L'opposition syrienne en exil, proche de la Turquie, a appelé dimanche les Etats-Unis à s'assurer que leur départ du nord de la Syrie ne débouche pas sur un retour du régime de Bachar al-Assad dans les zones encore aux mains des Kurdes.
"Un retrait américain non coordonné risque de laisser un vide qui serait comblé par Daech ou le régime syrien et les milices iraniennes", a prévenu le chef de l'opposition en exil Nasr al-Hariri sur son compte Twitter, utilisant un acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI).
"C'est pourquoi nous appuyons fortement l'idée d'un retrait progressif en coopération totale avec l''armée nationale' et la Turquie (...) pour éviter ces scénarios dangereux", a-t-il ajouté. L'"armée nationale" est une coalition de factions opposées au régime syrien et alliées de la Turquie dans le Nord syrien.
Elle a notamment participé aux côtés des forces turques à la conquête début 2018 de la région d'Afrine, l'un des trois cantons de la région fédérale autoproclamée par les Kurdes en 2016.
Nouvelle offensive turque?
Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace désormais de mener une nouvelle offensive contre les forces kurdes positionnées à l'est de l'Euphrate, ce qui permettrait à Ankara d'étendre sa zone d'influence vers le nord-est.
La Turquie redoute de voir s'instaurer un embryon d'Etat kurde à ses portes, au risque de renforcer les velléités séparatistes de la minorité kurde sur son sol.
"Il est possible de renforcer le rôle des forces de la révolution et de l'opposition syrienne en parallèle avec celui de la Turquie (...) dans le nord-est de la Syrie", a encore dit M. Hariri, en référence aux zones contrôlées par les forces kurdes.
Selon lui, les forces du régime et les combattants iraniens tentent d'"exploiter les (derniers) rebondissements (annonce du retrait américain) pour réaliser de plus grands gains" territoriaux.
Possible rapprochement
Ces craintes sont attisées par un possible rapprochement entre les forces kurdes, qui étaient jusqu'à présent soutenues par la coalition anti-jihadistes menée par Washington, et Damas. Face au départ des Etats-Unis, les Kurdes pourraient en effet se rapprocher du pouvoir pour se prémunir contre une nouvelle offensive turque et tenter de préserver une relative autonomie.
Selon M. Hariri, l'administration américaine a informé l'opposition d'un plan de retrait "rapide" des troupes américaines. Les Kurdes craignent qu'un départ hâtif des quelque 2000 soldats américains stationnés dans le Nord syrien n'ouvre la voie à une nouvelle offensive turque.
Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans, avec l'implication de nombreux acteurs. Elle a fait plus de 360'000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes.
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