Italie L'Italie supprime un tiers de ses élus

ATS

8.10.2019 - 18:47

Le nombre des députés italiens passera de 630 à 400 (archives).
Le nombre des députés italiens passera de 630 à 400 (archives).
Source: KEYSTONE/EPA ANSA/GIUSEPPE LAMI

Les députés italiens ont adopté mardi à une écrasante majorité une réforme constitutionnelle réduisant d'environ un tiers le nombre de parlementaires. Cette promesse électorale du Mouvement 5 Etoiles (M5S) vise à économiser 500 millions d'euros par législature.

Le projet a été approuvé par 553 voix contre 14 et deux abstentions. En vertu de cette réforme, vieille promesse du parti antisystème, le nombre d'élus passerait d'un total de 945 à 600. L'Italie a aujourd'hui le deuxième parlement le plus fourni en Europe, derrière le Royaume-Uni (environ 1400, le nombre de membres de la Chambre des Lords étant variable) et devant la France (925).

Les députés devraient voir leur nombre passer de 630 à 400, tandis celui des sénateurs baisserait de 315 à 200. Le chef du M5S Luigi Di Maio en avait fait une condition sine qua non pour une alliance avec le Parti démocrate (PD, centre gauche) après la rupture début août de la coalition gouvernementale que le M5S formait jusque-là avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini.

Selon ce mouvement bâti sur le rejet de la «vieille politique», la réduction du nombre de parlementaires doit générer une économie d'environ 500 millions d'euros par législature (cinq ans en Italie). Et permettre aux deux chambres de travailler plus efficacement. M. Di Maio argue que ces fonds peuvent être réinvestis dans les écoles, les hôpitaux et l'aide aux personnes fragiles.

Révision de la loi électorale

Jusqu'à présent opposés à cette réforme, le PD a finalement accepté de la soutenir, en posant certaines conditions, dont une révision de la loi électorale pour tenter de freiner la Ligue, premier parti d'Italie avec environ 32% d'intentions de vote. L'antidote des sociaux-démocrates serait d'injecter une bonne dose de proportionnelle.

Avec le mode de scrutin en vigueur, la Ligue, Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, et Frères d'Italie (droite post-fasciste) «pourraient enregistrer une victoire tellement importante qu'ils pourraient obtenir plus des deux tiers des sièges au Parlement», a expliqué Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et fondateur du cabinet LC Macro Advisors. «Ils pourraient modifier la Constitution sans (avoir besoin d'un) référendum».

Le vote était le quatrième et dernier sur ce sujet, après une navette entre Sénat et Chambre des députés. Comme il s'agit d'une modification de la Constitution, chaque chambre doit voter à deux reprises le même texte pour que celui-ci puisse entrer en vigueur.

«Démagogique»

La réforme n'ayant pas été adoptée à la majorité des deux tiers lors de ses précédents passages au parlement, il est toujours possible de convoquer, sous certaines conditions et dans un délai de trois mois, un référendum populaire qui aurait alors le dernier mot sur ce texte.

La plupart des partis avaient annoncé qu'ils voteraient. La réforme a donc de grandes chances d'entrer en vigueur avec la prochaine législature, au plus tard en 2023.

«Cela me semble une réforme équilibrée, d'un très bon profil», a estimé Guido Neppi Modona, ancien juge de la Cour constitutionnelle italienne. Selon lui, la réduction du nombre d'élus «va inciter les partis à choisir leurs candidats de manière particulièrement sélective, avec d'importantes qualités morales, de fiabilité et de préparation politique».

Guido Neppi Modona balaye, en revanche, l'argument d'une réduction des coûts de la politique. Il le qualifie de «démagogique». «Cette économie est minimale, une partie infinitésimale du budget de l'Etat».

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