L'Iran a de nouveau appelé vendredi les Etats-Unis à lever toutes les sanctions imposées par l'ex-président Donald Trump. Auparavant, l'administration du président Joe Biden avait proposé de nouveaux pourparlers.
Ces développements surviennent à la veille d'une visite à Téhéran de Rafael Grossi, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le «chien de garde nucléaire» de l'ONU chargé des inspections des installations iraniennes.
Cette visite aura lieu alors qu'expire dimanche le délai donné par le Parlement iranien qui a adopté une loi prévoyant de restreindre l'accès de l'AIEA à des installations non nucléaires, y compris de sites militaires, suspectées d'activités nucléaires, si les sanctions américaines ne sont pas levées d'ici là. La loi doit être appliquée à partir du 23 février.
Ces inspections sont prévues par l'accord international de 2015, censé encadrer le programme nucléaire iranien, accord duquel M. Trump a retiré unilatéralement les Etats-Unis en 2018. L'ancien président américain avait rétabli les sanctions américaines qui étranglent l'économie iranienne.
Après ces mesures de Donald Trump, l'Iran s'est affranchi progressivement à partir de 2019 de nombre de limites qu'il avait accepté d'imposer à son programme nucléaire en vertu de l'accord conclu en 2015 avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine).
Téhéran «annulera immédiatement» ses mesures de rétorsion si les Etats-Unis «lèvent sans condition toutes les sanctions imposées et rétablies par Trump», a tweeté le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
«Meilleure façon»
Jeudi, après une réunion virtuelle des chefs de la diplomatie française, britannique, allemande et américaine, Washington a annoncé accepter une invitation de l'Union européenne à des pourparlers avec Téhéran pour réactiver l'accord de 2015. Les pourparlers réuniraient le groupe 5+1 et permettraient d'"évoquer la meilleure façon d'avancer concernant le programme nucléaire» iranien, selon le département d'Etat.
Les Etats-Unis, qui ont fait des gestes en vue de relancer cet accord, ont mis dans le même temps en garde, avec les Européens, l'Iran contre une décision «dangereuse» de limiter les inspections internationales.
«Les Etats-Unis doivent agir: LEVEZ les sanctions. Nous répondrons», a tweeté de son côté le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. Londres et Berlin ont rapidement salué les pourparlers proposés.
L'administration de Joe Biden a fait également un autre geste à l'égard de l'Iran en annulant une proclamation unilatérale en septembre 2020 de Donald Trump sur un retour de sanctions de l'ONU contre l'Iran. Ces sanctions «restent levées», indique une lettre de l'administration Biden adressée au Conseil de sécurité de l'ONU, obtenue par l'AFP.
Cette proclamation avait été jugée en septembre sans effet par l'ensemble des autres membres du Conseil de sécurité. La Russie a déclaré que «ne plus appeler à des sanctions, c'est une bonne chose», appelant néanmoins les Etats-Unis à un retour complet à l'accord de 2015.
«Obstacles inutiles»
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé l'allègement de restrictions aux déplacements à New York des diplomates iraniens auprès de l'ONU. L'administration Trump leur imposait de se cantonner à quelques rues autour du siège de l'ONU.
Pour le département d'Etat, «l'idée est de prendre des mesures pour supprimer les obstacles inutiles à la diplomatie multilatérale en modifiant les restrictions sur les voyages intérieurs, qui ont été extrêmement restrictives».
Depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, les Etats-Unis et l'Iran se renvoient la balle, chaque pays réclamant de l'autre de faire le premier pas. Les deux pays n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980 et Donald Trump avait exercé la politique de «pression maximale» contre l'Iran accusé de soutenir le «terrorisme» et de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Joe Biden était vice-président de Barack Obama lorsque l'accord nucléaire fut conclu. L'Iran a toujours démenti chercher à se doter de l'arme atomique et l'accord prévoit une levée partielle des sanctions internationales, en échange de la garantie que l'Iran ne se doterait pas d'une telle arme.