Sur une autre vidéo de meilleure qualité filmée au même moment, deux bruits sont entendus: l'explosion sourde d'une grenade puis le tir sec typique d'un LBD.

«Les vidéos diffusées hier soir par Quotidien n'attestent en aucun cas qu'un tir de LBD a été dirigé contre Monsieur Rodrigues», avait également commenté le ministère de l'Intérieur auprès de l'AFP. Ces vidéos ont été portées au dossier.

Utilisation réglementée

Mardi sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a simplement reconnu qu'il y avait eu «l'envoi d'une grenade de désencerclement» avant que M. Rodrigues ne soit blessé. «C'est le seul fait constaté», a indiqué Christophe Castaner, disant attendre «tous les éléments de l'enquête».

«Pour chacun des tirs, non seulement ils ont été filmés mais en plus ils font l'objet d'un rapport le soir. C'est l'obligation que j'ai donnée aux policiers et je sais qu'ils la respectent. S'ils ne la respectent pas ou s'ils ne l'ont pas respectée et qu'ils nous l'ont cachée, il y a une faute et ils seront sanctionnés, partout en France», avait-il ajouté.

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