Arménie AzerbaïdjanL'opposition arménienne se mobilise contre l'accord sur le Karabakh
SDA
11.11.2020 - 15:30
L'opposition arménienne tentait de mobiliser mercredi contre le Premier ministre Nikol Pachinian. Elle l'accuse d'avoir trahi son pays en signant l'arrêt des hostilités au Nagorny Karabakh et en acceptant la rétrocession de territoires à l'ennemi azerbaïdjanais.
Parallèlement, les premiers soldats de la paix russes ont été déployés dans la zone du conflit, aux abords de la zone encore sous contrôle arménien en Azerbaïdjan, à l'issue de six semaines de combats meurtriers, les plus graves depuis la guerre des années 1990.
Entre 2000 et 3000 sympathisants de l'opposition se sont rassemblés à la mi-journée à Erevan, a constaté l'AFP. Plusieurs d'entre eux, dont le chef du parti Arménie prospère, ont été arrêtés au début de la manifestation, avant que la police ne laisse finalement le rassemblement se poursuivre malgré son interdiction du fait de la loi martiale en vigueur dans le pays.
«Vous ne pourrez pas arrêter tout le pays», a crié au mégaphone un député d'Arménie Prospère, Arman Abovian, tandis que la foule scandait des slogans hostile au Premier ministre, accusé de capitulation.
«Ils sont complices des Turcs, ne les soutenez pas», a lancé Arthur Vanetsian, un ancien chef des services de renseignements, en référence à la Turquie, ennemi ancestral et allié de l'Azerbaïdjan.
Pachinian se défend
Après six semaines de combats meurtriers pour la région indépendantiste du Nagorny Karabakh, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont signé mardi un accord de fin des hostilités sous l'égide de Moscou, les forces arméniennes étant au bord de la débâcle.
Cet accord consacre d'importantes victoires militaires azerbaïdjanaises dans cette région montagneuse du Caucase, après des combats qui selon un bilan très partiel ont fait quelque 1500 morts.
Jugé responsable de cette défaite humiliante par l'opposition, M. Pachinian a défendu mercredi sa décision. Il a soutenu que signer la cessation des hostilités avait été le seul moyen de préserver la survie de la république autoproclamée du Nagorny Karabakh, même si celle-ci est affaiblie et amoindrie.
«Nous avons gardé ce que nous n'aurions pas pu conserver» en cas de poursuite des combats, a-t-il affirmé dans une vidéo publiée sur Facebook.
Peu après l'annonce de l'accord, des centaines de manifestants en colère avaient investi mardi le siège du gouvernement et du Parlement, brisant des vitres et saccageant des bureaux.
Territoires conquis
A l'inverse, la nouvelle a déclenché des scènes de joie en Azerbaïdjan. Le président Ilham Aliev s'est réjoui de la «capitulation» arménienne.
L'accord de fin des hostilités prévoit notamment la rétrocession à Bakou de sept districts azerbaïdjanais, sorte de glacis de sécurité entourant le Nagorny Karabakh, et le déploiement d'une force de maintien de la paix russe. L'Azerbaïdjan a aussi conquis des territoires dans le nord et le sud de la république sécessionniste.
Les terres restant sous contrôle arménien ne seront reliées à l'Arménie que par le corridor de Latchin, une bande de terre de 5 km de large dont la sécurité sera garantie par Moscou.
Soldats russes déployés
C'est là que les premiers soldats de la paix russes ont été déployés mercredi, sécurisant cette route vitale pour le Nagorny Karabakh. Quelque 400 des 1960 soldats russes qui doivent être déployés ces prochains jours sont arrivés en Arménie, a ajouté le général russe Sergueï Roudski.
Avec cet accord, le président russe Vladimir Poutine a conforté sa position dans le Caucase du Sud. Il a renforcé la dépendance de l'Arménie à l'égard de la Russie et déployé pour la première fois des troupes en territoire azerbaïdjanais.
La Turquie a aussi gagné en influence, et devra jouer un rôle dans l'observation de l'application du cessez-le-feu. L'accord signé en début de semaine ne prévoit cependant aucun mécanisme de règlement durable de la question du Karabakh, qui empoisonne la région depuis la chute de l'URSS.
«Ce sera à Moscou de négocier une plan et une gouvernance viable» avec les deux camps, relève le centre d'analyses International Crisis Group.
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