L'Italie aux urnes L'extrême droite espère son heure arrivée

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25.9.2022 - 05:03

Plus de 50 millions d'Italiens sont appelés aux urnes dimanche pour élire leur Parlement. Sauf surprise, l'extrême droite devrait y entrer en force et, fait sans précédent, proposer le premier ministre qui succédera à Mario Draghi.

Avant même l'ouverture des bureaux de vote à 07h00, des gens faisaient la queue sous un ciel sombre, a constaté l'AFP à Rome. Le scrutin se terminera à 23h00 lorsque les premiers sondages à la sortie des urnes donneront un aperçu des résultats.

A seulement 45 ans, Giorgia Meloni, la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, crédité de près d'un quart des voix dans les derniers sondages, est la favorite pour prendre la tête d'un gouvernement de coalition au sein duquel l'extrême droite dominerait largement la droite classique.

«En Europe, ils sont tous inquiets de voir Meloni au gouvernement [...] La fête est finie. L'Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux», a-t-elle mis en garde durant sa campagne. Cette ex-fan de Mussolini, dont la devise est «Dieu, patrie, famille», a réussi à dédiaboliser son parti et catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes.

Mais la messe n'est pas dite: «imprévisibles, les élections se jouent sur l'émotion et au dernier moment», a rappelé Emiliana De Blasio, professeure de sociologie à l'université Luiss de Rome. Elle pointe le rôle-clé des indécis, estimés à 20% environ, et l'importance du taux final de participation.

Marge de manoeuvre limitée

Les scores du mouvement 5 Etoiles (M5S, ex-antisystème), crédité d'avoir institué un revenu minimum pour les plus pauvres, et du parti démocrate (PD, gauche), bien implanté localement, pourraient réserver des surprises, notamment dans le sud du pays.

Si le gouvernement issu des élections ne prendra ses fonctions qu'à la fin octobre, son chemin apparaît d'ores déjà semé d'embûches. Il devra gérer la crise causée par la flambée des prix, alors que l'Italie croule sous une dette représentant 150% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Dans ce contexte, la manne du plan européen de relance post-Covid-19 sera indispensable pour maintenir à flot la péninsule. «L'Italie ne peut pas se permettre de se priver de ces sommes d'argent», observe l'historien Marc Lazar. Il juge «très limitée la marge de manoeuvre de Meloni» sur l'économie. Elle pourrait en revanche ferrailler contre Bruxelles aux côtés de Varsovie et Budapest «sur les questions de défense de l'intérêt national par rapport aux intérêts européens».

Les experts s'accordent déjà sur la courte espérance de vie de cette coalition, dans laquelle Mme Meloni aura fort à faire pour gérer ses encombrants alliés, que ce soit Silvio Berlusconi ou le tribun antimigrants Matteo Salvini.

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