Birmanie L'ONU très inquiète pour environ 200 manifestants encerclés

sn

8.3.2021 - 19:18

Trois manifestants opposés à la junte ont été tués lundi en Birmanie. Des dizaines étaient encerclés depuis la tombée de la nuit par les forces de sécurité dans un quartier de Rangoun, suscitant les craintes de la communauté internationale.

L'ONU est «très inquiète» pour quelque 200 manifestants pacifiques encerclés par les forces de sécurité à Rangoun. 
L'ONU est «très inquiète» pour quelque 200 manifestants pacifiques encerclés par les forces de sécurité à Rangoun. 
KEYSTONE/EPA/NYEIN CHAN NAING

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L'ONU est «très inquiète» pour quelque 200 manifestants pacifiques encerclés par les forces de sécurité à Rangoun. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a appelé depuis Genève la police à laisser ces personnes partir sans représailles.

Des femmes se trouvent parmi ces manifestants. Ces personnes pourraient être menacées d'arrestations ou d'exactions, a mis en garde sur les réseaux sociaux le Haut-Commissariat.

Des détonations

Les contestataires sont acculés dans le quartier de Sanchaung où de nombreux rassemblements ont eu lieu ces derniers jours. Des détonations ont été entendues à plusieurs reprises, d'après des journalistes de l'AFP. Des habitants de Rangoun sont descendus dans la rue, défiant le couvre feu, et ont scandé : «Libérez les étudiants de SanChaung !».

La représentation de l'Union européenne en Birmanie a exhorté les forces de sécurité à autoriser les manifestants à «quitter la zone et à rentrer chez eux en sécurité». L'ambassade des Etats-Unis a lancé un appel similaire.

Plus tôt dans la journée, trois manifestants ont été tués et plusieurs blessés. Des images diffusées de Myitkyina (centre) sur les réseaux sociaux ont montré des contestataires inanimés et couverts de sang, l'un d'entre eux gisant face contre terre, une partie du crâne arrachée.

Une religieuse catholique en habit blanc, s'est mise à genoux dans la rue, suppliant la police de ne pas tirer.

Les médias ciblés

Les médias sont de plus en plus ciblés. Les forces de sécurité ont effectué un raid contre l'agence de presse Myanmar Now, emportant des ordinateurs, des serveurs de données et une imprimante, a déclaré à l'AFP son rédacteur en chef Swe Win.

La licence de publication de ce média a ensuite été révoquée sur ordre du ministère de l'Information qui a fait de même pour d'autres organes de presse indépendants (Mizzima, DVB, Khit Thit et 7 Day), a annoncé la chaîne de télévision d'Etat MRTV.

La mobilisation contre la junte s'est poursuivie ce lundi fonctionnaires, agriculteurs et salariés du privé étant descendus en nombre dans les rues, en réponse à l'appel des principaux syndicats à intensifier la grève générale pour paralyser le pays et faire pression sur les militaires.

Appels à la grève

Des usines de textile, un secteur en plein essor avant le coup d'Etat, des magasins et les banques sont restés fermés. La junte a pour sa part mis en garde les fonctionnaires : ceux qui n'auront pas repris le travail à partir de lundi seront licenciés.

Les appels à la grève, lancés dès les premières heures qui ont suivi le putsch, ont déjà eu un impact important sur de nombreux secteurs économiques avec des bureaux ministériels vides et des banques dans l'incapacité de fonctionner.

De nombreuses Birmanes ont rejoint les défilés, agitant des longyis (vêtements traditionnels féminins) pour célébrer la journée internationale des femmes.