CoronavirusL'OMS demande 10 millions de doses pour Covax d'ici 2 semaines
sn, ats
26.3.2021 - 17:40
Keystone-SDA, sn, ats
26.03.2021, 17:40
26.03.2021, 19:01
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) demande aux Etats de partager 10 millions de doses pour le dispositif Covax dans les deux prochaines semaines. Elle s'est aussi inquiétée vendredi à Genève d'activités criminelles autour des vaccins.
«Covax fonctionne», a dit à la presse le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Près de 33 millions de doses ont pu être acheminées dans 61 pays.
Le directeur général avait lancé le défi d'entamer la vaccination du personnel de santé et des personnes âgées contre le coronavirus dans tous les pays dans les 100 premiers jours de l'année. Au total, près de 180 Etats et territoires ont démarré, mais il reste encore plus de 35 pays qui attendent des doses.
Seize doivent recevoir des vaccins dans les deux prochaines semaines. M. Tedros appelle les Etats qui en ont suffisamment à les partager pour lancer l'immunisation de la vingtaine d'autres pays.
Même s'il admet «un choix politique difficile», le directeur général estime qu'"il y a de nombreux pays qui peuvent se permettre de donner des doses avec peu de perturbation de leurs plans de vaccination».
Divisions en augmentation
Les achats bilatéraux d'Etats, le «nationalisme vaccinal» et les tensions autour des produits ont provoqué des «distorsions», a ajouté le directeur général. Et de déplorer des retards pour l'approvisionnement de Covax liés à ces différentes composantes.
Jeudi, le président américain Joe Biden avait annoncé vouloir immuniser 200 millions d'Américains d'ici fin avril. Les divisions politiques ont elles atteint une nouvelle étape depuis quelques jours. Après les tensions entre l'UE et la Grande-Bretagne sur AastraZeneca et la menace de blocage des exportations européennes, le président français Emmanuel Macron a ciblé jeudi une «guerre mondiale» sur les vaccins, ciblant l'attitude de la Russie et la Chine.
Vendredi, l'ancien président brésilien Lula a accusé de son côté l'actuel chef de l'Etat Jair Bolsonaro du «plus grand génocide» observé dans leur pays. Sans se prononcer sur ce cas, le chef du programme d'urgence au sein de l'OMS Michael Ryan affirme que «dans la vaste majorité des cas», «les dirigeants tentent de faire de leur mieux pour leur population».
Malgré des erreurs, il serait très exagéré de considérer qu'"en général», ils ont délibérément oeuvré contre leurs citoyens. «Les dirigeants politiques sont dans une situation difficile» et doivent faire face à de nombreux facteurs, dit-il.
Mais le responsable de Covax pour l'organisation, Bruce Aylward, admet que «les prochains mois vont être difficiles» en raison de la demande de vaccins. «Nous sommes dans une guerre contre le virus» et non entre pays, selon lui.
Corruption ciblée
Autre inquiétude de l'OMS, les groupes criminels tentent de plus en plus de capitaliser sur la demande énorme de vaccins. Des ministères de la santé, des autorités de régulation et des organisations de marchés publics ont reçu des offres qualifiées de «suspectes».
M. Tedros a aussi fait part de détournements de vaccins, de réutilisations de capsules vides, de ventes de produits falsifiés sur Internet ou de corruption. L'OMS appelle la population à ne pas acheter de vaccins en dehors des dispositifs lancés par les gouvernements.
De son côté, le chef de la mission internationale sur l'origine du virus en Chine a affirmé que le rapport final devrait être finalisé dans «les prochains jours». Le contenu est prêt, mais il sera d'abord partagé avec les Etats membres, qui avaient demandé cette investigation lors de l'Assemblée mondiale de la santé, avant d'être rendu public.
Egalement vendredi, l'OMS a à nouveau appelé à vacciner rapidement les marins. Avec d'autres agences onusiennes, dont l'une avait déjà lancé cette revendication, elle demande également que le personnel de bord des compagnies aériennes soit aussi immunisé dès que possible.
Selon les estimations de janvier dernier, environ 400'000 marins étaient toujours bloqués sur leur navire, après le terme de leur contrat ou incapables d'être rapatriés, en raison des restrictions. Soit environ un employé sur cinq du transport maritime qui rassemble plus de 80% du volume du commerce mondial, selon l'ONU.