«Dangereuse nouvelle normalité» L'ONU appelle le monde à «se réveiller» sur les droits humains

sn, ats

9.9.2024 - 10:58

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk appelle à «se réveiller» face à la «nouvelle normalité» inquiétante sur les droits humains. Lundi à Genève, il a aussi estimé que le monde ne pouvait «laisser continuer» la guerre au Soudan.

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk est inquiet notamment de la situation en Ukraine ou au Soudan (archives).
Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk est inquiet notamment de la situation en Ukraine ou au Soudan (archives).
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Keystone-SDA, sn, ats

«Nous pouvons soit continuer sur notre voie actuelle, une dangereuse nouvelle normalité», a affirmé l'Autrichien au début de cinq semaines de travaux du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. «Ou nous pouvons nous réveiller et changer les choses pour le meilleur, pour l'humanité et pour la planète», a ajouté celui qui est à mi-mandat.

Et de dénoncer les affrontements militaires qui se multiplient, les inégalités, la désinformation, le changement climatique qui affecte les plus vulnérables, les attaques contre le multilatéralisme ou les nombreuses violations. «Cela ne peut être le monde que nous voulons», selon lui.

Parmi les nombreux pays mentionnés, M. Türk a dénoncé l'une des «pires crises humanitaires et de protection» au monde observée au Soudan. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées depuis plus d'un an dans la guerre entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Plus de 10 millions ont fui leurs habitations et plus de 25 millions ont besoin d'une assistance humanitaire. Des régions au Darfour font face à de la famine.

Appel à la Russie

Sur l'Ukraine, le Haut commissaire redoute les effets de l'hiver pour la population. Il a également déploré que son bureau n'ait pas accès au territoire russe, là où les civils ont été atteints par les frappes ukrainiennes.

Le mandat de la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Russie Mariana Katzarova devra être prolongé à la fin de la session du Conseil des droits de l'homme. Dans un rapport précédent, elle avait estimé que la répression dans ce pays était sans précédent depuis la période stalinienne.

Parmi les autres situations attendues, la mission d'établissement des faits sur le Venezuela rendra un nouveau rapport, après avoir mis en cause par le passé le président Nicolas Maduro pour crimes contre l'humanité. Celui-ci sera exploité par les Etats pour la suite à donner, alors que la communauté internationale demande aux autorités de publier tous les résultats de la récente présidentielle.

Le Proche-Orient sera à nouveau abordé. D'autant plus que le Conseil sera en réunion au moment du premier anniversaire du massacre du 7 octobre par le Hamas. Les pays musulmans devraient eux largement mentionner dans leurs discours la souffrance des civils palestiniens dans la bande de Gaza. Celle-ci est observée «chaque jour», a affirmé lundi le Haut commissaire.

Bangladesh salué

Il a à nouveau ciblé les discours de haine de responsables politiques contre les migrants, les réfugiés ou les minorités dans plusieurs pays occidentaux, notamment la France, la Hongrie ou les Etats-Unis. De même que la discrimination raciale dans de nombreux Etats.

M. Türk a encore répété ses reproches aux talibans qui cherchent à «éliminer» les femmes des activités publiques. Mais le lancement d'un mécanisme international sur l'Afghanistan de suivi par le Conseil des droits de l'homme, en plus du rapporteur spécial, est peu probable.

Le Haut commissaire a encore répété ses appels aux électeurs à choisir des responsables politiques favorables aux droits humains. Et l'Autrichien de saluer les engagements pris par les nouvelles autorités du Bangladesh où son bureau a envoyé une mission indépendante d'établissement des faits sur les abus récents lors des protestations qui ont renversé le précédent gouvernement.

Le Conseil a observé une minute de silence après le décès de l'ambassadrice péruvienne à l'ONU à Genève Ana Cecilia Gervasi. Celle-ci avait auparavant été ministre des Affaires étrangères.

Cette session est la dernière avant que la Suisse, qui ne peut voter actuellement au Conseil, redevienne membre de celui-ci. Elle sera élue en octobre pour la période 2025 à 2027 par l'Assemblée générale de l'ONU. Et elle veut aussi présider l'année prochaine ce Conseil à Genève.