Migration L'ONG SOS Méditerranée honorée pour les sauvetages en mer

ATS

28.9.2023 - 09:06

L'ONG SOS Méditerranée, dont l'un des sièges est situé à Genève, a été récompensée jeudi du prix Right Livelihood pour ses opérations de sauvetage sur la «route migratoire la plus meurtrière du monde». Cette récompense est considérée comme un prix Nobel alternatif.

L'Ocean Viking, de l'ONG SOS Méditerranée, en janvier dernier dans le port de Marina di Carrara, en Italie.
L'Ocean Viking, de l'ONG SOS Méditerranée, en janvier dernier dans le port de Marina di Carrara, en Italie.
ATS

Keystone-SDA

La fondation suédoise a également distingué l'organisation environnementale Mother Nature Cambodia et la défenseure de l'environnement kenyanne Phyllis Omido. Elle a aussi récompensé la diplomate et médecin de formation ghanéenne Eunice Brookman-Amissah pour son engagement en faveur de l'amélioration des conditions d'avortement en Afrique.

Les quatre lauréats «ont combattu pour les droits à la santé, à la sécurité, à un environnement sain et à la démocratie», a déclaré le directeur de la fondation, Ole von Ueskull, dans un communiqué.

SOS Méditerranée est née en 2015 de la rencontre entre une humanitaire française, Sophie Beau, et un capitaine de marine marchande allemand, Klaus Vogel. Tous deux étaient ulcérés de voir l'Italie mettre fin à son vaste programme d'opérations de sauvetage de migrants qui se noient sur la route de l'Europe.

«Des niveaux plus vus depuis 2017»

Depuis, avec ses deux navires successifs, l'Aquarius à la coque orange fluo puis l'Ocean Viking, rouge et blanc, l'association porte assistance aux migrants en détresse en Méditerranée et assure leur prise en charge médicale et psychologique. Depuis le début de ses opérations, elle indique avoir secouru près de 39'000 personnes.

«L'engagement indéfectible de l'organisation a non seulement sauvé des vies mais a aussi permis de sensibiliser le grand public, les institutions européennes et les gouvernements sur les réalités de la crise humanitaire en Méditerrannée», a estimé le jury.

«Il est extrêmement important que le prix mette en avant la situation en mer des milliers de personnes qui cherchent à fuir» les conflits et les désastres, a réagi la directrice exécutive de SOS Méditerranée Suisse, Caroline Abu Sa'da. «Nous sommes à des niveaux cette année que nous n'avons pas vus depuis 2017», a-t-elle déploré.

Des milliers de personnes sont décédées en tentant de rejoindre l'Europe par la Méditerranée cette année.

Droits des femmes

La Kényane Phyllis Omido a, elle, été distinguée pour avoir défendu les droits et la santé des habitants d'Owino Uhuru, près de Monbassa, qui souffrent d'empoisonnement au plomb hérité d'une usine recyclant des batteries au plomb utilisées dans les voitures.

La fondation a récompensé l'ONG cambodgienne Mother Nature Cambodia «pour son travail aux côtés des communautés locales pour préserver la nature et les moyens de subsistance même face à une répression croissante du gouvernement contre l'activisme de la société civile».

Elle a décerné à Eunice Brookman-Amissah une récompense d'honneur pour les droits des femmes à disposer de leur corps en Afrique. Ses efforts ont permis des réformes des droits à l'avortement au Mozambique, Sierra-Leone, Bénin, Eswatini (ex-Swaziland) et une abrogation de la législation au Ghana, Zambie, Malawi, Sénégal et à Maurice.

Le prix Right Livelihood a été créé en 1980 par le Germano-Suédois Jakob von Uexhull après que la fondation Nobel a refusé sa proposition de créer deux nouveaux prix pour l'environnement et le développement.