Élections présidentielles L'opposition angolaise conteste les résultats préliminaires

ATS

26.8.2022 - 21:12

Le candidat de l'opposition en Angola a dit vendredi contester les résultats préliminaires des élections législatives qui doivent décider du prochain président et donnent jusqu'ici l'avance, avec un dépouillement quasi complet, au parti au pouvoir.

Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche de remporter un second mandat.
Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche de remporter un second mandat.
ATS

Keystone-SDA

Selon les derniers résultats officiels publiés jeudi soir par la commission électorale, avec plus de 97% des votes exprimés comptabilisés, l'ancien tout-puissant parti unique, le MPLA, est en tête avec 51,07%. Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche de remporter un second mandat.

L'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), premier parti d'opposition, rassemble pour l'instant 44,05%.

«L'Unita ne reconnaît pas les résultats provisoires divulgués par la commission électorale», a déclaré le leader de l'Unita, Adalberto Costa Junior, lors d'une conférence de presse à Luanda. «Le MPLA n'a pas gagné les élections».

En Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie chef d'Etat.

Les résultats du précédent scrutin en 2017 avaient déjà été contestés. Le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) avait finalement été déclaré vainqueur avec 61% des voix.

Avec la mainmise du parti au pouvoir sur le processus électoral et les médias publics, l'opposition et une partie de l'opinion publique avaient exprimé des craintes de fraudes avant le scrutin.

Les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté de développement de l'Afrique australe ont exprimé vendredi leurs «préoccupations» notamment à propos des listes électorales.

Il s'agit des élections les plus serrées de l'histoire du pays, dirigé par le MPLA depuis son indépendance du Portugal en 1975.

«Majorité confortable»

«Selon les premiers résultats, nous avons une majorité confortable», a déclaré plus tôt dans la journée à la presse le porte-parole du parti au pouvoir, Rui Falcao. Mais si ces résultats sont confirmés, il s'agirait du score le plus bas jamais enregistré par le parti.

Celui-ci perd déjà la majorité des deux tiers au Parlement, qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans soutien d'un autre parti, avec pour l'instant 124 sièges sur 220.

Quelque 14,4 millions d'électeurs étaient appelés à voter mercredi. Huit partis sont en lice. Sur la promesse de mener des réformes, lutter contre la pauvreté et enrayer la corruption, l'opposition, qui s'est alliée à d'autres partis pour élargir sa base a gagné du terrain.

Adalberto Costa Junior, 60 ans, séduit la jeunesse, une part grandissante de l'électorat. Une nouvelle génération rejette l'héritage controversé de l'ancien homme fort à la tête du pays pendant 38 ans, José Eduardo dos Santos.

L'ex chef d'Etat (1979-2017) est accusé d'avoir pillé les richesses du pays au profit de sa famille et ses proches. Il est mort le 8 juillet à 79 ans, à Barcelone. Il doit être enterré dimanche à Luanda.

«Gangrène»

«Sous le régime du président Dos Santos, le peuple s'est appauvri», dénonce auprès de l'AFP, Gilson Leopoldo, un comptable de 26 ans de Luanda. Il dit avoir voté Unita «pour mettre fin au cercle vicieux de la corruption qui gangrène le pays».

Dos Santos a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent avec le Nigeria. Mais il a utilisé cette manne pour s'enrichir tandis que son pays restait l'un des plus pauvres de la planète.

Contrôlant les institutions, il a verrouillé les médias et maté toute contestation. Devenu l'un des chefs d'Etat africains à la plus grande longévité, il s'est imposé hors des frontières comme un pilier politique dans la région.

Pur produit du parti, Joao Lourenço lui a succédé avec l'étiquette de dauphin. Mais il a surpris en s'affranchissant du système. Il a lancé une vigoureuse campagne anticorruption et mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir l'économie de sa dépendance au pétrole.

Mais beaucoup jugent que cette campagne anticorruption, qui a alimenté les divisions au sein du parti, s'est réduite à une chasse aux sorcières contre le clan dos Santos. Et pour une grande partie des 33 millions d'Angolais, les promesses n'ont pas été tenues. Près de la moitié d'entre eux vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour en 2020.