Venezuela L'opposant à Maduro perd son immunité

ATS

3.4.2019 - 04:57

Juan Guaido, président du Parlement vénézuélien, est reconnu par une cinquantaine d'Etats comme le président ad interim du Venezuela (archives).
Juan Guaido, président du Parlement vénézuélien, est reconnu par une cinquantaine d'Etats comme le président ad interim du Venezuela (archives).
Source: KEYSTONE/AP/FERNANDO LLANO

L'assemblée constituante vénézuélienne a approuvé mardi la levée de l'immunité parlementaire de l'opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim par plus de 50 pays. Cette mesure permet la poursuite de la procédure pénale engagée à son encontre.

D'un vote à main levée, l'assemblée constituante, acquise au chef de l'Etat Nicolás Maduro, a approuvé à l'unanimité la «poursuite de la procédure pénale» lancée contre Juan Guaido, député de centre droit et président du Parlement, par la Cour suprême, a annoncé son président, Diosdado Cabello. «Nous agissons en conformité avec la constitution», a-t-il assuré.

«Rien ne nous arrêtera», a répondu Juan Guaido, dans une allocution devant ses partisans et des journalistes, peu après l'annonce de la mesure prise à son encontre. «Le peuple est déterminé», a-t-il dit, ajoutant qu'il n'y avait «aucune marche arrière dans ce processus».

Interdiction de sortie du territoire

L'assemblée constituante remplace dans les faits le Parlement, seul organisme contrôlé par l'opposition et que préside Juan Guaido. La demande de levée de l'immunité parlementaire de Juan Guaido, qui s'est déclaré président par intérim le 23 janvier, avait été adressée par la cour suprême à la constituante lundi.

Il lui est reproché de ne pas avoir respecté une interdiction de sortie du territoire. M. Guaido avait bravé cette décision prise le 29 janvier par la cour suprême en quittant clandestinement le pays pour effectuer une tournée en Colombie, au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur, de fin février à début mars.

«Parfois, la loi tarde, mais, dans ce cas-ci, elle arrive», a lancé Diosdado Cabello à l'issue du vote de la constituante mardi soir. Tant la cour suprême que l'assemblée constituante sont jugées comme acquises au pouvoir en place par l'opposition, tous leurs membres ayant été désignés par le chavisme, du nom du défunt président Hugo Chávez (1999-2013).

Si la décision de l'assemblée constituante pourrait, en théorie, aboutir à la présentation devant la justice ordinaire de Juan Guaido, il est difficile d'anticiper ses conséquences concrètes dans ce pays, où personne ne reconnaît la légitimité de personne.

«C'est l'inquisition»

Plus tôt mardi, ce dernier avait dit sa crainte d'être arrêté dans les prochains jours, dans le cas où son immunité parlementaire serait effectivement levée. «Ils peuvent essayer de m'enlever», avait-il déclaré à des journalistes au sujet du pouvoir en place.

«Vous savez comment agit le régime. Ce n'est même plus de la persécution. C'est l'inquisition», avait estimé l'opposant de 35 ans, qui ne reconnaît pas la sanction de la plus haute juridiction vénézuélienne.

Les Etats-Unis ont déjà mis en garde Caracas à plusieurs reprises contre toutes représailles à l'encontre de celui qu'ils considèrent comme le chef de l'Etat légitime du Venezuela.

Plus d'une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis l'ont reconnu comme tel, estimant illégitime le deuxième mandat de Nicolás Maduro après des élections considérées comme frauduleuses. M. Maduro, qui dénonce une tentative de coup d'Etat orchestrée par l'opposition avec le soutien de Washington, est soutenu par la Russie et la Chine.

Pannes et pénuries

Ce rebondissement intervient dans un contexte économique et social très tendu au Venezuela, pays de 30 millions d'habitants, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde.

Le Venezuela a vécu sa pire panne d'électricité au début du mois de mars. Et depuis huit jours des pannes de courant intermittentes le plongent dans le noir à intervalles réguliers et créent de graves problèmes de distribution d'eau.

Ces coupures sont dues à des «attaques terroristes» dans le cadre d'une «guerre électrique déclenchée pour rendre fou le pays», affirme le président Maduro. L'opposition et des experts du secteur estiment que ces coupures de courant sont dues au manque d'investissements dans les infrastructures.

Outre les coupures d'électricité, le Venezuela souffre de graves pénuries de toutes sortes, que Nicolás Maduro attribue aux sanctions financières imposées par Washington.

Les images du jour

Retour à la page d'accueil