L'ONU veut des investigations "rapides" après des indications de recours excessif à la force contre des manifestants contre le prix des carburants au Zimbabwe. Elle a appelé vendredi à Genève à la retenue et à la libération de ceux qui seraient détenus arbitrairement.
Devant la presse, une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme a appelé les autorités à "cesser la répression". Jeudi soir, une porte-parole de l'UE avait déjà demandé des investigations après les exactions des derniers jours. Elle avait dénoncé un usage "disproportionné" de la force et appelé le gouvernement à honorer les droits de l'homme et l'Etat de droit.
Depuis lundi, les manifestants dénoncent notamment l'augmentation du prix des carburants "qui affectent des ménages et des entreprises déjà appauvris" et limitent l'accès aux biens et aux prestations, selon le Haut-Commissariat. Des indications crédibles mentionnent jusqu'à seize décès, dont un policier, et de nombreux blessés.
Plus de 600 personnes ont été arrêtées, dont des dirigeants de l'opposition et de la société civile, selon les autorités qui ne reconnaissent que trois victimes. L'ONU est aussi inquiète d'accusations d'une intimidation généralisée et de harcèlement par les forces de sécurité mais aussi de restrictions à Internet qui était entièrement coupé vendredi.
Président prévu à Davos
Elle cible également certains protestataires qui ont provoqué des incendies et ont mené des pillages. Il y a quelques mois, un rapport avait déjà conclu à un usage excessif de la force contre ceux qui contestaient l'élection du président Emmerson Mnangagwa en juillet dernier.
Les manifestations avaient alors fait six victimes. Le chef de l'Etat, qui est accusé de recourir à la même attitude autoritaire que son prédécesseur controversé Robert Mugabe, est attendu la semaine prochaine au Forum économique de Davos (WEF) pour lancer un appel aux investissements.
Lundi, la grève générale avait été déclenchée par le principal syndicat du Zimbabwe (ZCTU). Le Haut-Commissariat soutient le scénario d'un dialogue national, demandé par la Commission zimbabwéenne des droits de l'homme, face aux défis économiques auxquels le pays est confronté.
Jeudi, la police et l'armée quadrillaient toujours les rues du centre de Harare et de Bulawayo (sud), les deux principales villes du pays, selon des journalistes de l'AFP. L'Association des médecins du Zimbabwe pour les droits humains (ZADHR) a le même jour précisé que ses membres avaient soigné quelque 170 blessés, dont 68 atteints par balles.
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