Ukraine L'offensive russe se poursuit, les négociations aussi

ats

16.3.2022 - 18:26

Vladimir Poutine a assuré mercredi que l'invasion russe de l'Ukraine était «un succès», pendant que son homologue Volodymyr Zelensky lançait lui un nouveau vibrant appel à l'aide, en pleines négociations sur une éventuelle neutralité ukrainienne.

16.3.2022 - 18:26

L'opération militaire lancée le 24 février est «un succès», a martelé le président russe dans un discours défendant vertement l'invasion, et cela alors que l'armée russe ne peut revendiquer la prise d'aucune grande ville du pays.

La Russie ne laissera jamais l'Ukraine devenir une «tête de pont» pour des «actions agressives» contre la Russie, a-t-il ajouté.

Juste avant, le président Zelensky avait lui lancé par visioconférence un appel à l'aide vibrant devant le Congrès américain. Ovationné, il a de nouveau réclamé l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, avant de faire projeter des images des Ukrainiens sous les bombes et de rappeler aux Américains Pearl Harbor ou le 11-Septembre. «Cette terreur, l'Europe ne l'a pas vécue depuis 80 ans».

Le président américain Joe Biden a jusqu'ici rejeté une zone d'exclusion aérienne, de peur de voir les Etats-Unis et l'Otan entraînés dans un conflit qui pourrait se transformer en 3e guerre mondiale. L'Otan a réitéré mercredi formellement qu'elle ne déploiera pas de troupes ou de moyens aériens en Ukraine.

Elle prépare en revanche un renforcement substantiel de sa présence militaire dans les pays alliés sur son flanc oriental, a affirmé Jens Stoltenberg, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance.

Tués en faisant la queue

Ces déclarations des deux présidents interviennent sur fond d'intensification des frappes russes sur les villes ukrainiennes ces derniers jours, même si les avancées des forces de Moscou semblent au ralenti.

Plus de trois millions d'Ukrainiens – dont près de la moitié d'enfants – ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne.

La capitale Kiev, vidée de plus de la moitié de ses 3,5 millions d'habitants, est sous couvre-feu depuis mardi 20h00 et jusqu'à jeudi 07h00, après que plusieurs missiles avaient touché des immeubles d'habitation lundi et mardi.

Plusieurs explosions ont à nouveau été entendues à l'aube mercredi. D'épaisses colonnes de fumée noire s'élevaient peu après au-dessus de la ville, comme la veille.

Dans la ville de Tcherniguiv, au nord de Kiev, dix personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain ont été abattus mercredi par des tirs, a indiqué le parquet général ukrainien. Moscou a démenti, le porte-parole de l'armée dénonçant un acte de «propagande» du régime ukrainien, en assurant lors d'un briefing télévisé qu'"aucun militaire russe n'a été et ne se trouve à Tcherniguiv (...) et aucune offensive n'y est menée».

Marioupol sous les bombes

Plus de 500 personnes sont en outre mortes depuis le début de la guerre dans la deuxième ville du pays, Kharkiv, proche de la frontière russe, bombardée sans répit, selon les secours ukrainiens.

Des milliers de personnes restent toujours coincées sous les bombardements à Marioupol, terrées dans des caves, même si quelque 20'000 autres ont pu mardi quitter ce port stratégique sur la mer d'Azov assiégé depuis des jours, en direction de Zaporojie, à plus de 200 km au nord-ouest.

Mais cette ville refuge a pour la première fois depuis le début du conflit été visée mercredi par au moins un missile, apparemment sans faire de victime, selon le gouverneur régional. C'est dans cette région que se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe, que les Russes occupent depuis le 4 mars.

«Modèle ukrainien»

L'offensive et la détermination des deux camps n'empêchent pas la poursuite en parallèle de pourparlers, relancés lundi par visioconférence au niveau des délégations.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué mercredi que les négociateurs discutaient désormais d'"un compromis», qui ferait de l'Ukraine un pays neutre, sur le modèle de la Suède et de l'Autriche.

Sans démentir des discussions sur une neutralité, le négociateur en chef ukrainien a rejeté «un modèle suédois ou autrichien» et insisté sur des «garanties de sécurité absolues» face à la Russie, dont les signataires s'engageraient à intervenir au côté de l'Ukraine en cas d'agression.

Le président Zelensky avait estimé dans la nuit de mardi que les positions des deux camps étaient désormais «plus réalistes», tout en précisant qu'il faudrait «encore du temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine».

Il s'était dit auparavant prêt à renoncer à toute adhésion de son pays à l'Otan, un casus belli pour la Russie.

Médias bloqués

A défaut d'intervenir militairement directement, les Occidentaux continuent de fournir des armes à l'Ukraine et de durcir leurs sanctions. Mercredi, Vladimir Poutine a promis des aides financières aux particuliers et aux entreprises, qualifiant les sanctions d'un «blitzkrieg» contre la Russie.

Les autorités russes continuent en parallèle à réprimer toute opposition à la guerre.

Après l'arrestation d'une employée de la Première chaîne russe qui avait protesté contre la guerre en faisant irruption lundi soir sur le plateau du journal télévisé, les autorités ont bloqué les sites d'une trentaine de médias supplémentaires, dont le site d'investigation Bellingcat. Le site de la BBC a aussi été bloqué.

ats