EspionnageL'Italie expulse deux fonctionnaires russes pour espionnage
ATS
31.3.2021 - 16:25
L'Italie a annoncé mercredi l'expulsion de deux fonctionnaires russes. Ces expulsions surviennent au lendemain de l'arrestation en flagrant délit d'un officier de la marine italienne qui remettait à un militaire russe des documents «classifiés» contre une somme d'argent.
Keystone-SDA
31.03.2021, 16:25
31.03.2021, 16:41
ATS
«Dans la soirée d'hier» (mardi), des gendarmes d'une unité spéciale «ont arrêté un officier de la marine militaire», ont déclaré les forces de l'ordre dans un communiqué.
L'opération «a visé un capitaine de frégate de la marine militaire et un officier accrédité auprès de l'ambassade de la Fédération de Russie, tous deux étant accusés de graves délits concernant l'espionnage et la sécurité de l'Etat», selon le communiqué.
«L'intervention a eu lieu au moment d'une rencontre clandestine entre les deux hommes, surpris en flagrant délit de remise de documents classifiés par l'officier italien en échange d'une somme d'argent», qui selon plusieurs médias italiens s'élève à 5000 euros en espèces.
Documents de l'Otan
L'officier italien a été arrêté, tandis que le militaire russe est protégé par son statut diplomatique.
Selon le Corriere della Sera, principal quotidien de la péninsule, l'officier italien arrêté, Walter Biot, faisait partie de l'état-major de la Défense et à ce titre avait accès aux documents réservés et classifiés, y compris ceux venant de l'Otan.
Il pourrait donc avoir vendu des documents sur des missions internationales de l'Alliance comme en Irak et en Afghanistan.
Le ministère italien des Affaires étrangères a convoqué mercredi l'ambassadeur de Russie à Rome, auquel «nous avons transmis la ferme protestation du gouvernement italien et notifié l'expulsion immédiate de deux fonctionnaires russes impliqués dans cette affaire très grave», a annoncé en milieu de journée le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio. L'ambassadeur russe a «regretté» cette décision.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a affirmé que la présidence russe ne «disposait d'aucune information sur les causes et les circonstances» de cette affaire. «Nous espérons que le caractère positif et constructif des relations russo-italiennes (...) sera préservé», a-t-il ajouté.
Sur un parking
Selon l'agence de presse italienne AGI citant des sources judiciaires, l'officier italien a fourni à son interlocuteur des copies de documents militaires concernant l'Italie mais aussi l'Otan, et l'échange «se serait» produit sur un parking de la capitale.
Le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab s'est dit «solidaire de l'Italie», tout en dénonçant «les activités malveillantes et déstabilisatrices de la Russie».
Cette affaire intervient sur fond de tensions dans les relations entre la Russie et l'Europe, notamment à cause de l'emprisonnement de l'opposant Alexeï Navalny et de plusieurs autres cas d'espionnage.
Moscou accuse l'Union européenne d'avoir une position «conflictuelle» à son égard, tandis que l'UE impute à la Russie la dégradation des relations, l'exhortant à des «progrès soutenus» sur les droits humains, ainsi qu'à «la cessation des cyberattaques» contre ses Etats membres.
Pas une première
Nombre de diplomates russes accusés d'espionnage ont été expulsés de pays européens ces derniers mois: Bulgarie, Pays-Bas, Autriche, France, République tchèque... A chaque fois, la Russie a réagi de manière symétrique en expulsant des diplomates européens et bien souvent en dénonçant des accusations infondées et «russophobes».
La diplomatie russe, citée par l'agence Interfax, a indiqué mercredi qu'elle communiquerait «plus tard» sur la réponse à apporter aux expulsions.
Pour Eleonora Tafuro, spécialiste de la Russie à l'Institut des études de politique internationale (ISPI) basé à Milan, même si «le Kremlin nous a habitués à des réponses basées sur le système de proportionnalité», une autre approche n'est pas exclue.
«Mettre en jeu les relations avec un des pays européens historiquement les plus proches de la Russie pourrait être contre-productif», a-t-elle déclaré à l'AFP, soulignant que «l'Italie est un pays-clé» pour Moscou, y compris dans le domaine de la lutte contre le Covid, Rome poussant fortement en faveur du vaccin russe Spoutnik.