«Conséquences catastrophiques»L'ONU s'alarme de la suspension de financements de l'Unrwa
ATS
31.1.2024 - 07:02
La suspension par plusieurs pays de leurs financements à l'Unrwa, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, aura des «conséquences catastrophiques» pour la bande de Gaza, ont alerté mercredi les chefs de plusieurs organisations de l'ONU. Ils s'exprimaient sur fond d'accusations israéliennes.
Keystone-SDA
31.01.2024, 07:02
ATS
«Le retrait des fonds à l'Unrwa est périlleux et entraînerait l'effondrement du système humanitaire à Gaza, ce qui aurait des conséquences considérables», ont mis en garde des chefs de plusieurs agences de l'ONU.
Dans la bande de Gaza, territoire palestinien totalement assiégé par Israël et en proie à une crise humanitaire majeure, des quartiers entiers ont été détruits par les bombardements qui ont poussé 1,7 million des 2,4 millions d'habitants à fuir leur foyer, selon l'ONU.
Mais les opérations d'aide aux civils de l'Unrwa sont depuis le week-end dernier menacées après qu'Israël a accusé 12 de ses 30'000 employés régionaux d'implication dans l'attaque sanglante du 7 octobre menée par le mouvement palestinien Hamas.
Accusations «effroyables»
Ces accusations sont «effroyables», ont affirmé les chefs onusiens dans un communiqué conjoint. «Cependant, nous ne devons pas empêcher une organisation entière de remplir sa mission qui est de servir les personnes qui en ont désespérément besoin».
Parmi les signataires, figurent Martin Griffiths (coordinateur des affaires humanitaires), Volker Türk (Haut-Commissaire aux droits de l'homme,OHCHR), Achim Steiner (Programme des Nations unies pour le développement, PNUD), Cindy McCain (Programme alimentaire mondial, PAM) ou encore Tedros Adhanom Ghebreyesus (Organisation mondiale de la santé, OMS).
Le gouvernement israélien a accusé mardi l'Unrwa d'être «fondamentalement compromise», en laissant notamment le Hamas «utiliser ses infrastructures» pour mener ses activités militaires et «cacher des terroristes».
«Irremplaçable»
L'agence a aussi «embauché massivement des terroristes» parmi ses 13'000 employés à Gaza, a affirmé le porte-parole du gouvernement Eylon Levy, dans une vidéo. «Environ 10%» des employés sont des membres du Hamas et du Djihad islamique», l'autre important mouvement islamiste à Gaza, et «environ 50% sont parents au premier degré de ces membres», a-t-il ajouté.
Il n'a pas avancé de preuves pour étayer ces accusations, que l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier. Ces accusations sont intervenues peu après une décision de la Cour internationale de Justice demandant à Israël d'empêcher d'éventuels actes de «génocide» et de «prendre des mesures immédiates» pour l'aide humanitaire à Gaza.
Après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour Gaza, Sigrid Kaag, a déclaré à la presse qu'aucune organisation n'était «capable de remplacer ou de se substituer à la capacité énorme et au tissu de l'Unrwa». Douze pays ont annoncé la suspension de leur aide à l'Unrwa, dont les principaux soutiens d'Israël (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne) mais aussi le Japon.
«Perspectives très sombres»
«Sans ce financement, les perspectives pour l'Unrwa et les millions de gens qu'elle aide sont très sombres», a dit lundi le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric. L'Unrwa a licencié la plupart des salariés concernés et promis une enquête. «N'importe quel employé impliqué dans un acte de terreur sera tenu pour responsable», a assuré Stéphane Dujarric.
A Washington, la diplomatie américaine a jugé d'autant plus «importante» dans ce contexte une enquête approfondie et que des mesures soient prises «pour que ce genre de choses ne se reproduise plus». Alliés d'Israël, les Etats-Unis, également le principal bailleur de fonds de l'Unrwa, ont reconnu que le travail de l'agence était «crucial».
«Il n'y a pas d'autre acteur humanitaire à Gaza qui puisse fournir de la nourriture, de l'eau et des médicaments à la même échelle que l'Unrwa», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller. Selon lui, les Etats-Unis ont débloqué «121 millions de dollars» pour l'Unrwa depuis le début de l'année fiscale (au 1er octobre) et suspendu vendredi un prochain versement de 300'000 dollars. Washington dégage, a-t-il précisé, entre «300 à 400 millions de dollars par an» pour l'Unrwa.