Manifestations au Kosovo L'Otan annonce des forces supplémentaires après des heurts

hl

30.5.2023 - 10:51

L'Otan a annoncé l'envoi de nouvelles forces au Kosovo, où des manifestants serbes étaient rassemblés mardi devant une municipalité du nord du territoire, théâtre la veille de heurts. Ceux-ci ont fait environ 80 blessés.

Des soldats placent des barrières pour protéger la mairie de Zvecan.
Des soldats placent des barrières pour protéger la mairie de Zvecan.
ATS

Keystone-SDA, hl

Parmi ces blessés, une cinquantaine sont des soldats internationaux et une trentaine sont issus des rangs des protestataires.

«Le déploiement de forces supplémentaires de l'Otan au Kosovo est une mesure de prudence pour s'assurer que la Kfor (la force emmenée par l'Alliance dans l'ex-province serbe) dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité», a déclaré l'amiral Stuart B. Munsch dans un communiqué publié à Naples, en Italie.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné des attaques «inacceptables» lors d'une conférence de presse à Oslo.

L'Union européenne (UE), qui fait office de médiateur entre les deux anciens ennemis depuis plus d'une décennie, a appelé Serbes et Kosovars à «désamorcer les tensions immédiatement et sans condition».

La situation est volatile depuis plusieurs jours dans le nord du Kovoso, où vit une importante minorité serbe.

Les centaines de manifestants serbes qui s'étaient rassemblés mardi devant la mairie de Zvecan ont quitté les lieux, mais ont promis d'y revenir dès le lendemain matin, rapporte une correspondante de l'AFP.

Ire serbe

Après les violents heurts de lundi, des soldats de la Kfor en tenue anti-émeutes avaient placé une barrière métallique autour du bâtiment municipal pour empêcher les manifestants d'y accéder.

Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l'ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du nord du Kosovo, étaient également sur place.

Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces villes, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%.

Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le Premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d'Albanais, malgré les appels à la retenue lancés par l'UE et les Etats-Unis.

La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais.

Les relations entre Belgrade et Pristina vont de crise en crise.

Quelque 120'000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 million d'habitants. Environ un tiers d'entre eux habitent dans le nord du Kosovo.

Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés «illégitimes» tout comme celui de la police kosovare. Ils demandent aussi la libération de deux manifestants arrêtés par les forces de l'ordre kosovares.

Le DFAE condamne, pas de Suisse blessé

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) condamne fermement les heurts de manifestants serbes au Nord du Kosovo contre des soldats de la Kfor. Dans un tweet, il en appelle au retour au calme.

Il n'y a pas de militaires suisses parmi les soldats blessés de la Kfor», a indiqué à Keystone-ATS le Département fédéral de la défense (DDPS).

Les soldats qui se trouvaient sur place lors des événements de Zvecan font partie du Kosovo Tactical Reserve Battalion (KTRBN), qui est notamment chargé de disperser les rassemblements de personnes. La Suisse n'assume pas de tâches qui relèvent de ce domaine, a précisé le DDPS. Par conséquent, aucun membre de la Swisscoy n'était présent à Zvecan, a-t-il ajouté.

La Kfor, la Swisscoy et le centre de compétences Swissint de Stans-Oberdorf, où les membres de la Swisscoy suivent une formation intensive avant leur séjour, évaluent en permanence la situation sécuritaire au Kosovo.

La Kfor a été constituée en tant que formation militaire internationale en 1999 après la fin de la guerre au Kosovo. Ces troupes sont sous l'égide de l'Otan. L'armée suisse y est engagée depuis le début via la Swisscoy. Celle-ci comptait un effectif de 195 soldats au début de l'année. Son mandat court jusqu'à fin 2023.

Appel de l'UE

Face à cette énième crise entre les deux anciens ennemis, l'UE a appelé Serbes comme Kosovars à «désamorcer les tensions immédiatement et sans condition». Paris a demandé aux «parties, en particulier le gouvernement du Kosovo, à prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour réduire les tensions».

Le président serbe a rencontré mardi à Belgrade les ambassadeurs de la Quinte, cinq puissances membres de l'Otan qui observent de près les Balkans occidentaux, mais annoncé qu'il allait aussi s'entretenir avec les représentants de la Russie et de la Chine.

En attendant, Moscou a demandé à l'Occident à «enfin mettre fin à sa propagande mensongère et à arrêter de rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes poussés au désespoir».