Soudan L'ONU parle de six camions d'aide vers le Darfour pillés

sn, ats

3.5.2023 - 13:52

Le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths a déploré le pillage mercredi de six camions d'aide qui se dirigeaient vers le Darfour, au Soudan. Il a appelé à garantir la sécurité pour l'acheminement d'aide. Et veut un «tête-à-tête» avec les généraux.

Le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths est au Soudan pour demander des garanties de sécurité pour l'acheminement de l'aide (archives).
Le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths est au Soudan pour demander des garanties de sécurité pour l'acheminement de l'aide (archives).
KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Keystone-SDA, sn, ats

«Je suis confiant sur le fait que les organisations humanitaires restent et réussissent» à faire leur travail, a dit à la presse à Genève depuis Port-Soudan le secrétaire général adjoint, arrivé le même jour dans le pays. Mais «nous devons être sûrs d'avoir un engagement» des parties à pouvoir garantir en toute sécurité un acheminement de l'aide.

Or, malgré des promesses, plusieurs camions du Programme alimentaire mondial (PAM) qui se dirigeaient vers le Darfour ont été pillés. D'autres violations similaires ont été observées ces dernières semaines.

Il faut que les humanitaires puissent se déplacer librement. Des difficultés bureaucratiques doivent aussi être levées, affirme M. Griffiths. Pour le moment, l'assistance qui arrive se limite à des cargaisons notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de Médecins Sans Frontières (MSF).

Appel pour plusieurs accords

«Nous avons clairement un plan pour déployer du personnel» à Khartoum et dans d'autres régions du pays affectées par les violences, insiste le chef des affaires humanitaires de l'ONU. De même que pour acheminer de l'approvisionnement en nourriture, en eau ou en médicaments. Mais il faut des garanties de sécurité, notamment pour faire entrer du matériel depuis le Tchad.

Le dialogue avec les parties a déjà démarré. Mais il doit s'intensifier dans les prochains jours, selon M. Griffiths. Il faut des accords avec les dirigeants des deux parties, mais aussi «des arrangements locaux».

Il veut désormais que l'ONU puisse avoir un «tête-à-tête» séparé avec le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui s'opposent depuis trois semaines. Ce dialogue doit avoir lieu «dès que possible pour leur expliquer nos exigences», ajoute-t-il.

Centaines de victimes au moins

Il faut qu'«il soit clair pour eux et pour nous, quels types d'arrangements nous pouvons obtenir de manière réaliste et ce qu'ils peuvent attendre de manière réaliste de nous comme soutien humanitaire». Mais pour le moment, M. Griffiths admet que la question sécuritaire, plutôt que celle de l'humanitaire, est davantage une préoccupation des parties.

Malgré une possible trêve qui pourrait être arrachée par les autorités sud-soudanaises, il se dit convaincu que les déplacements de populations vont se poursuivre. «Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de personnes cherchant davantage de sécurité au Soudan et dans les pays voisins».

Plus de 330'000 personnes sont déplacées internes après trois semaines de violences. Plus de 100'000 ont elles rejoint d'autres pays de la région. Et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé que jusqu'à 800'000 personnes pourraient fuir le Soudan. Les affrontements ont fait plusieurs centaines de victimes et des milliers de blessés, des chiffres probablement sous-estimés.